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Covid-19
La mondialisation impacte aussi les circuits courts

En quinze jours, les adhérents de Résalis vont subir une perte sèche de 40 000 €. Les producteurs en circuit court explorent tous les transferts de volumes possibles.

Philippe Baudoin, La Roche Laitière, à Brûlain, s’organise pour tenir l’activité de production et de commercialisation.
© Philippe Baudouin

Jeudi soir dernier, si ce n’est le ciel qui leur est tombé sur la tête, c’était en tout cas une grosse tuile. Les producteurs fermiers qui, alors que les collectivités convoitent les productions locales, développement ce segment de marché ces dernières années, ont appris lors de l’allocution présidentielle que les commandes des semaines à venir allaient être suspendues. Alain Guilbot, animateur de Résalis, fait ses calculs. « Sur la seconde quinzaine de mars, c’est une perte sèche de 40 000 € pour les adhérents du réseau. À l’arrêt des cantines scolaires se sont ajoutés les arrêts des restaurants d’entreprise et depuis le week-end dernier de tous les restaurants ».

Le maintien de la production pour objectif

Alors que leur chiffre d’affaires sera affecté par la crise sanitaire qui sévit, les exploitants se retrouvent avec de la marchandise sur les bras. Le risque de voir le résultat de leur travail se perdre est un facteur de stress supplémentaire. Le conditionnement des gros volumes est peu adapté au marché des particuliers. Viande, produits laitiers, légumes sont réorientés sur les circuits de distribution aux ménages, dont la demande augmente ces derniers jours. « Les magasins de producteurs jouent le jeu, reconnaît Philippe Baudouin, de la Sarl La Roche laitière, à Brûlain. Malheureusement, les volumes susceptibles d’être écoulés par ce biais sont loin d’être les mêmes qu’en RHD ».

L’exploitant, dont le chiffre d’affaires en RHD devait approcher les 20 % fin 2020, espère que ses autres clients pourront continuer à travailler. Il produit le caillé pour les tourteaux des entreprises Baillon et Baubeau. « J’espère que ces produits ne vont pas subir de baisse de consommation. Ça rajouterait des difficultés à une situation déjà tendue ».

Adossé à l’exploitation qui compte 115 vaches laitières, l’atelier de transformation emploie sept personnes. « Notre objectif aujourd’hui est de tenir la production. Si ce n’est pas possible, nous envisagerons le chômage partiel ».

Davantage de fréquentation dans le magasin à la ferme

Si des dispositifs existent pour suspendre l’activité de fabrication de produits laitiers, il n’en existe pas pour couper la production des vaches. « Nous avons trois salariés sur la ferme. Sur cette activité, la solution de repli sera, dans le pire des cas, l’augmentation du volume livré à la laiterie Lactalis. Cette rentrée d’argent permettra au moins de tenir les emplois, si la situation devait durer ».

Ces derniers jours, le magasin à la ferme connaît une augmentation de la fréquentation. Un bon point, juge Philippe. Avec ses équipes, il va renforcer la communication. « Cet épisode nous amène à prendre conscience des conséquences de la mondialisation. Elle nous frappe fort. Les flux ont été des facteurs aggravants dans la diffusion du virus. Il serait bon que l’on tire les enseignements de cette période particulièrement difficile ».

 

CHEZ MORILLE EN MODE DRIVE

Le producteur de canards d’Augé lance une gamme drive. « Aux prix ferme », peut-on lire sur sa page Facebook. Après réservation par téléphone, l’équipe de Chez Morille prépare les commandes. Il ne reste aux clients qu’à se rendre sur l’exploitation pour retirer leurs produits aux horaires préfixés.

 

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