Gagner quelques euros supplémentaires en viande bovine
Au Gaec Champain, les 150 reproductrices blondes d’Aquitaine seront 200 d’ici deux ans. Le vêlage des génisses à deux ans systématisé en 2010 pour augmenter la production de viande, permet dans l’actuelle situation d’accélérer la croissance du cheptel.
«Notre revenu est dépendant des kilos de viande produits », posent les associés du Gaec Champain. Cette certitude oriente toutes les décisions stratégiques qui concernent l’atelier bovin viande de cette exploitation située à Pougne Hérisson. Le développement de l’IA au fil des ans en est l’une des conséquences. Le développement du vêlage à deux ans une seconde. « Les résultats positifs de l’insémination sur le troupeau de caprins m’ont conduit à tenter l’expérience en bovin », commente Jean-Luc Champain. C’était au cours des années 90. « Rapidement je me suis aperçu que les filles de taureaux d’IA vêlaient très bien. » Chaque année l’investissement est maintenu. Aujourd’hui vaches et génisses sont inséminées. Le troupeau de blondes d’Aquitaine du Gaec Champain qui compte 5 associés et un salarié, pratique 100% d’IA. Un fait relativement rare pour un élevage de cette race dont les produits viennent exclusivement de la vente de la viande. Les conséquences positives de ce choix se mesurent sur de nombreux points, juge Solène, associée avec ses parents depuis un an. « Nous avons dû faire intervenir le véto en 2013 pour une césarienne. La précédente avait lieu en 1996. » Outre les facilités de naissance, le travail de la génétique a apporté du gabarit aux animaux reproducteurs, un potentiel de croissance intéressant pour la production de baby, également du poids autour de 520 kilos pour réformes engraissées.
En présence d’une pratique systématisée de l’insémination artificielle et une conduite des jeunes animaux en stabulation, en 2008 sur recommandation de son inséminateur, Jean-Luc essaie les premiers vêlages à deux ans. « Les jeunes femelles de l’année regagnent les bâtiments lorsque leurs mères sont inséminées. Elles en ressortent après leur deuxième veau. » Cette conduite permet de suivre avec précision le régime alimentaire et de maîtriser la pression parasitaire. Elle est dans cet outil quasi inexistante. Un constat qui satisfait les exploitants sans que ces derniers ne puissent vraiment expliquer ce phénomène.
« Nous avons peu de problèmes sanitaires. Terroir, ration à base de foin et d’enrubannage moins acidogène et plus digeste que l’ensilage d’herbe, la conduite en bâtiment des jeunes animaux également, peuvent participer à cet état de fait. »
Inséminées précocement
Qualité génétique et bon état sanitaire du troupeau forment un socle solide qui, sans nul doute, aura contribué au succès du développement du vêlage à deux ans. Quatre en 2008, 8 en 2009… aujourd’hui 60% des génisses sont inséminées précocement. « Tout ce que l’on peut », précisent Jean-Luc et son fils Kévin également salarié de l’exploitation. Effectivement, la période d’insémination courant d'août à novembre pour les génisses et de septembre à février pour les vaches, certaines génisses sont trop jeunes pour la reproduction l’année qui suit leur naissance. « Quoi qu’il en soit, elles mettront bas avant leurs trois ans », certifie Solène.
La technique qui de l’avis des exploitants n’a aucune conséquence sur la croissance,la reproduction, le gabarit ou encore la longévité des animaux permet en revanche d’augmenter la production de viande sur la carrière d’une vache. « En gagnant un an, on gagne au moins un veau donc des kilos. Notre revenu se fait là. »
A lire un dossier de 6 pages dans Agri 79
26717 kg de viande vendus en 2011
En 2011, alors que l’exploitation comptait 70 vaches, 26717 kilos de viandes étaient commercialisés. Depuis, parce que l’outil se développe par croissance interne, ce chiffre baisse pour mieux remonter ensuite. En 2014, 150 vaches sont en production. Il y en aura 200 d’ici un an ou deux. Le Gaec qui compte aujourd’hui 5 associés et emploie un salarié est promis à quelques restructurations. D’ici un an, Jean-Marie Brossard, l’aîné des associés, partira en retraite. Kévin abandonnera son statut d’employé pour endosser celui d’associé. L’équipe formée de la famille Charrier, Jean-Luc le père, Béatrice la mère, Solène et Kévin, fille et fils épaulés par Roselyne Brossard, abandonnera la production de lait de vache (540 000 litres de quotas). Outre l’atelier viande alors composé de 200 vaches, la société comptera toujours un atelier de 400 chèvres et 213 ha de surface dont 70 en céréales, 20 en maïs et 123 en prairies.