Dans le marais de Brouage, des éleveurs maillons indispensables de la biodiversité
La visite du vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine Nicolas Thierry à la tour de Broue a été l’occasion de rappeler l’importance du pastoralisme dans l’entretien de cet espace naturel, né de la main de l’homme.
C’est au pied de la tour de Broue, sur la commune de St-Sornin, que les élus du Pays rochefortais et les responsables du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Nouvelle-Aquitaine ont reçu le vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine Nicolas Thierry (EELV) le 3 février. Le point de rendez-vous n’avait pas été choisi au hasard, puisqu’il offre une vue panoramique sur le marais de Brouage, un espace naturel au cœur de cette rencontre. Le CEN intervient depuis 1996 sur ce territoire, et possède déjà plus de 175 ha de prairies, boisements humides et roselières. « Le partenariat avec la Safer nous permet d’avancer sur la maîtrise foncière », a expliqué le président du CEN Nouvelle-Aquitaine, Philippe Sauvage. Si ces achats ont longtemps été modérés, avec en moyenne 5 ha par an, ils ont pris une nouvelle ampleur depuis l’an dernier en raison du programme Néo Terra. Ainsi, en 2020, ce sont pas moins de 31 ha qui ont été acquis par le CEN sur le marais de Brouage, et 27 autres le seront en 2021. Des résultats que Nicolas Thierry a tenu à saluer. « C’est parfois moins évident d’investir dans la nature que dans les infrastructures et les technologies... », a-t-il déclaré, avant de souligner l’atout que peuvent constituer ces marais dans la transition écologique. « Les zones humides sont les milieux les plus riches en biodiversité, des puits de carbone incroyables, et jouent un rôle essentiel dans le cycle de l’eau ! »
Des partenariats gagnants avec les éleveurs pour l’entretien des prairies
« Cette biodiversité est aussi liée à l’activité de l’homme », a rappelé Olivier Allenou, responsable départemental du CEN, en évoquant le passé de marais salants de ce territoire. Cigognes et hérons se sont appropriés ce territoire, tout comme d’autres espèces, moins visibles, parmi lesquelles la cistude. Or la survie de ces dernières dépend beaucoup de l’entretien du marais. « Elles pondent dans l’herbe rase. Si elle est haute, elles ne peuvent pas pondre. »D’où l’importance capitale du travail mené avec les agriculteurs pour faire vivre les prairies sur ces 175 ha, mais aussi sur les 1500 ha appartenant au Conservatoire du littoral, et dont le CEN est coordinateur de gestion. « Avec les éleveurs, on essaie de trouver un terrain d’entente », a expliqué Olivier Allenou. Environ quatre-vingt partenariats (une vingtaine sur les terres du CEN, une soixantaine sur celles du Conservatoire du littoral) ont été noués depuis le début du programme sur le territoire de Brouage. Le CEN travaille avec eux, ainsi qu’avec la Chambre d’agriculture pour mener « une sorte de remembrement », des unités de 15 à 20 ha d’un seul tenant plus simples à gérer qu’un archipel de parcelles dispersées dans tout le marais. « On leur offre un outil pastoral moderne sur un territoire ancien », a résumé Olivier Allenou.
À cet entretien des prairies doit s’ajouter une vigilance sur les réseaux d’eau, avec réfection des ouvrages vieillissants et lutte contre les envahisseurs que sont les ragondins et la jussie. Des efforts coûteux, mais auxquels sont prêts les élus pour préserver le marais de Brouage. Marais qui est au cœur d’une réflexion, lancée en 2016, sur la création d’un Parc naturel régional du littoral charentais, allant de Royan à Rochefort, qui pourrait naître à l’horizon 2027.