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En Charente, vogue, vogue la gabarre

Le village gabarrier de Saint-Simon se dévoile au cours d’une balade sur la Charente. Un pan de l’histoire fluviale à découvrir absolument.

«La Renaissance» navigue depuis vingt-deux ans sur le fleuve. Cette réplique de gabarre pèse presque 20 tonnes et, à l’époque, elle pouvait transporter 50 tonnes de marchandises.
© MLL

C’est dans le petit village de Saint-Simon, situé au bord du fleuve Charente, à mi-chemin entre Angoulême et Cognac, que j’ai choisi de me balader. Au premier coup d’œil, et malheureusement sous une météo peu clémente pour un mois d’août, cette bourgade d’un peu plus de 200 âmes aujourd’hui paraît bien calme. Seuls les panneaux de signalisation à partir de Malvieille, sur la RN141, précisant la qualité de « village gabarrier » de la commune de Saint-Simon, attisent la curiosité des touristes.

« En 1979 a été mise au jour une pirogue monoxyle mésolithique à Bourg-Charente, dont l’existence remonterait à 2 590 ans avant Jésus-Christ, m’apprend Jean-Jacques Delâge, maire de Saint-Simon. C’est le témoignage le plus ancien de la navigation sur le fleuve Charente. Mais ce type d’embarcation a également côtoyé les fameuses gabarres (*) sur la Charente jusqu’à la période moderne ».

Vivier de marins

Justement, revenons à nos gabarres. Ces bateaux à fond plat, qui pouvaient atteindre 30 mètres de long, servaient principalement au transport de marchandises. Elles naviguaient à la voile ou à l’aviron, mais le plus souvent, elles étaient halées depuis la rive. Les premières gabarres firent leur apparition sur la Charente au Moyen-Âge, sur lesquelles voyageaient le sel, des outils et les pierres blanches charentaises, puis, plus tard, du vin, du cognac et du papier, entre Angoulême et l’océan Atlantique.

C’est avec la structuration de la navigation sur le fleuve à cette époque que Saint-Simon, anciennement nommé Saint-Sigismond, a pu jouer un rôle très important durant plusieurs siècles au sein de la batellerie.

Bien que rural, le village fut en effet un vivier de marins, la halte privilégiée des gabarriers et un lieu de construction navale. Un haut lieu où l’on retrouvait tout un savoir-faire pour les besoins de la construction des gabarres : des forgerons, des charpentiers-calfats, des scieurs de long, la plupart originaires de Saint-Simon. La dernière gabarre construite dans la commune l’a été en 1903.

Renaissance d’une gabarre

Pour faire revivre les grandes heures de la navigation sur la Charente et la mémoire de ce village, Jean-Jacques Delâge, natif de Saint-Simon et passionné par ce patrimoine, a entrepris un long travail de recherche, en quête d’objets, d’outils et de témoignages, qui a permis la création en 1990 de l’association « Saint-Simon, village gabarrier », avec le soutien du département de la Charente.

Puis en 1994, la Maison des Gabarriers vit le jour au sein d’une ancienne épicerie située sur la place de l’église. Depuis, elle héberge une exposition permanente du matériel relatif au monde des gabarres, des photos, des maquettes.

Mais Jean-Jacques Delâge ne s’est pas arrêté là. Après de longues années d’études, et un chantier de construction, la gabarre « La Renaissance » a été mise à l’eau en 2000, réplique des nombreuses embarcations auparavant sorties du chantier naval de Saint-Simon. Elle est exploitée par l’association et la Maison des Gabarriers.

Prendre le temps

J’ai donc embarqué à Juac, à côté de Saint-Simon, pour 1 h 30 de navigation. Une balade hors du temps, qui invite le touriste à observer la nature, les cygnes… Une invitation à lâcher prise car même si « La Renaissance » possède un moteur, la vitesse ne dépasse pas 10 km/h.

Et le passage de l’écluse de Juac, au barrage du Pas-du-Loup, permet aux courageux de coiffer la casquette d’éclusier l’espace d’un instant, pour le plus grand plaisir des enfants. De superbes vues peuvent être immortalisées au gré de la balade, comme celle du village de Saint-Simon vu de l’eau mais aussi la jolie église Saint-Martin, à Graves, qui se reflète dans la Charente.

En prime, les pilotes de la gabarre partagent avec passion l’histoire de ce patrimoine disparu. Deux circuits sont proposés : Juac-Graves ou Juac-Vibrac.

Infos pratiques

Horaires : Habituellement, la gabarre navigue d’avril à octobre. Cette année, à cause de la crise sanitaire, la saison a débuté en juillet, et se poursuit jusqu’au 18 octobre.
Balade tous les jours, à 10 h 30, 15 h et 16 h 30. Jauge réduite à 45 personnes.
La visite du musée n’est pas possible cette année.

Tarifs : 8 € par adulte, 5 € pour les enfants de 4 à 12 ans, gratuit pour les moins de 4 ans. Tarif réduit : 5,50 € pour les chômeurs, étudiants et personnes handicapées.

Renseignements, réservations et billetterie à la Maison des Gabarriers.
Adresse : Le Bourg, Impasse de la Forge, 16120 Saint-Simon.
Tél. : 05 45 97 33 40 - Email : village-gabarier@orange.fr

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