60 ans de La Vie Charentaise
La Vie Charentaise ? On en fait toute une histoire
2 février 1963 : un nouveau journal fait son apparition en Charente. C’est un bimensuel qui dit bien sa vocation : « Agriculture Services ». Il est né des réflexions engagées par les responsables des Organisations Professionnelles Agricoles du département qui souhaitent apporter un service d’informations régulier aux agriculteurs du département… Qui sont beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui.
2 février 1963 : un nouveau journal fait son apparition en Charente. C’est un bimensuel qui dit bien sa vocation : « Agriculture Services ». Il est né des réflexions engagées par les responsables des Organisations Professionnelles Agricoles du département qui souhaitent apporter un service d’informations régulier aux agriculteurs du département… Qui sont beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui.
Pour mettre leurs souhaits en musique, ils font confiance au directeur adjoint de la Chambre d’agriculture, un certain Jean Mardikian. Originaire d’Arménie, le jeune homme est Ingénieur agricole et passionné de culture et de communication. C’est lui qui est aux manettes pour éditer ce bimensuel de 6 pages en noir et blanc. « Agriculture Services » est sur les rails, il prendra petit à petit un peu d’embonpoint et passera à la couleur.
Le logo passe au rouge et la pagination va très vite s’étoffer pour se fixer à 16 pages.
Trois ans plus tard, le logo-titre du journal change et le journal compte 8 pages régulières. Le titre « La Vie Charentaise » (qui remplace « Agriculture Services ») voit le jour en 1973. Le logo passe au rouge et la pagination va très vite s’étoffer pour se fixer à 16 pages. Jean Mardikian est toujours à la tête du journal, il est persuadé que l’avenir est à l’élargissement des centres d’intérêt des agriculteurs à l’ensemble de la ruralité et puis pourquoi pas aller chercher des abonnés hors du champ agricole. D’où le choix d’un titre « tout terrain » comme La Vie Charentaise. Signalons pour l’anecdote que pour l’édition de Noël 1973, un jeune bambin pose devant le sapin de Noël à la « Une » du journal : il s’agit de Patrick Mardikian, fils de Jean, qui reviendra lui aussi en Charente quelques décennies plus tard après une escapade parisienne pour prendre en main les destinées des Gastronomades et de Piano en Valois, sans oublier le lancement du fameux festival de cinéma, le FFA. D’Agriculture à Culture, il n’y a finalement que quelques lettres…
Ruralité et professionnalisation
Mais revenons à La Vie Charentaise qui poursuit son bonhomme de chemin. Outre les cours et marchés, les annonces et les informations agricoles, on peut désormais y lire chaque semaine des informations sur la vie en Charente : politique, économie, projets dans la ruralité… et même une rubrique sportive ! Mais qu’on se rassure : l’essentiel de l’information est toujours de l’info agricole. Jean Mardikian se lance ensuite sur le terrain politique ; il devient adjoint à la culture à la mairie d’Angoulême et créé (avec Francis Groux et Claude Moliterni) le fameux Salon International de la Bande Dessinée. Le salon, qui a fêté cette année ses 50 ans d’existence, deviendra plus tard le Festival de la BD.
Le fondateur du journal prend un peu de recul, il quitte la Chambre d’agriculture et créé l’agence de communication angoumoisine Communication 22. Un nouveau Rédacteur en chef est recruté. C’est un jeune charentais talentueux et sympathique passionné par le journalisme. Il s’agit de notre regretté confrère Jean-Marie Vasquez, qui fera ensuite une brillante carrière de reporter à la Charente Libre puis à Sud-Ouest Bordeaux. Nous sommes alors à la fin des années soixante-dix et au départ de Jean-Marie Vasquez, c’est Bernard Nadaud qui lui succède pour de longues années à la direction du journal dont le gérant est un agriculteur d’Eraville : Jean Biais.
La concurrence fait rage
Le journal se professionnalise et s’installe rue Montalembert, dans le quartier Victor-Hugo à Angoulême. L’équipe s’étoffe : Bernard Martin est en charge de la publicité. Bernard Nadaud développe notamment des éditions spéciales à travers des partenariats avec des manifestations charentaises comme le festival (aujourd’hui disparu) de danse et musique d’Exideuil-sur-Vienne. Les années passent mais à la fin des années quatre-vingt, le journal (édité par le SARL Socher, qui réunit les OPA de Charente) est confronté à des difficultés financières. Il faut dire que le monde agricole est alors très divisé et le syndicat agricole majoritaire (la FNSEA), qui est l’un des principaux actionnaires de la Socher, estime ne plus se retrouver tout à fait dans les pages de La Vie Charentaise et décide de créer son propre journal : Terres de Charente. La concurrence fait rage, le nombre d’agriculteurs commence sérieusement à diminuer, ce qui fait évidemment baisser le nombre d’abonnés au journal.
