Irrigation
Eviter le seuil d’alerte huit années sur dix
Les organismes uniques de gestion collective vont devoir proposer dans leur règlement intérieur les règles d’utilisation des volumes. Sur la zone couverte par l’Établissement public du marais Poitevin, il est proposé une gestion volumétrique à la quinzaine.
Vendredi 28 mars, l’Aids, structure syndicale et la Coop de l’eau, outil de pilotage des dossiers de création des retenues d’eau, tenaient leurs assemblées générales. Au restaurant Mon Plaisir, à Saint-Christophe-sur-Roc, 70 personnes, irrigants ou dans l’ambition de le devenir, participaient aux travaux. Le fonctionnement des organismes uniques de gestion collective était l’un des deux points phares de la journée. L’avancée des projets de création de ressources, le second. Jean-Eudes du Peuty, chargé de mission au service de l’Epmp, établissement public du marais Poitevin, partageait les principes de la gestion collective qui sera prochainement proposée aux irrigants des bassins de la Sèvre niortaise, du Lambon, de Mignon-Courance, de l’Autize Vendée et du Curé. « Par la mise en place des volumes fractionnés à la quinzaine, l’Ougc a pour ambition d’éviter les situations de crise », expliquait l’intervenant. Cette gestion responsable, partagée par tous, permettra un report des volumes non consommés d’une quinzaine sur l’autre dans la mesure où le niveau de l’eau dans le milieu reste supérieur ou égal à une courbe d’alerte définie par l’Ougc. « En deçà de cette courbe, ils ne le seront plus. Eviter le seuil administratif d’alerte renforcée, déclenchant des interdictions d’irriguer, doit être la préoccupation de tous. »
Les règlements intérieurs des différents Ougc (*) actuellement en cours de rédaction auront tous cette ambition. « Nous revenons au principe cohérent de la gestion volumétrique mis en place par les irrigants dans les années 1990 », commentait Philippe Charles, président de l’Aids et de la Coop de l’eau. Ce travail responsable dans lequel les irrigants sont acteurs doit permettre, c’est l’objectif fixé par la loi sur l’eau, d’éviter les seuils d’alerte 8 années sur 10. « La gestion mise en place dès cette campagne d’irrigation permettra-t-elle d’être à la hauteur des attentes ? Nous ne pouvons que l’espérer », posait le représentant de l’Epmp. Le doute toutefois est possible. Ce dispositif de gestion repose sur le stockage de l’eau. Si les dossiers avancent, aucune réserve sur le secteur évoqué n’est encore sortie de terre. Dans l’état actuel des choses, l’efficacité ne peut être totale.
Sur ce dossier, la Coop de l’eau œuvre sans relâche. Concernant les 26 ouvrages à l’étude sur les bassins de la Sèvre niortaise, Mignon-Courance et Lambon Amont, la seconde phase d’études est engagée. « Les études d’incidence vont être conduites. Elles devront permettre, d’ici 18 mois, de décrocher l’arrêté d’autorisation et les permis de construire permettant le stockage hivernal de 8,77 millions de mètres cubes d’eau », expose Philippe Charles.
Le travail ici lancé depuis de nombreuses années était observé avec envie par les exploitants du nord du département. « Sur le bassin du Thouet les agriculteurs ont besoin de volumes réservés. Certains éleveurs ont recours aux assurances sécheresse une année sur deux. La situation n’est pas tenable. Nous devons rapidement mettre en œuvre les moyens permettant de sécuriser les systèmes fourragers. » Un recensement des besoins est lancé. Un état de lieux est également en cours. Un travail autour de la mise aux normes des étangs existant sera ensuite conduit.
« Dans le nord du département des ressources existent. Nous espérons pourvoir les mobiliser relativement rapidement », confiait Philippe Charles.
(*) Ougc en Deux-Sèvres, voir carte publiée page 8, Agri 79 du 7 février 2014.
Chambre régionale d’agriculture
Le long chemin de la gestion collective de l’eau
On peut aborder le dossier de l’eau dans la région, sous l’angle qualitatif et sous l’angle quantitatif. Dans le premier cas, c’est se plonger dans le nouveau programme de la directive nitrates. Et c’est ce qu’a fait la chambre régionale d’agriculture, le 31 mars. Ses membres ont dénoncé, « un dossier très compliqué », dont on mesure l’importance au nombre d’exploitations qui vont devoir investir à nouveau dans des installations de mise aux normes, avec des
« charges supplémentaires pour des secteurs de l’élevage qui n’en ont pas besoin », commentait le président, Luc Servant.
Mettre à l’ordre du jour l’aspect qualitatif de la gestion de l’eau, c’est faire le constat que les agriculteurs n’ont d’autre solution que celle de mettre en place des structures imposées par la loi. « A partir du moment où le processus se met en place, on se devait de s’impliquer », résumait Dominique Marchand. C’est alors peu de dire que la profession n’y va pas de gaieté de cœur. Mais l’enjeu est important pour les 4 000 exploitations qui irriguent, dont 80% qui sont concernées par les Organismes uniques de gestion collective de l’eau (lire Agri 79 du 7 février) désignés en 2013. Cette année-là, 265 millions de mètres cubes ont été attribués en Poitou-Charentes. Ils ont permis d’irriguer
200 000 hectares, dont la moitié en maïs, ce qui représente une baisse de 15% depuis 2005. A partir de 2017, les volumes seront ramenés à 177 millions de mètres cubes, soit une baisse de 33%.
D’ici là, la profession espère que le dossier des retenues aura bien avancé. A elles seules, elles devraient permettre de stocker 48 millions de mètres cubes. Deux cents sont prévues, mais « toutes ne verront pas le jour », regrette Luc Servant. La profession se heurte à des oppositions et le mode de financement prévoit une participation des irrigants à hauteur de 50%.
La chambre régionale s’est par ailleurs déclarée en faveur « d’une politique forte de soutien à élevage » dans le cadre du second pilier de la PAC. « Cette politique régionale est en train de s’écrire avec les services de l’Etat, mais on souhaiterait être davantage impliqués », soulignait le président, avant de rappeler que l’installation des jeunes reste une priorité.