Dagnaud mise toujours sur la pulvé confinée
Pionnier sur le marché des pulvérisateurs viticoles avec panneaux de récupération, le constructeur charentais-maritime profite de l’engouement que connaissent ces modèles plus écologiques.
S’agit-il du flair, ou de la chance ? Toujours est-il que le choix fait par Jacques Dagnaud de se lancer sur le marché des pulvérisateurs, pour traiter les maladies du bois, a changé le destin de sa société. Dès l’origine, il fait le choix d’une technologie atypique : des pulvérisateurs avec panneaux de confinement. Il dépose même un brevet sur la pulvé confinée. C’était en 1975, bien avant que les préoccupations environnementales n’arrivent sur le devant de la scène. Depuis, l’entreprise s’est transformée : rachetée en 1996 par Frédéric Dugué et Patrick Guillory, elle a vu ses locaux grandir, en 2005 puis en 2015, toujours sur le site initial de Montils, où sont aujourd’hui employés 24 salariés. Mais le cœur du métier est resté le même, avec un espace de vente, un atelier de réparation et une usine qui fabrique les fameux pulvérisateurs, ainsi que de nombreux modèles d’enfonce-pieux (également utilisés dans l’arboriculture, voire parfois en mer, pour l’installation des bouchots).
« À l’époque, personne n’en faisait »
Bien sûr, les technologies ont évolué. Les dernières générations de pulvérisateurs à panneaux n’ont plus grand-chose à voir avec leurs ancêtres. En 2001, l’introduction de nouvelles normes conduit à l’apparition de systèmes de repompage, pour les excédents de bouillie, et à l’apparition d’une voûte sur les panneaux pour éviter l’effet cheminée qui dispersait à la verticale les produits. Autant d’innovations qui devaient permettre à la société de consolider son positionnement sur le marché de la pulvé confinée. « À l’époque, personne n’en faisait », se souvient Patrick Guillory. En 2009, Dagnaud dévoile un nouveau modèle, Turbipano, équipé d’une turbine en bas des panneaux de confinement pour pouvoir modifier la trajectoire des produits, administrés non plus à l’horizontale mais par en-dessous, pour un maximum d’efficacité dans l’application. La gamme coexiste aujourd’hui à côté des classiques Pulpano, et se trouve disponible en modèle traîné ou porté. Quelques pièces sont bien importées, mais l’ensemble de la conception et de l’assemblage se font au sein de l’usine. « Nous sommes deux ingénieurs à travailler sur la conception des produits, explique Anthony Dugué, le fils de Frédéric. Tout est élaboré en CAO (conception assistée par ordinateur). » Les modèles sont ensuite assemblés étape par étape au sein des deux ateliers, où les pièces de métal brut, les cuves et les panneaux plastiques deviennent des machines de pointe arborant les couleurs caractéristiques de la marque, le jaune et le vert.
Le marché charentais porteur
Ces dix dernières années, d’autres constructeurs se sont lancés à leur tour dans ces modèles où « vous n’avez absolument rien qui tombe par terre ou qui part en dérive », selon Patrick Guillory. Cette nouvelle concurrence n’a pas entamé la bonne forme du constructeur de Montils, qui demeure l’un des plus gros acteurs de ce marché en France, voire à l’international : des ventes se font régulièrement au Portugal, en Espagne, dans d’autres pays d’Europe voire plus loin encore, à l’instar de la Nouvelle-Zélande ou de l’Amérique du Sud. « On a reçu des clients japonais qui voulaient acheter nos machines, des clients chinois aussi », indique Patrick Guillory. Ces exportations rendent le constructeur moins dépendant du marché charentais, même si celui-ci, actuellement porteur, reste un débouché important. C’est pour soigner l’image auprès de ces visiteurs que le bâtiment d’accueil a été entièrement reconstruit, en 2016, avec un nouveau hall d’exposition et une salle de réunion qui accueille aussi, depuis octobre dernier, les rassemblements locaux des adhérents Scar.
Dagnaud a en effet rejoint le réseau Scar il y a cinq ans, d’abord comme fournisseur puis comme revendeur lors de la fermeture du point de vente de Pons. « On ne fabrique pas de herses rotatives ou d’interceps, explique Patrick Guillory. On revend donc des machines de confrères d’autres marques. » Une activité supplémentaire pour soutenir celle, florissante, de l’entreprise ; le chiffre d’affaires, sur la campagne tout juste achevée, est en croissance d’environ 30 %. Les carnets de commande ne désemplissent pas. Cette bonne santé, « c’est surtout dû à la pulvé en panneau confiné », confirme Patrick Guillory. Preuve que l’entreprise a misé sur le bon cœur de métier.