Rapprochement avec la viticulture
L’arrivée du viticulteur d’Echallat Pierre Mousset à la tête de la Chambre d’agriculture en 1989 (il succède alors au regretté Jean Brillet, viticulteur de Graves qui fut notamment président du Comité du pineau des Charentes) marque un tournant dans l’histoire de La Vie Charentaise. Bernard Nadaud est remercié, Jean Biais se retire de la gérance où il est remplacé par Claude Plasseraud, le représentant du Crédit Agricole au sein du conseil d’administration du journal. Pierre Mousset fait alors appel à votre serviteur, lequel a fait ses premières armes de journaliste au sein de la revue Pays de Cognac (1). Le journal syndical Terres de Charente cesse de paraître et les efforts sont concentrés sur La Vie Charentaise.
Sous la houlette de Claude Plasseraud et de moi-même, le journal va alors se redévelopper avec une nouvelle équipe de rédaction, une évolution des techniques de fabrication, une nouvelle organisation commerciale, etc. La Vie Charentaise quitte alors la rue Montalembert pour se rapprocher des OPA et rejoint le quartier de Ma Campagne. Pour répondre au développement de la SA Socher (société éditrice), les dirigeants du journal décident de faire construire de nouveaux locaux sur le site de la Chambre d’agriculture. Un beau bâtiment moderne de 300 m² voit le jour en 1993, il abrite encore aujourd’hui notre journal.
La société d'édition se développe
Pour développer la société d’édition, j’ai la conviction qu’il faut travailler de concert avec la revue Pays de Cognac où je conserve mes responsabilités éditoriales. La régie de publicité est intégrée dans la Socher, la fabrication quitte Communication 22 (agence de communication créée par… Jean Mardikian et dirigée ensuite par Hervé Doucet) pour rejoindre notre société d’édition. Les effectifs passent de 8 à 14 personnes et nous développons des travaux de fabrication de supports de communication pour des tiers, notamment des journaux municipaux.
Des partenariats régionaux
Longtemps rattaché au groupe France Agricole à travers la régie de publicité Topagri, le journal prend alors un autre chemin, défriché par plusieurs journaux agricoles du pays, notamment L’Agriculteur normand. La Vie Charentaise adhère au GIE Réussir piloté par Henri Lefèvre et se rapproche de ses confrères régionaux du Poitou-Charentes. Un atelier de fabrication commun est créé sur le site d’Angoulême (la société Arcor) et des pages et dossiers communs sont échangés au niveau régional. Une régie de publicité commune aux quatre départements (2) est créée, elle s’appellera Top Com avant de devenir Réussir Poitou-Charentes. C’est à cette époque (en 1992 plus précisément) que notre actuelle Rédactrice en chef, Fabienne Lebon, intègre La Vie Charentaise comme secrétaire de rédaction. Claude Plasseraud, PDG de la SA Socher, passe ensuite la main au viticulteur de Plaizac Christian Vignaud, le président de la CdC du Rouillacais, qui fut à l’époque président du CDJA (Jeunes Agriculteurs) avant de devenir un temps président de la FSVC (Fédération des Syndicats Viticoles de Crus). En 1995, l’éleveur laitier Alain Lebret prend la présidence de la Chambre d’agriculture après quelques épisodes douloureux qui voient tour à tour le départ précipité du directeur de la Chambre d’agriculture Gérard Thibault puis du président Pierre Mousset.
La Vie Charentaise fait alors face à de nouvelles difficultés financières ; Alain Lebret entreprend de redresser le journal et il prend la présidence de la SA Socher.
En mars 2000, le lancement de la revue bimestrielle Terres de Cognac
Le plan de relance que je mets en place à Angoulême à partir de 1998 permet une nouvelle fois de relancer notre hebdomadaire agricole. Pour conforter l’entreprise, je décide de créer un nouveau support. Ce sera en mars 2000 le lancement de la revue bimestrielle Terres de Cognac. Depuis que le Pays de Cognac a cessé de paraître suite à des bisbilles au sein de la famille viticole qui a débouché sur le retrait du soutien des quatre grands négociants de la place de Cognac, je suis persuadé qu’il reste une place dans le paysage médiatique professionnel (3) pour une vraie revue de filière à dominante économique qui informe de l’actualité viticole, bien sûr, mais aussi de celle du négoce et des professions intermédiaires, des marchés du cognac et du monde des spiritueux. Tout d’abord mensuel et au format tabloïd (celui de La Vie Charentaise), Terres de Cognac prend son envol en même temps qu’il change de format et de qualité de papier. Le magazine est vendu en kiosque et surtout par abonnement, en couplage ou non avec notre hebdomadaire.
