En ovins, le potentiel génétique transforme les charges alimentaires en investissement
Pour améliorer les performances de son élevage, Philippe Richard investit depuis quatre ans dans des agnelles inscrites. L’introduction dans l’élevage d’Amailloux de qualités génétiques par la voie femelle est complémentaire du travail réalisé par la voie mâle.
Neuf cents agneaux, bien conformés, venus en moyenne à 120 jours et disponibles autant que possible pour les ventes de fin d’année et de Pâques. Voici résumés en quelques mots, les objectifs de Philippe Richard, éleveurs d’ovins à Amailloux. Le producteur est à la tête d’un cheptel de 600 brebis environ. La seule production de cette exploitation qui compte 75 ha « dont 12 ha peuvent m’être retirés du jour au lendemain », précise-t-il. Une précarité qui oblige l’éleveur à toujours plus de performance. « Je suis contraint d’acheter des céréales et les compléments azotés pour satisfaire les besoins du troupeau. » Pour que cette dépense se transforme en investissement, l’éleveur travaille le potentiel génétique de son cheptel. « Les animaux doivent être en capacité de revaloriser au maximum les aliments ingurgités », explique-t-il. Les mères en bon état produiront du lait. Un aliment peu coûteux. Sevrés, les agneaux issus d’une lignée travaillée pour ses qualités bouchères atteignent sur cette exploitation 18 à 20 kilos en 90 jours pour les plus précoces, aux environs de 120 jours pour la moyenne de l’élevage et jamais au-delà de 150 jours, une exigence. « Un agneau consomme un kilo par jour. Si vous gagnez une semaine d’engraissement vous gagnez 7 kilos d’aliments par animal. Multiplié par 850 agneaux… », détaille le gestionnaire. L’enjeu qui se cache ici derrière la sélection génétique peut rapidement concerner 6 tonnes d’aliments. « À 300 euros la tonne, ça monte vite. » Les 1800 euros gagnés ici grâce à un potentiel de croissance travaillé ne représentent que l’un des bienfaits de l’amélioration du potentiel génétique des animaux, juge Philippe Richard. La prolificité, objectif de tout éleveur, en découle également. « Avec l’exploitation qui est la mienne, mon objectif technique est de 30 kilos carcasse produits par an et par brebis. Soit environ 900 agneaux à l’année. Un niveau de production qui mettra mon exploitation à l’abri des soubresauts éventuels des cours du mouton mais également du prix des aliments ».
4000 euros investis dans la génétique par an
Engagé sur la bonne voie, Philippe n’a pas encore tout à fait atteint son objectif. Avec une productivité numérique de 1,43 par brebis (1,2 pour la moyenne du groupe suivi par l’Adeds), il comptabilisait environ 850 agneaux en 2013 (dont 140 agnelles de renouvellement). « Pour atteindre un prix moyen à 140 euros par agneau, je désaisonne autant que possible. Mais, je rencontre ici quelques difficultés. Parce que je ne fais que des agneaux de bergerie et parce que les acheteurs apprécient les produits de cette race, je suis passé il y a sept ans environ en race pure charollaise. Celle-ci présente quelques difficultés à la production à contre saison », reconnaît l’éleveur pourtant convaincu du bien fondé de sa stratégie. Par une sélection plus pointue des agnelles de renouvellement sur les souches les plus réceptives au désaisonnement, Philippe espère améliorer ses résultats. Depuis deux ans, dans cet objectif, il travaille avec le syndicat départemental des éleveurs d’ovins. Il a contractualisé l’option « suivi de reproduction » du contrôle de performance. Chaque année depuis quatre ans, 15 à 25 agnelles inscrites sont introduites dans le troupeau. Avec l’achat des reproducteurs mâles, c’est environ 4000 euros qui sont investis dans la génétique chaque année. Le suivi de carrière de chaque brebis permet une sélection appropriée à la stratégie de l’exploitant. Pour Philippe, l’amélioration des performances au désaisonnement est l’objectif des années à venir.