Bovins lait
Deux tracteurs par éleveur laitier en moyenne
Une enquête réalisée par les chambres d'agriculture et l'Institut de l'élevage analyse les charges de mécanisation des exploitations laitières pour dégager des marges de progrès.
Avec un prix du lait au plus bas, les éleveurs sont contraints de réduire au maximum leurs charges s'ils veulent continuer à dégager un revenu. Le coût de concentré est certes à surveiller de près puisqu'il représentait entre 67 et 98 €/1000 l en moyenne selon les systèmes. On pense moins souvent aux charges de mécanisation, dont la part affectée à l'atelier lait se situe pourtant dans la même fourchette : 65 à 80 €/1000 l. Les charges de mécanisation comprennent le carburant, les travaux par tiers végétaux, l’entretien du matériel, les fournitures pour l'atelier et l’amortissement du matériel. Au total, les frais de mécanisation et de concentrés représentent ensemble la moitié du coût de production du lait, hors rémunération des associés et du capital.
Optimiser le coût de production du lait passe donc par la réduction des charges de mécanisation. C'est un travail à moyen terme qui suppose d'avoir d'abord quelques repères. D'où l'enquête réalisée par les chambres d'agriculture et l'Institut de l'élevage auprès de 450 élevages des Réseaux bovins lait de France qui tente d'expliquer les différences de coût de mécanisation entre les exploitations.
Premier constat, le tracteur n'est pas en voie de disparition dans les systèmes laitiers de la région. En effet, le nombre de tracteurs par unité de main-d'œuvre se situe entre 1,74 et 2,07. Les plus équipés en nombre de tracteurs sont sans surprise les exploitations lait et cultures, mais ramené à l'hectare de SAU, le nombre de chevaux y est inférieur. Le tracteur de tête fait 110 CV dans les exploitations lait spécialisé ou lait et viande et 140 CV en système lait et cultures. Il a entre 5 et 8 ans et fonctionne entre 500 et 600 heures par an.
Charges élevées avec équipement récent
A l'intérieur de chaque système, l'étude compare les exploitations ayant des charges de mécanisation plus faibles que la moyenne
(63 €/1000 l) avec celles qui ont des charges plus élevées (105 €/1000 l). Dans le groupe ayant des charges de mécanisation élevées, trois caractéristiques se détachent : un équipement plus récent et plus important, un recours plus important aux travaux par tiers (entreprise ou CUMA avec chauffeur) sans pour autant moins utiliser leur propre matériel et enfin, une taille de structure plus petite, les charges se trouvant donc moins diluées par le nombre d'hectares et de litres de lait produits.
Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, les adhérents des CUMA ne semblent pas avoir un coût de mécanisation significativement plus faible que leurs collègues dans la mesure où ils ont en même temps une part non négligeable de matériel leur appartenant. L'avantage de la CUMA est de bénéficier d'un matériel performant dans lequel on ne pourrait pas investir individuellement mais le coût peut être élevé quand il s'agit de matériel puissant renouvelé fréquemment. L'équipement en matériel d'élevage (distributrice, pailleuse, télescopique) ramené à la taille du troupeau influence également le coût de mécanisation. A l'échelle individuelle, une panne importante sur un tracteur peut faire varier fortement les charges d'une année à l'autre. Et une conjoncture favorable comme en 2007 contribue à augmenter les amortissements.
Eviter le matériel surdimensionné
Pour diminuer ses charges de mécanisation, il n’y a pas de recette unique mais plutôt une stratégie globale et une cohérence d'ensemble : laisser vieillir le matériel, accepter de dételer un peu plus souvent, éviter d'investir dans du matériel surdimensionné par rapport à la taille du troupeau ou à la taille de l'exploitation, acheter du matériel d'occasion ou en copropriété, implanter des prairies longue durée, éviter les doublons entre matériel propre et recours à l'entreprise, faire pâturer les vaches, etc. Le goût pour le beau matériel et la conduite du tracteur est légitime, il faut simplement avoir conscience du coût que cela représente et savoir rester sobre en période de vaches maigres.