Dix ans de campagne à la ville
Ouvert à l’automne 2009, le Panier de nos campagnes, premier magasin de producteurs de Charente-Maritime, a connu une importante expansion qui a aussi profité aux agriculteurs investis.
C’était il y a un peu plus de dix ans, le 18 septembre 2009 : au pied de la Chambre d’agriculture de La Rochelle, un magasin d’un nouveau genre ouvrait ses portes. Deux jours par semaine, sept agriculteurs y proposaient « des confitures, des œufs des célèbres poules de Marans, des viandes d’agneau, de bœuf, de canard ou de porc, des produits laitiers, du miel, du sel »… Le ‘‘Panier de nos campagnes’’, « 100% fermier », était le premier magasin de producteurs (géré par une association d’agriculteurs, sans achat-revente) du département.
Une décennie plus tard, la situation a bien évolué. Les magasins de producteurs se sont multipliés dans le département, à Saintes, Royan, Tonnay-Charente, Surgères, Ferrières ou encore Jonzac (le plus récent, en février dernier)… À La Rochelle, le précurseur a aussi bien évolué. Le Panier de nos campagnes ouvre désormais deux demi-journées en plus par semaine, les mercredis après-midi et samedi matin. Surtout, son offre s’est largement élargie : le nombre de producteurs a quadruplé, avec une augmentation du volume mais aussi de la diversité des produits proposés. La preuve en est avec l’arrivée récente, dans le magasin, d’une offre en pigeons, à cuire ou à déguster en terrines…
De nouveaux locaux en 2018
Le pari des magasins de producteurs n’était pas gagné d’avance. « On a débuté cette réflexion il y a douze ans », explique Sébastien Fumeron, l’un des initiateurs du projet, producteur de poulets, canards et moutons à St-Pierre-la-Noue. À l’époque, le lien entre producteurs et consommateurs se retrouvait surtout sur les marchés, lieux de contacts intéressants mais chronophage. La discussion se fait alors avec la Chambre d’agriculture, en particulier avec le conseiller Roland Guy, et permet d’ébaucher le concept : « on est partis sur cette idée de créer un magasin collectif ». L’aide consulaire permet aux producteurs d’obtenir une aide financière : « à l’époque, une association, devant un banquier, n’avait droit qu’à 27 000 €… » La Chambre les aide aussi en mettant à leur disposition, pour un tarif avantageux, leur premier local aménagé, dans lequel ils installent leur matériel, acheté d’occasion.
Avec le succès initial et l’afflux de producteurs, le Panier de nos campagnes a dû s’agrandir, une première fois en 2013, grâce à un appel à projets, puis a choisi de déménager. « Les locaux devenaient très petits, puisqu’on faisait 1200 clients sur deux jours et demi sur cette surface de 120 m2, explique Sébastien Fumeron. C’était dangereux pour nos clients et pour nous, puisqu’il y a des moments où on avait plus de 80 personnes dans ce petit périmètre. » En avril 2018, les producteurs ont donc quitté leurs locaux de la Cité administrative de La Rochelle pour rejoindre une nouvelle surface de vente dont l’association est devenue propriétaire, sans apport des producteurs grâce à des aides, parmi lesquelles le programme européen Leader ou le Conseil départemental. Elle est située dans un quartier en construction, à quelques centaines de mètres de là : une zone résidentielle, et non commerciale, ce qui est un choix délibéré des producteurs. Ils disposent à présent de 560 m2, dont près de 300 dédiés à la vente. Les travaux du quartier, qui devraient durer encore quelques mois, gênent un peu pour l’heure l’accès au magasin et limitent les places de parking (140 à terme sur le secteur), mais Sébastien Fumeron assure que le nombre de clients a été maintenu, avec « un panier moyen supérieur de 2 à 3 € ». Le nouveau local a une structure un peu particulière, avec un trajet unique emprunté par tous les clients, afin d’éviter les « points froids », les recoins échappant au regard, au trafic et qui seraient ainsi pénalisés.
Un atout pour la communication
Avec le recul apporté par ces dix ans d’expérience, Sébastien Fumeron peut attribuer plusieurs bienfaits aux magasins de producteurs : économiques, bien sûr (voir encadré), mais aussi relationnels. « Ça nous a permis de discuter. Le problème de l’agriculteur, c’est que le temps est court et que nous sommes consacrés à notre travail. On n’a pas beaucoup de moyens de communication. Le fait d’avoir choisi ces méthodes de circuits courts, pour ma part, m’a aidé à pouvoir discuter, à apprendre à parler, à se calmer aussi, pour pouvoir aussi bien recevoir que donner un discours. Ça a permis des moments d’échanges entre producteurs et avec nos clients. Et c’est une grande richesse, parce qu’en agriculture, la communication n’est pas notre point fort… »
D’ailleurs, au sein du magasin, des pistes d’évolution sont à l’étude pour renforcer la communication, via des écrans ou des étiquettes revues. D’autres axes de développement sont envisagés : un producteur de moules devrait ainsi vendre de sa marchandise à l’été prochain. Des perspectives intéressantes pour le magasin qui fait entrer la campagne au cœur de La Rochelle.