Ils arrivent d'ailleurs pour reprendre un commerce
De Journet à La Trimouille en passant par Brigueil-le-Chantre, des commerces ouvrent en milieu rural grâce à des personnalités plutôt atypiques. Rencontres.
Courageux ou complètement fous, Émilie Dautreix ne sait pas choisir entre les deux qualificatifs qui les décriraient, elle et son compagnon Laurent Aitsiali, et l'aventure dans laquelle ils se sont lancés il y a quelques semaines. Le couple (bientôt marié) est arrivé de la Rochelle en 2022. Ils travaillaient tous les deux dans le secteur médical et aspiraient à "changer de vie". Une annonce de vente de maison les mène à Brigueil-le-Chantre et le charme opère. " Le village est trop beau. On a le coup de cœur. On achète une maison au prix d'un garage à La Rochelle et on la restaure" explique Émilie Dautreix qui reconnaît que leur intégration, très facile, a sans doute contribué à ce qu'ils se sentent bien rapidement. Et leur fille de 10 ans est scolarisée dans l'école du village. Seul hic ? le travail. "Il n'y en a pas beaucoup par ici " explique Émilie Dautreix qui, comme son compagnon, ne souhaite pas retravailler dans le secteur médical. C'est il y a deux mois qu'elle a l'idée d'ouvrir un commerce dans le village. " Je voulais un endroit où les habitants pourraient trouver des produits dits de première nécessité. Parce qu'ici il faut faire au moins 15 km pour trouver le premier supermarché. Qu'ils puissent aussi se retrouver autour d'un verre" explique la commerçante. L'ancienne boucherie, juste en face de la mairie, devient l'épicerie "Coeur de village" est est alors investie de casiers qu'elle aménage progressivement. Et si Laurent Aitsiali envisageait un autre projet professionnel, finalement il rejoint sa compagne dans le magasin. Lui, est d'ailleurs plutôt à l'accueil des clients, 7 jours sur 7, quand elle fait le tour des producteurs locaux pour compléter ses gammes. Du pain et des viennoiseries, des fruits, légumes, fromages, viande, lait cru, œufs et légumes secs qu'elle va chercher à moins de 30 km. "Ma tournée fait 120 km" sourit la commerçante épanouie qui prévoit de proposer des produits cosmétiques ou d'artisans locaux dans les prochaines semaines. Et pourquoi par du poisson pour remettre un peu de mer rochelaise dans la campagne de la Vienne. Des travaux, prévus dans la pièce à côté de l'épicerie, permettront prochainement aux clients de s'asseoir à l'abri pour boire un verre. "On se donne un an pour en vivre tous les 2" convient le couple, ravi des premières semaines.
De la Savoie à La Trimouille
Le secteur Est de la Vienne a aussi séduit Sylvain Fouilhe et son épouse. Pour le moment, il est seul aux manettes du "Panier sympa" à la Trimouille. Sa famille, restée en Savoie pour terminer l'année scolaire, le rejoindra dans quelques jours. "Nous sommes arrivés ici après avoir visité des enseignes en Bretagne, dans le Cantal ou encore l'Aveyron. J'avais travaillé dans la grande distribution à Eymoutiers et nous souhaitions revenir à proximité" explique Sylvain Fouilhe qui avait la volonté de revenir à "la simplicité, l'authenticité et les valeurs humaine de la ruralité", après une carrière dans la grande distribution qui s'était terminé par un burn-out. "La ruralité ne rime pas avec zéro chiffres d'affaires bien au contraire. Nous répondons à une vraie attente de service de proximité. Les habitants jouent le jeu car ils savent ce que cela fait quand des commerces fermes dans un village" ajoute le commerçant qui a aussi la volonté de proposer des produits locaux : légumes de Liglet (Le cri du radis), fromages de Rérolles, viande du Gaec Le Bon pasteur.
De l'Australie à Journet
Le Journet café porte bien son nom. Il a été repris début mai, par Mike et Wayne. Originaire d'Australie, c'est le frère de Mike, propriétaire de gîtes à Journet, qui leur fait découvrir le village. " J'adore ce village et j'aime la France, sa gastronomie, son fromage et son vin rouge. J'ai aussi grandi dans la campagne australienne" lance d'emblée Wayne. Après le Covid, avec Mike, il a voulu "changer de vie et reprendre un petit café de campagne". Celui de Journet était fermé depuis 20 ans et au vu de l'affluence aujourd'hui, son ouverture était attendue. "Beaucoup d'habitants avaient des souvenirs ici et étaient très tristes d'avoir perdu ce lieu" explique Mike. Six mois de travaux ont été nécessaires. Le Journet café est désormais ouvert du vendredi au mardi de 8h à 17h, proposant un petit-déjeuner avec viennoiseries et, le midi, un menu avec quiches et cheesecake. "C'est frais et de saison et on n'oublie pas les produits locaux " assure Mike. Il suffit de s'abonner à leur page Facebook ! "Les photos publiées donnent envie de venir chercher une part de quiches ou de cheesecake. Il faut faire vite car les plats ont beaucoup de succès " confirme une cliente attablée ce jour-là. Dans l'été, une galerie d'art sera installée à l'étage avec des expositions de créateurs et artisans locaux. Et à côté des cuisines, c'est un coin épicerie qui sera bientôt aménagé.