Hommage à Jacques Bobe qui a incarné toute la complexité charentaise
Jacques Bobe est décédé la semaine dernière et l’église de Chateauneuf était bien trop petite pour lui rendre un dernier hommage lundi 23 octobre. C’est une « longue maladie » qui a emporté l’ancien directeur du Crédit agricole de la Charente à l’âge de 81 ans. Il a marqué le département.
Il n’y a pas encore si longtemps, il participait à tous les événements charentais, n’hésitant jamais à jouer des coudes pour être aux premières loges. En juin, il était de la fête pour les 20 ans de Magelis. Il était comme ça Jacques Bobe, il ne calculait pas, il vivait à fond la vie et les instants de la vie.
Gros travailleur, opiniâtre en diable, doté d’une mémoire des noms et des visages peu commune, d’une intelligence très vive doublée d’une volonté de fer, il a marqué l’histoire du département des dernières décennies. Il a notamment présidé le département de 1998 à 2003 et fut député de la circonscription de Cognac de 2002 à 2007, il a aussi présidé de nombreux organismes où son activisme fit merveille.
Jacques Bobe était un homme singulier qui réussit (ils ne sont pas si nombreux) à faire la synthèse de l’Angoumois et du Cognaçais pour porter haut les couleurs de la Charente. Terrien à Touzac, il était urbain à Angoulême, il pouvait plonger dans les dossiers du Pôle image le matin et se fondre dans le monde du cognac l’après-midi…
Issu d’une famille de viticulteurs, Jacques Bobe a effectué presque toute sa carrière professionnelle au sein du Crédit agricole. Il fut notamment sous-directeur de l’Institut de formation des cadres de la banque verte avant de prendre la direction de la caisse régionale de la Charente.
Déjà, grâce à sa volonté et son entregent, il n’hésitait jamais à dépasser son rôle de directeur général pour défendre des projets de développement qu’il estimait essentiels pour notre Charente.C’est donc tout naturellement qu’il fut chargé d’une mission d’étude pour le développement du département par le président du Conseil général de l’époque, Pierre-Rémy Houssin, à la fin de sa carrière professionnelle.
Le tremplin pour la carrière politique était tout trouvé, et il succéda à « Pémy » lorsque celui-ci claqua la porte, mis en ballotage défavorable pour les sénatoriales par la jeune garde incarnée alors par Henri de Richemont. Claude Mesnard devait hériter de la présidence du département, Jean-Michel Bolvin faisait figure de remplaçant idéal mais c’est finalement Jacques Bobe qui se glissa dans le trou de souris.Il présida donc le département de 1998 à 2003, non sans être devenu d’abord conseiller général du canton qui ne s’appelait pas encore Charente Champagne (en 1994) puis maire de Châteauneuf en 1995 (une commune qu’il dirigea jusqu’en 2007).
Le style Jacques Bobe (plus chef d’entreprise et efficace que politique et consensuel) ne lui attira pas que des sympathies au conseil départemental et il dut lui aussi démissionner, lâché par ses « amis » et empoisonné par le développement de ce qui ne s’appelait pas encore Magelis mais dont l’emblème de l’époque (la fameuse fusée Tintin) fut un échec cuisant.
Mais entre-temps, en 2002, il se fit élire député de la seconde circonscription de la Charente (Cognac-Barbezieux), l’emportant de justesse face à Jérôme Mouhot et la socialiste Maryline Reynaud. Il fréquentera le Palais Bourbon jusqu’en 2007 après avoir présidé durant quelques années l’UMP Charente.
Toujours curieux de tout, Jacques Bobe suivait encore de près l’actualité charentaise et notamment la filière du cognac. Il fut aussi l’un de nos plus fidèles lecteurs. À son épouse Hélène et à ses enfants, La Vie Charentaise et Terres de Cognac adressent leurs plus sincères condoléances.