Chasse
La chasse à la tonne à la loupe
Département côtier, parcouru de rivières et de marais, la Charente-Maritime se prête particulièrement bien à la chasse à la tonne, pratique qui attire aujourd'hui de jeunes adeptes.
Département côtier, parcouru de rivières et de marais, la Charente-Maritime se prête particulièrement bien à la chasse à la tonne, pratique qui attire aujourd'hui de jeunes adeptes.
Il y a tout ou presque en Charente-Maritime ; seul le gibier de montagne manque à l'appel. Et cette période de migration est l'occasion de faire un focus sur la chasse à la tonne ! Plus d'un millier d'installations sont enregistrées sur le département, qu'elles soient en bord d'estuaire, d'océan, de fleuve et de rivière, en marais doux ou salant. Grandes ou petites, confortables ou rustiques, il y en a de toutes configurations mais toutes n'ont qu'une même passion : le gibier d'eau !
Ce mode de chasse n'est malheureusement pas considéré comme " traditionnel " et pourtant, à l'époque il en fallait du courage et de l'amour de la chasse pour passer des nuits entières dans un tonneau sur un fond de paille, à attendre qu'une sarcelle ou un souchet veuille bien poser, pour le tirer à l'aide des oreilles de lièvre (ancêtre de la lunette de tir), en pleine nuit... Aujourd'hui, les choses ont un peu changé et le confort s'est amélioré, ce qui n'altère pas la chasse et l'esprit de la tonne.
Cette pratique, dynamique et parfois rude, surtout en hiver, attire beaucoup les jeunes chasseurs en quête d'un état d'esprit différent des autres pratiques. Rencontre avec l'un d'entre eux, Maxime, accompagné de son acolyte Roméo.
FDC17 : Bonjour Maxime, raconte-nous tout...
Maxime : J'ai vingt-deux ans, je travaille dans l'aéronautique, j'habite à Hiers-Brouage et j'ai mon permis de chasse depuis sept ans.
Pourquoi pratiques-tu la chasse à la tonne ?
Depuis tout petit, je vais avec mon père qui pratique cette chasse et j'ai attrapé le virus. Il n'y a que la tonne et rien que la tonne. Cette chasse, c'est un état d'esprit, la symbiose avec l'environnement, des bruits, des odeurs que l'on n'a pas au quotidien. Et surtout, il y a les appelants : sans eux, pas de tonne. Passer du temps avec ses oies, ses siffleurs, ses sarcelles, les écouter pour créer son jeu, les connaître afin de bien les "atteler" sur la mare... Pour un tonnayre (N.d.l.r : pratiquant de la chasse à la tonne), l'appelant, c'est comme un chien d'arrêt pour un bécassier !
Pourquoi ce mode de chasse a-t-il autant de succès chez les jeunes ?
Les jeunes recherchent de l'authenticité, du challenge, et du gibier sauvage. On ne va pas à la tonne pour le tableau ! On y va pour décompresser du boulot, pour se retrouver en famille ou entre amis autour d'un bon plat, à rêver d'une belle pose de morets (sarcelles), de bélarges (souchets) ou du graal, une pose d'oies, synonyme d'une bonne stratégie dans la sélection et la disposition de nos appelants sur le plan d'eau.
La tonne fait partie de toi, as-tu des inquiétudes sur cette chasse ?
La tonne "prend cher" et est attaquée de toute part. Les animalistes et le bien-être animal pensent que nous maltraitons nos appelants, alors qu'on les bichonne nos canards ! Les problèmes d'eau et de grippe aviaire, les contraintes réglementaires quand on veut changer son caisson de tonne... Il faut vraiment être passionné pour passer au-dessus de tout ça, mais on vit des injustices tous les jours.
Comment la défendre ?
À nous, les jeunes, de défendre cette passion. Il faut l'expliquer, la faire connaître. J'amène des non-chasseurs tous les ans pour un moment de partage. On a la chance aujourd'hui d'avoir des installations confortables, et certaines personnes veulent revenir pour vivre ces instants magiques. Il ne faut pas avoir peur de parler de cette passion qui nous tient en haleine toute l'année ! Il n'y a pas une semaine où je ne parle pas de cette chasse.