Indésirable orobanche dans les colzas
Depuis une bonne quinzaine d’années, l’orobanche se développe en particulier dans les parcelles de colza de la région. Et pour l’instant les moyens de lutte ne sont pas à la hauteur des enjeux de sa prolifération.
L’orobanche ? « Un fléau », selon le Cétiom. Dans les parcelles de Jean-Marc Renaudeau, à Saint-Rémy, le centre technique présentait les moyens mis en œuvre pour combattre ce parasite invasif observé dans 1 000 parcelles soit un tiers des 150 000 hectares de colza en Vendée et Poitou-Charentes. Mais elle est également présente dans des parcelles de lin, tournesol, soya, tabac et melon.Son expansion dans les terres de Jean-Marc Renaudeau, date d’une quinzaine d’années. Plus particulièrement « sur des terres caillouteuses », explique-t-il. Mais selon Christophe Jestin, chargé d’études au Cétiom, « pour l’instant on ne peut pas conclure qu’il y a un lien avec le pH ».« Il faut s’adapter », poursuit Jean-Marc Renaudeau qui lui attribue des pertes de rendement d’un tiers alors qu’elles peuvent compromettre jusqu’à 100% de la récolte. Car pour l’instant les moyens de lutte peuvent sembler dérisoires. Ils consistent d’abord à décaler les semis de colza de cinq à dix jours, soit au début septembre. De cette façon, le colza peut donner tout son potentiel sans être trop pénalisé. Il est aussi conseillé d’utiliser un semoir monograine et le binage qui permet au colza d’être « plus vigoureux », « plus apte à résister » à ce parasite qui produit un suçoir qui se fixe sur la racine du colza pour en pomper la sève et ses nutriments.L’allongement des rotations, - tous les cinq ou six ans -, est également considéré comme une piste à ne pas négliger. En lien avec le Cétiom, des essais de variétés de colza ont été mis en place en 2006 pour évaluer leur résistance ou leur sensibilité à l’orobanche rameuse qui produit jusqu’à des milliards de graines de 0,2 à 0,3 mm, au m2, et qui peuvent vivre plus de dix ans dans le sol. Son pouvoir de dissémination, par les outils agricoles et les bottes est très important. Il est donc conseillé d’éviter la récupération des pailles dans les parcelles contaminéesLes pratiques agronomiques et la génétique sont pour l’instant, les seuls moyens de lutte. Il n’existe en effet à ce jour aucune méthode de lutte chimique, alors que le colza est une tête de rotation intéressante. Mathieu Godet, du Cétiom, parle d’une « prolifération qui pourrait devenir ingérable » si le « monde agricole ne se mobilise pas » contre le parasite.Outre les baisses de rendement, c’est une part non négligeable des ressources des abeilles qui pourrait être remise en cause. Il estime que les grandes cultures françaises assurent « 60% de la production nationale de miel». Son intérêt agronomique ne doit pas non plus être négligé. Par son développement précoce à l’automne, « le colza à une capacité à stocker les nitrates présents dans le sol ». Enfin, souligne-t-il, « 1,5 ha de colza, équivaut à un hectare de soya dont on extrait des tourteaux », utilisés pour l’alimentation des animaux.