Élevages de bovins viande : la situation financière s’est dégradée en 2018
Menée auprès de 925 exploitations, l’étude de l’Institut de l’élevage présente une photographie difficile des élevages allaitants.
Les revenus disponibles des élevages laitiers et allaitants suivis par l'Observatoire de l’endettement ont globalement reculé en 2018, d'après une étude de l'Idele sur 950 exploitations clôturant leur comptabilité en hiver. Pour les bovins lait et viande, les produits sont stables, mais les charges sont en hausse dans les quatre régions étudiées (Grand-Ouest, Cantal, Dordogne et Saône-et-Loire). En lait, le revenu disponible recule de 10 à 30 % par rapport à 2017 (16 000 € annuels par UTH familiale en moyenne). Les prélèvements privés sont « toujours restreints » (18 000 € annuels), d'où une marge de sécurité « inexistante ». Constat similaire dans les exploitations allaitantes, avec un revenu de 15 600 €, « en baisse marquée dans le Grand-Ouest et en montagne ». Seul le bassin allaitant historique connaît « une petite hausse ». En moyenne, les prélèvements privés atteignent 12 600 €/UTH. En lait, 35 % des exploitations étudiées sont dans une situation « critique » (endettées à long et moyen terme et sans trésorerie) contre 16 % en bovins viande. Des difficultés particulièrement criantes dans le Grand-Ouest, avec un élevage laitier sur deux et 42 % des fermes allaitantes dans ce cas. Tous ces résultats n'intègrent pas l'impact des sécheresses de 2018 et 2019.
Cette étude de l’institut de l’élevage, avec une centaine de sondés sur le Grand Ouest, a analysé le revenu disponible, le résultat courant, la trésorerie nette globale, les marges de sécurité et les restes à financer. Ainsi « naissent » trois groupes : les peu endettés, avec des annuités/EBE (excédent brut d’exploitation) qui sont inférieures à 40 % et des dettes totales sur les actifs dans les mêmes eaux. Viennent ensuite les « endettés LMT », pour ‘‘long ou moyen terme’’, où les deux ratios sont au-dessus de 40 % mais qui ont une trésorerie nette globale positive. La dernière catégorie (intitulée ‘‘TNG neg’’) est constituée par les deux premiers ratios au-dessus de 40 %, mais avec une trésorerie nette globale négative.
Un revenu faible et insuffisant
Si l’on prend que les résultats des bovins viande, la moyenne Grand Ouest se situe parmi les sondés à 1,2 UMO, 63 vaches et 83 ha. Alors que dans les bassins allaitants, on compte 1,6 UMO, 95 vaches et 144 ha. Selon les chiffres, le produit brut est assez stable depuis 3 ans pour tous les bassins de production, avec peut-être un léger recul de 1 % sur le Grand Ouest. Par contre, les charges augmentent et l’EBE baisse sur ces 3 ans. Dans le Grand Ouest, ce sont – 34 % d’EBE en moins, et + 59 €/UGB (unité de gros bétail). « Cela représente une hausse des charges de 4 % en moyenne, notamment avec des charges de structure et alimentaires. » C’est dans le Grand Ouest qu’elles augmentent le plus. Cela va de pair avec une hause aussi des annuités : elles passent dans le Grand Ouest de 173 € à 189 €. « Le ratio annuités/EBE baisse de 45 % dans le bassin allaitant, alors qui garde un niveau élevé dans le Grand Ouest et en montagne. » Résultat le revenu disponible plonge : - 34 % pour le Grand Ouest, 9500 €/UTH familiale ! Le bassin allaitant s’en tire mieux (+ 10 %). Alors, naturellement, les prélèvements privés et les marges de sécurité en prennent aussi un coup : les premiers stagnent dans le Grand Ouest et les seconds sont inexistants. S’en ressentent aussi les investissements, en baisse dans notre secteur et toujours sur emprunts.16 % dans le rouge
L’analyse globale donne, dans le Grand Ouest, 42 % des exploitations en situation critique, 33 % dans la catégorie limite des endettés LMT et un quart qui iraient bien. 13 % seraient dans le rouge. Sur l’endettement à court terme, l’étude les juge en « légère hausse » globalement. Les « peu endettés » se situent à 162 €/UGB, les endettés LMT, à 216 €, les TNG neg à 691 € ! Si la trésorerie s’améliore pour tous les groupes, seuls les TNG neg voient depuis 3 ans leurs situations négatives perdurer avec une aggravation dans le Grand Ouest. « Leur situation financière ne s’améliore pas : les dettes à court-terme sont plus de deux fois supérieures à la moyenne (toutes exploitations) », assurent les trois auteurs de l’étude, Benoît Rubin, Hélène Fuchey, Mylène Berruyer, tous de l’institut. Ils concluent : « comme pour tous les élevages, mais avec des effets encore plus sévères sans doute, les sécheresses de 2018 et 2019 ne seront pas sans conséquences économiques et financières pour ces exploitations dans les mois et les années à venir. »