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Dossier Fête de la terre
Des jeunes qui veulent croire en leur métier

Pour le président des JA, Benoît Vignaud, le moment des concours de labours permet aux jeunes de se retrouver autour d’un objectif commun, comme ils le font pour la défense de leur métier, le reste de l’année.

Vous présidez JA 79 depuis 2009 et en cette saison vous devez, comme vos camarades, vous consacrer aux moissons mais aussi à l’organisation de la Fête de la terre. Labours, Fête de la terre : un seul et même dossier ?
Pour JA, la Fête de la terre est importante parce qu’elle fédère les jeunes, des équipes cantonales et l’équipe organisatrice du concours départemental qui aura lieu à Chenay. Mais cette année, nous avons décidé, suite à trois années de déficit, de réduire la voilure de la fête. L’important est que tous les jeunes concurrents qui souhaitent participer au concours de labours puissent se retrouver et que les meilleurs accèdent à la finale régionale, voire participent à la finale nationale.
Et puis cette année, les jeunes font part de leurs inquiétudes parce que la récolte de céréales a pris du retard. Nous sommes dans une année exceptionnelle en termes de dégâts à cause de la grêle. Les jeunes veulent donc d’abord se consacrer à leur exploitation pour récolter dans les meilleures conditions. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre des risques.
Cela n’empêchera pas de retrouver, le 11 août, la convivialité que l’on trouve habituellement lors de cette fête, pour les agriculteurs mais pas seulement, autour du labour qui fédère les jeunes.

Est-ce la raison pour laquelle cette fête se déroule dans le sud pour la deuxième année consécutive ?
Le canton de Lezay a été restructuré il y a trois ans. On doit cette belle initiative à 6 ou 7 jeunes. Aujourd’hui, ils sont une vingtaine. Compte tenu des conditions particulières de l’année, il nous a semblé intéressant que ce groupe puisse profiter de cet élan pour réaliser quelque chose d’une autre ampleur, comme un concours départemental.

La relance syndicale est importante pour un président de JA ?
Cela fait partie de nos missions. Et avec la détermination d’un noyau, on arrive à une équipe qui se prend en main, signe que ces jeunes croient en leur métier malgré les différentes tempêtes dans certaines productions, comme le lait. On annonce un prix meilleur. Tant mieux, c’était nécessaire. Mais il ne faut pas que ça ne dure que quelques mois. Il faut une augmentation qui s’inscrive dans le temps. Nous avons besoin de lisibilité, en particulier nous, les jeunes. En 2008 le prix du lait était élevé et puis… la dégringolade. Depuis beaucoup sont dans le rouge.
Idem pour le lait de chèvre. Il faut absolument que le prix remonte ! On entend toujours parler d’aider nos entreprises, Heuliez et d’autres. À côté de ça, quand nous sommes en difficulté, personne ne nous aide. Qu’est-ce qui se met en place après la grêle de juin ? Quand vingt ou trente salariés sont menacés de licenciement, les politiques s’emparent du dossier. Mais quand des éleveurs mettent la clé sous la porte qui s’en soucie ? Par contre, l’environnement alimente toujours les débats. On n’est pas contre, on vit avec, on pense à nos enfants. Les problématiques environnementales, on les aborde avec tous ceux que nous rencontrons. Et c’est là qu’on se rend compte de la méconnaissance de l’agriculture par beaucoup de nos concitoyens. Quand nous avons l’occasion de montrer ce que nous faisons, les gens sont parfois étonnés de voir comment nous travaillons. Donc l’environnement, il n’y a pas que ça. Car trop d’environnement tue l’économie. Regardons le dossier têtards. Il n’en a jamais été autant coupé que depuis qu’il est question d’interdire leur abattage. Les agriculteurs ne comprennent pas cette politique parce que, s’il y a eu quelques abus, ils ne doivent pas conduire à des interdictions qui remettent en cause des pratiques ancestrales.

Malgré les difficultés, des jeunes continuent à s’installer en Deux-Sèvres ?
Effectivement puisque le nombre avancé est de 70 installations aidées et 14 non aidées. Je veux quand même souligner que si la conjoncture est meilleure pour la viande, c’est une bouffée d’oxygène après des années difficiles. Donc, avec 80 installations pour 80 départs, je reste optimiste. Si la conjoncture laitière s’améliore, on peut espérer une centaine d’installations en 2013. Mais en 2014 et 2015, on s’attend à beaucoup de départs. Peut-être y aura-t-il une installation pour deux départs. Une pour trois serait déjà très bien, compte tenu de la restructuration.

Ce qui veut dire que le métier reste attrayant ?
Les installations se font souvent avec ou après les parents et dans ce cas c’est plus facile. Dans le cas des hors cadres familiaux, il faut des jeunes très motivés. Il y en aurait plus si la conjoncture était meilleure, parce qu’on leur demande beaucoup trop de garanties compte tenu du coût de la reprise et des investissements.

Les céréales gagnent du terrain. Qu’en pensez-vous ?
Nous demandons des prix, pas des subventions. Même en viande bovine, les cours peuvent encore monter… On veut que notre travail soit rémunéré. Quel chef d’entreprise voudrait travailler pour rien. On n’est donc pas assez reconnu. On fait beaucoup de chiffre d’affaires, mais il ne reste rien au bout ! Or l’élevage est créateur d’emploi. Le ministre nous parle de priorité à l’élevage. Si l’on donne la priorité à l’économie, l’élevage sera de fait reconnu. L’exemple des réserves est significatif. S’il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de fourrage. Par contre tous les particuliers peuvent arroser leurs légumes, ce qui est normal. Mais pas pour les cultures. Je ne sais pas ce que veut notre département. Des zones désertiques ou des emplois ? Des hommes et des bêtes, c’est la vie. Si on passe de l’élevage aux céréales, on divisera par 3 le nombre d’agriculteurs et tout le lien social qui va avec disparaîtra.

Lire la suite du dossier de 8 pages dans Agri 79

Nous avons repris le flambeau
Les médias nous annonçaient, depuis quelques années, que la pluviométrie devait décroître, qu’il fallait économiser l’eau. Coup de théâtre, depuis l’automne, la nature en a décidé autrement : les champs sont gorgés d’eau. Les labours, les semis d’automne et de printemps ont été difficiles. Le foin, lui, est en quantité mais pas de qualité ; ce qui touche encore l’élevage déjà affaibli par l’augmentation des charges et la baisse des revenus. C’est le moment de se mobiliser ! Car malheureusement, on constate une baisse d’intérêt pour les manifestations agricoles. Cependant, le centre cantonal des jeunes agriculteurs (Ccja) du canton de Lezay a repris le flambeau en 2009. Et il organise cette année la Fête de la terre à Chenay, route de Poitiers, le 11 août.
Cette journée débutera à 10 heures par un concours cantonal de labours, suivi par un repas sur réservation avant l’ouverture de la finale départementale. Un marché fermier, une exposition de miniatures et de vieux matériels, des baptêmes en ULM, entre autres, agrémenteront cette fête. Venez nous rejoindre nombreux, pour mettre en valeur notre mère nourricière !

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