Éleveur, tondeur, et primé au Mondial
Éleveur ovin à Colombiers, Lucas Wozniezko est également tondeur de brebis. Il a participé début juillet au Mondial de Tonte, au Dorat (87), dont il est revenu titré.
La tonte ? Cela fait deux ans à peine que Lucas Wozniezko pratique cette discipline. Pourtant, ce charentais-maritime de 23 ans est arrivé deuxième au Mondial de tonte, dans la catégorie Tonte à la machine junior. Un résultat qu’il accueille avec modestie : « J’ai fait ce que j’ai pu… » De cette expérience, il retient la bonne ambiance régnant sur le site du Dorat, et les rencontres avec les autres tondeurs, ses collègues. Il a été formé par le tondeur charentais Thierry Thoraux, et compte poursuivre l’activité de tonte une fois que celui-ci aura pris sa retraite. Mais cette profession exigeante en temps et en kilomètres parcourus (Son formateur, confie-t-il, tond douze à treize mille brebis par an sur un secteur allant de la Vendée à la Gironde, en passant par la Dordogne) viendra en complément d’une autre.
En effet, parallèlement à ses débuts de tondeur, il s’est lancé dans l’élevage ovin pour la production d’agneaux de viande. Ce choix répond à une démarche de diversification de l’activité familiale, menée avec ses deux frères sur le site de la ferme à Colombiers. À l’écart de ce village au sud de Saintes, son frère Robin a créé il y a quelques années avec son épouse Aurore un élevage de chèvres pour la production de produits laitiers. Le troisième frère, Antoine, reprendra la culture céréalière et oléagineuse sur 130 ha de leur père Laurent quand celui-ci cessera son activité, à la fin de l’année. À l’issue de la transmission, les frères créeront un Gaec, assistés dans leur démarche par un centre de gestion et leur banque.
Objectif septembre pour les agnelages
Lucas Wozniezko a déjà récupéré quelques hectares des terres familiales pour commencer le développement de son troupeau. Les parcelles en question, situées dans les secteurs marécageux du bord de Seugne, étaient occupées jusqu’alors par du maïs, mais « on n’était pas vraiment sûrs d’avoir une récolte, explique-t-il, les années ne se ressemblaient pas du tout ». La remise en herbe a été favorisée par un programme de subventions, dans le cadre de la construction de la LGV. Les 15 ha redevenus prairies accueillent déjà 150 brebis, avec un objectif de 300 à terme, d’ici un ou deux ans. Elles sont destinées à la production exclusive d’agneaux, et non de lait. Lucas a fait le choix de la race limousine, et recherche du croisement Suffolk « pour ajouter un peu de conformation ». Pour la commercialisation, il travaille avec des marchands à bestiaux ou vend directement à la ferme, même s’il lui est arrivé quelques fois d’approvisionner le magasin de producteurs de la Ferme Santone à Saintes. Ses animaux vivent exclusivement en plein air ; ils n’ont aucune bergerie, même s’il arrive à Lucas de leur monter des abris temporaires. « C’est pour ça que j’ai pris une race rustique : elle résiste mieux l’hiver. » De plus, si le taux de reproduction des brebis limousines est un peu moindre, il estime qu’il est plus simple de les faire naître au bon moment. Son objectif, septembre, ne doit rien au hasard.Si les moutons sont à partir des mois de mars-avril dans les marais où ils passent le printemps et l’été, ils regagnent en septembre-octobre les autres parcelles de l’exploitation où ils pâturent les couverts. Les agneaux tout juste nés peuvent ainsi profiter d’une nourriture plutôt riche (tournesol, avoine, vesce, féverole…) qui favorise leur développement. De ce calendrier d’élevage découle sa période de vente des animaux : les premiers partent un peu avant Noël, les derniers vers Pâques. Des agnelages plus précoces poseraient le problème de l’alimentation ; plus tardifs, ils seraient également problématiques vu que l’élevage se fait exclusivement en extérieur. Entre la vente d’agneaux sous la mère et son travail de tondeur, Lucas Wozniezko se prépare donc des plannings bien remplis. Et il compte vivre de son travail avec passion, même si la laine, par manque de filière, ne rapporte plus vraiment. « D’après ce que m’a dit mon collègue, à un moment, la laine récoltée payait la tonte, explique-t-il. Maintenant, on la prend pour débarrasser l’éleveur… »