Energies : Devenir des producteurs d'énergies renouvelables
Méthanisation, éoliennes, bois déchiquetés, photovoltaïques, les exploitants ont une palette de possibilités.
Les projets d'énergies renouvelables se multiplient, se réalisent, s'enlisent, avortent. Ainsi va la vie des énergies renouvelables. Aux premières loges, Thomas Lebargy, conseiller agro-ressources et économie d'énergie à la Chambre d'agriculture de Charente-Maritime. Aujourd'hui, dans le conseil, il a une préférence pour le photovoltaïque qui le séduit par son retour sur investissement. Il n'en délaisse pas moins les «montages» autour de la méthanisation. Citant en exemple celui de Fabien et Gaelle Tranquard à Bords, des deux CdC, celle d'Aunis et Surgères (agriculteurs et Cyclad), à l'enquête publique jusqu'au 4 mai et la Cara-Saujon, projettent des installations dans les prochains mois, fondés sur des sous-produits agricoles et déchets verts. Les agriculteurs y sont associés : portage agricole, intrants agricoles, actionnariat agricole. «En plus d'apporter un complément de revenus aux agriculteurs, ces projets permettront d'injecter du gaz renouvelable dans les réseaux GRDF, valorisant les déchets agricoles et permettent de produire un digestat pour fertiliser les cultures et enrichir les sols en matière organique» précise-t-il. D'autres projets de méthanisation, souvent groupés, calent. Comme celui de Méthadoux, porté par le tenace Christophe Babin, dans l'agglomération rochelaise recalés par 2 fois par la justice pour insuffisance sur le plan financier, ou celui de Christophe Chagneaud à St Just ou celui du lycée agricole de Saintes en proie à des oppositions riveraines. Pourtant. Le projet Surgèrien, Aunis Biogaz, porté par Thierry Bouret, agriculteur à St Pierre d'Amilly, peut compenser un quart des besoins de la ville pour valoriser 40 000 t de fumier et de lisier, 2 000 t de tonte de pelouse détournées du circuit Cyclad. Cette dernière a investi 500 KEUR dans le capital de l'entreprise (1,3 MEUR) pour un coût avoisinant 8,5 MEUR. Un bienfait pour l'environnement et le territoire assure Jean Gorioux, le président de Cyclad et de la Communauté de communes Aunis Sud. «L'émergence des oppositions passe par la prise en compte très en amont de l'acceptation des projets» analyse- Thomas Lebargy : «c'est en Charente-Maritime un élément important à prendre en compte dans la faisabilité.» Il détaille : un projet ce sont les matières qui entrent, la valorisation de l'énergie, le digestat, le financement et l'acceptabilité locale. «Cette dernière se prépare dès le début du projet. Communiquer ou pas... pour présenter le projet. Il y a une réelle réflexion sur les choix de communication, site internet, réunion publique.» Une journée à Saintes, réalisée par la Chambre, a réuni 80 personnes rien que sur cette notion et l'aspect juridique. «Il serait quand même dommage ne pas avoir d'unités de traitement des déchets organiques en Charente-Maritime. C'est pourtant très développement durable... »
Le conseiller de la Chambre d'agriculture ne cache pas que l'attrait touristique et patrimonial de l'espace charentais maritime peut susciter des réticences des habitants et des conseils municipaux. Des projets existent. Les Cuma y réfléchissent. «La méthanisation est plus complexe que le photovoltaïque et impacte plus fortement les exploitations en termes agronomiques et économiques, de maintenance.» La production de gaz se fait maintenant dans des injections au réseau. «Il y a 5 ans on fabriquait de l'électricité par méthanisation, aujourd'hui, c'est du gaz pour réseau. Au-delà d'une certaine taille, c'est une obligation. Ce sont aussi les projets les plus rentables. Mais l'injection est plus coûteuse que la co-génération.» Normal que le financement, notamment des banquiers, s'arc-boute sur la faisabilité du projet et de la technicité du porteur de projet. «Aujourd'hui, la méthanisation n'est plus réservée qu'aux seuls éleveurs, mais aussi à des céréaliers. Ces derniers savent qu'ils vont valoriser la matière organique produite, qu'ils sont actionnaires d'un projet rentable, qu'ils peuvent par des cultures intermédiaires à vocation énergétiques (intercultures) apporter de la matière au méthaniseur. Ils voient la pertinence agronomique. » Une sorte d'assurance revenu. «Ce sont des contrats sur 15 ou 20 ans pour l'énergie.» Peu d'éleveurs en Charente-Maritime peuvent se lancer dans la méthanisation en termes de «gisement.» D'autant que dans la pratique, la méthanisation est prenante et chronophage. «Mieux vaut être en GAEC.»
Les autres énergies
L'éolien, peu demandé en petit, et «pas rentable», («sinon en outil de communication») passe surtout par les champs ou les parcs. Problématique, où les mirages du début du siècle se sont évanouis, qui dépend là aussi de sociétés «off shore» de la Charente-Maritime. Quant aux utilisations du bois, la CUMA interdépartementale est sur les rangs. «Reste une fenêtre de tir, pour le chauffage des propriétés, des Gaec ou des hameaux. Il y a là un marché des micro-chaufferies bois avec réseau de chaleur... et des économies.» Les autres chaudières collectives sont approvisionnées par des fournisseurs nationaux à prix bas. «Le marché de la plaquette bois forestière ou de l'entretien des haies est à de coûts plus élevés que celle du recyclage bois. Tout dépend du prix des autres énergies.»
Dans ce tour des «énergies renouvelables», Thomas Lebargy se place en conseillers, références en main, process connus et démarche tracée et équivalence énergétique entre éoliennes, solaire, chaudières, méthanisations, cultures énergétiques. «L'important est d'être très amont dans la réflexion pour réussir le projet, de l'étude d'opportunité à l'étude de faisabilité réalisées par la Chambre, avant que d'engager des frais dans un bureau d'études. Les projets de méthanisation trouvent écho chez les agriculteurs techniquement performants.» L'approche rentabilité-investissement est le leitmotiv. Et même si les «femmes sont derrière», ces projets d'énergies renouvelables sont souvent masculins et jeunes.