Deux-Sèvres : Terre de Valeur Ajoutée
Trois questions à Alain Chabauty, Président de la Fnsea 79.
Comment abordez-vous cette rentrée syndicale de septembre ?
Le mois de septembre est toujours un mois particulier pour le syndicalisme puisqu’il trace la feuille de route de notre action pour l’année. La défense de notre revenu et donc la rentabilité de nos exploitations seront au cœur de nos revendications. Malheureusement ce sont des sujets récurrents. Actuellement ce sont les productions viande bovine et céréalière qui souffrent de prix en nette baisse. En viande bovine, nous avons presque perdu la hausse que nous avions obtenue il y a 2 ans pour nous retrouver aujourd’hui à un prix proche de celui d’il y a 25 ans. Dans d’autres productions, notamment laitières, on constate une amélioration qui ne doit pas être éphémère. Il est nécessaire d’ailleurs que les prix augmentent encore en production caprine. De petites augmentations à la consommation rendront notre activité rentable. Nous nous bâterons pour obtenir ces hausses qui nous font défaut. Cette rentrée syndicale va aussi être marquée par le sujet de la réforme de la PAC. Il est impératif que le gouvernement et la région nous communiquent rapidement leurs décisions. Nous devons connaître les règles du jeu avant les semis. Sur ce dossier nous attendons que le gouvernement tienne compte de l’actif agricole dans les mécanismes d’attribution des aides. La réforme de la PAC sera au cœur de nos cantonales d’automne pour aider les exploitants à y voir plus claire. Le 5e programme de la directive nitrate sera aussi à l’ordre du jour. Ce dossier me fait bondir. L’administration vient juste de décider d’un 5e programme qu’on nous dit qu’un 6e programme est en cours de réflexion. J’invite chaque agriculteur à s’informer. Dernier dossier de la rentrée, il s’agit de la révision du projet agricole départemental. C’est un dossier primordial pour nous. Il fixera le cap de l’évolution du secteur agricole pour les prochaines années. Comme vous le voyez, les sujets ne manquent. La Fnsea s’active pour défendre les agriculteurs du département. Des actions, telles que les États Généraux de l’Agriculture Deux-Sévriennes sont en cours. Organisés avec le concours de toutes les OPA du département membre du Comité de Liaison des Organisations Professionnels agricole, ils auront lieu le 12 septembre à 9 h 30 à Parthenay au domaine des Loges.
Quelles ambitions portez-vous dans l’organisation de ces États Généraux de l’Agriculture ?
Avec les OPA du département nous voulons faire prendre conscience aux politiques, aux équipes administratives et aux forces économiques des Deux-Sèvres du poids des enjeux à venir. Notre objectif est d’œuvrer pour que notre département reste une terre de valeur ajoutée agricole. Dans ce cadre, nous n’attendons pas de belles paroles mais des décisions. Des décisions positives et ambitieuses. Nous attendons que nos élus montrent du courage politique et nous aident à maintenir le niveau de production de valeur ajoutée inhérent à l’activité agricole (amont et aval). Courage veut dire accepter de changer de cap économique pour certains, accepter de laisser de côté les dogmes sur des questions telles que l’accès à l’eau, le modèle agricole. Cesser de considérer la production dite industrielle comme « un gros mot ». L’agriculture génère de la richesse et de l’emploi. Elle mérite au nom du pilier qu’elle est pour notre économie que nos décideurs s’engagent avec audace pour lever les contraintes départementales et soutenir notre esprit d’entreprendre.
Quels sont selon vous les freins au développement de la valeur ajoutée du secteur agricole en Deux-Sèvres ?
La faiblesse du revenu des exploitants agricoles n’incite pas au développement des projets créateurs de valeur ajoutée. Dans ce cadre, nos élus devraient soutenir les projets de développement, propices à la stabilité de l’économie des exploitations, plutôt que de s’y opposer. Il faut lever les contraintes. Que ce soit sur la création de ressources en eau, le développement d’unité de production notamment hors sol, les compensations environnementales, notre département à une réglementation plus stricte qu’ailleurs en France. Nous disons stop. Ou est la liberté d’entreprendre dans tous ça ? Remettons du bon sens paysan dans ces réglementations. Nous sommes des agriculteurs raisonnables, mesurés et conscients de nos responsabilités, pas des kamikazes ! Le nombre de départ en retraite est aussi un obstacle. Il ne faut pas se mentir. Toutes les exploitations ne seront pas reprises par des jeunes. Et nous savons que lorsqu’il y a agrandissement c’est l’élevage qui en trinque entraînant une baisse de valeur ajoutée pour le territoire. Dernier sujet, le pessimisme ambiant. Il freine les initiatives. Et sur ce sujet, nos politiques quoi qu’ils en disent ont leur part de responsabilité. Nous attendons d’eux qu’ils prennent leur courage à deux mains et décident car la situation est d’une extrême urgence.