La naissance de la SA Centre-Ouest Editions intervient en 2010. J’ai toujours la conviction qu’il faut que les journaux agricoles de la région se rapprochent pour affronter les défis de l’avenir, notamment la baisse drastique du nombre d’agriculteurs et l’apparition de nouveaux supports numériques. Les confrères régionaux (Agri 79 et L’Agriculteur charentais) préfèrent conserver leur indépendance départementale. Soit, les hebdomadaires La Vienne Rurale (dont je suis alors le gérant) et La Vie Charentaise se marient après de longues fiançailles. Gérant des deux Sarl d’édition, je prends naturellement la présidence de la SA Centre-Ouest Editions qui réunit les actionnaires (OPA) des deux départements. La bonne entente entre les deux éleveurs laitiers du groupe Lescure-Bougon à la tête des Chambres d’agriculture de Charente (Alain Lebret) et de la Vienne (Pierre Rocher) n’est pas non plus étrangère à ce rapprochement. Avec deux départements, Centre-Ouest Editions devient plus solide.
De la PIPG à Carac’terres
Une nouvelle étape s’engage en 2016/2017 avec le classement de notre journal dans la catégorie « Presse d’Information et de Politique Générale » qui se traduit par l’élargissement de notre ligne éditoriale à l’ensemble du monde économique départemental, l’augmentation de notre pagination (à 24 ou 28 pages), la diversification de nos sujets de reportage, etc. Les compagnies consulaires Chambre des Métiers et de l’Artisanat et Chambre de Commerce et d’Industrie des départements de la Charente et de la Vienne deviennent alors actionnaires de notre société d’édition, rejoignant ainsi au sein d’une fructueuse « Interconsulaire » la Chambre d’agriculture, l’un des principaux partenaires du journal. Des dossiers thématiques et des hors-séries sont édités et nos hebdomadaires élargissent leur lectorat en même temps qu’ils prennent place dans les kiosques chaque vendredi.
Renouer des liens avec la presse agricole régionale
Pendant ce temps, nous renouons des liens plus forts avec nos voisins de la presse agricole. Avec la Dordogne, qui édite l’hebdo Réussir Le Périgord et développe sa société d’édition de presse agricole dans le même esprit que nous, mais aussi avec nos voisins de l’ex-Poitou-Charentes avec lesquels nous éditons chaque année des dossiers techniques, des enquêtes économiques, mais aussi des suppléments tels que : Info-Pac, Tarif’Mat, Spécial Tournesol, Spécial Capr’Inov, Spécial Vinitech, etc. Cette collaboration régionale étroite nous a conduits récemment à créer un nouveau GIE pour mettre en commun nos idées et nos moyens afin de développer - depuis l’an passé - un site internet commun baptisé Carac’Terres. Ce support numérique régional complète parfaitement notre offre éditoriale « papier » qui reste la base de notre modèle économique. Lequel est aussi conforté par la publication chaque semaine des Annonces Judiciaires et Légales que notre périodicité hebdomadaire et notre diffusion nous permettent de revendiquer.
En 60 ans de publications, La Vie Charentaise, comme toute entreprise économique, n’a pas été épargnée par les difficultés mais elle a toujours su rebondir pour être encore plus forte. Elle le doit bien sûr aux équipes qui ont sélectionné et écrit quelque 60 000 pages d’informations mais aussi à ses créateurs, ses organismes agricoles partenaires, ses nombreux lecteurs bien sûr mais aussi ses fidèles annonceurs que nous remercions chaleureusement ici.
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La Vie Charentaise… d’avant La Vie Charentaise
(1) Revue qui naît en 1968 sous le titre « La Champagne de Cognac » avant de devenir « Le Pays de Cognac ». Créée également par Jean Mardikian sous la férule de Roger Plassard, cadre de la maison Rémy Martin et l’un des « développeurs » de la fameuse économie contractuelle en viticulture-cognac mise en place par le grand négoce. Jacques Raby, directeur de la FSVC qui deviendra plus tard l’UGVC, en est le Rédacteur en chef.
(2) Outre La Vie Charentaise (16), chaque département édite un hebdo agricole. Il s’agit de L’Agriculteur charentais (17), Agri 79 et La Vienne Rurale (86).
(3) La région du cognac est particulièrement bien dotée en matière de presse spécialisée puisque, outre Terres de Cognac, la revue mensuelle « Le Paysan vigneron » est une référence depuis plus d’un siècle. Plus récemment, l’UGVC a décidé d’éditer son propre support, la revue mensuelle Ugnic.