Viande
Habitudes et prés carrés freinent le regroupement de l’offre bovine
Pas facile de convaincre les entreprises de viande de la nécessité de regrouper l’offre. C’est pourtant la seule perspective qui se présente pour que les éleveurs puissent espérer un relèvement des prix à la production.
Le secteur de la viande bovine n’arrive pas à reprendre des couleurs. Les éleveurs sont inquiets car le rapport prix / charges reste en leur défaveur. Pourtant, tous les indicateurs de marché sont au vert, selon Jean-Pierre Fleury qui s’exprimait devant des éleveurs de la section bovine de la Fnsea 79 la semaine dernière. « La consommation de viande augmente dans les pays émergents ; les prix flambent sur les marchés mondiaux ; dans l’Union européenne, les importations descendent inexorablement et les exportations reprennent en France ; depuis 2002, la consommation augmente - +2% en 2010-, malgré la baisse de la consommation, parce que la population augmente… Nous entrons dans une nouvelle période, avec des opportunités de marché », résumait-il.Cependant, la production, elle aussi, augmente. « A cause de la décapitalisation ! », se désole Alain Chabauty. Les éleveurs n’auraient pas d’autre choix pour faire face à leurs échéances et au déficit fourrager dans la région. Ce que confirment les revenus des éleveurs spécialisés avec en moyenne 0,7 Smic par UTH, selon Pascal Bisson, à la chambre d’agriculture. Quand les prix ne suivent pas, comparativement aux mêmes catégories d’animaux par rapport à l’Allemagne, Jean-Pierre Fleury pointe « les retards pris par les entreprises françaises. Elles n’ont pas fait les efforts suffisants pour exporter sur pays tiers », regrette-il.Pour la Fnb, le regroupement de l’offre, « maillon faible de la filière », est la seule porte de sortie. « Le rapport de force entre l’entreprise Bigard, numéro un de la viande et les grandes surfaces est en faveur de Bigard », estime-t-il. Selon lui, les 105 organisations de producteurs, n’ont pas d’autre choix que de travailler en commun, pour faire des offres communes. « Si on ne le fait pas, l’Etat l’imposera d’une façon ou d’une autre, ne se serait-ce qu’en renforçant les conditions d’agrément des OP », prévient Alain Chabauty. Le président de la section bovine prévoit ce coup de semonce « à très brève échéance, peut-être avant l’été », avec la contractualisation.« Alliances ne veut pas dire obligatoirement fusion », fait remarquer Jean-Pierre Fleury. « Tout le monde veut garder sa liberté, mais elle a un prix ! L’aval se restructure, le regroupement de l’offre est le seul moyen que nous avons pour peser sur les abatteurs et donc sur les prix », explique-t-il encore. Le message devrait être plus facile à entendre de la part des jeunes éleveurs vulnérables en périodes de crise. La Fnb demande donc « un plan bancaire de reports d’annuités » et « un plan européen de 350 millions d’euros », comme en a obtenu le secteur laitier.
Réforme des cotations : on vise le cœur de cible
Les marchés de référence ? « Peut mieux faire », s’est exclamé Jean-Pierre Fleury. On s’achemine vers une réforme des cotations en profondeur qui repose sur le cœur de gamme, « des animaux référents », dans chaque catégorie (VA, VL, veaux…) en excluant le très haut et le très bas de gamme.Le nombre de régions de cotation devrait passer de dix à cinq : nord-est, centre-est, grand sud et le grand ouest qui s’étendra de la Charente-Maritime à la Haute-Normandie. « L’idée consiste à agglomérer les types raciaux », avec prise en compte des outils d’abattage, explique Jean-Pierre Fleury.Avec la spécialisation des bassins, les cotations de charolaises, par exemple ne seront pas retenues dans le grand sud-ouest, ni la limousine, dans le grand ouest. « Une charolaise U+, par exemple, ne sera pas cotée dans cette race-là. Elle sera assimilée à une prim’holstein », explique Alain Chabauty.Les caractéristiques d’abattage, ainsi que les prix seront centralisées avec croisement des informations avec celles de Normabev. Toutes les cotations seront centralisées et connues le même jour, à la même heure.