JA
Guillaume Mandin promeut la force du collectif en laquelle il a foi
Guillaume Mandin a participé au congrès à Saint-Brieuc, du 3 au 5 juin. Administrateur depuis deux ans, il cède sa place pour se consacrer à la région syndicale. Le 14 mai, aux Ruralies, l’éleveur laitier était élu président de JA Poitou-Charentes. Interview.
Vous rentrez de Saint-Brieuc déchargé de votre mandat national. Que vous ont apporté ces deux années de responsabilités ?
C’est une expérience enrichissante, tant sur le plan de la maturité qu’en termes d’acquisition de connaissances. Les échanges à Paris obligent à prendre du recul, à sortir du quotidien pour mieux analyser le contexte global et proposer et acter dans l’intérêt général des agriculteurs et de l’agriculture. Lorsque l’on s’installe, on est centré sur son projet. Chaque minute semble compter. Atteindre ses objectifs est une priorité. Cette concentration sur l’avenir de son exploitation est nécessaire. Elle ne doit toutefois pas faire oublier que dans un monde agricole en perpétuelle évolution, s’il est essentiel d’avoir les pieds sur terre et les mains dans le cambouis, il est indispensable de tendre l’oreille vers Bruxelles et de garder un œil sur les échanges mondiaux.
Être agriculteur, c’est mettre en place des processus de production longs dans un environnement législatif et commercial aussi imprévisible que la météo. Le syndicalisme œuvre en faveur d’une certaine stabilité. S’engager, c’est renforcer le poids du collectif dans les négociations qu’il mène dans l’intérêt général, tout en s’offrant en tant qu’exploitant une meilleure connaissance de l’environnement avec lequel il faut composer.
Alors que vous laissez vos responsabilités nationales, nous renforcez votre investissement régional. Le 14 mai dernier vous étiez élu président de JA Poitou-Charentes. Quelles sont vos priorités ?
La mobilisation des jeunes à travers la relance syndicale est indispensable. JA est présent sur des dossiers fondamentaux. Si chacun d’entre nous a pu s’installer c’est assurément parce que, par le passé, d’autres se sont battus pour défendre la place des jeunes en agriculture. Le statut, les aides, la politique agricole commune, selon leur définition, leur montant, leur orientation laisseront plus ou moins de place aux porteurs de projets. Sans renouvellement des générations le monde agricole perdra de sa force. Individuellement nous avons tous à y perdre.
Comment envisagez-vous l’action de JA Poitou-Charentes au cours des 2 années à venir ?
Nous allons davantage communiquer sur notre action. JA est un syndicat, les jeunes agriculteurs doivent savoir et comprendre que nous travaillons à la défense de leurs intérêts. La convivialité est une approche qui nous est chère, mais elle n’est pas notre raison d’être. Nous portons des valeurs. Et notamment celle de la force du collectif. Le groupe est plus qu’une somme d’individus. Une vérité à laquelle croit JA. En s’unissant, les jeunes agriculteurs augmentent leurs capacités à agir avec pertinence et à se faire entendre collectivement.
Vous commencez votre mandat alors que la Finale mondiale de labours aura lieu début septembre en France et tout près de chez nous en Gironde. Allez-vous mettre cet événement à profit pour mobiliser ?
Oui, nous allons essayer. C’est effectivement une bonne occasion pour fédérer dans la convivialité. C’est une belle opportunité, un beau projet qui doit nous permettre de redonner vie dans les départements de la région à des groupes qui au fil des rencontres apprendront à se connaître pour mieux investir, dans un second temps, le champ syndical.
Justement, côté syndical, que retenez-vous du congrès de JA National qui s’est déroulé la semaine dernière ?
Nous parlions il y a quelques minutes de prendre du recul , je parlerai même de prendre de la hauteur. Les réflexions conduites au sein du groupe JA le permettent, nous y obligent même. Alors que 2014 est l’année internationale de l’agriculture familiale, Jeunes Agriculteurs a planché sur le sujet. Ce modèle est le nôtre. Nous le défendons. L’agriculture servira les territoires et les femmes et les hommes qui y vivent si les agriculteurs gardent la maîtrise financière de leurs outils. C’est vrai en France, c’est vrai en Afrique… c’est vrai, partout dans le monde. Quand nous parlons d’agriculture familiale, nous pensons à une agriculture qui d’une génération à l’autre reste financièrement aux mains des agriculteurs (au sein ou non d’une même cellule familiale) par opposition à ce qui tend à se développer dans certaines régions et que l’on nomme agriculture de firme. Le pilotage des outils doit être aux mains des exploitants. Un objectif qui n’interdira pas dans nos fermes l’arrivée de capitaux extérieurs pour répondre aux problématiques que posent les reprises aux montants toujours plus élevés. Nous devons définir le cadre et trouver des solutions qui s’y intègrent. Un chantier pour lequel nous avons besoin de l’avis du plus grand nombre.