Prim’holstein
« La passion de l’élevage s’exprime ici », au national prim’holstein
Trois cent quarante animaux étaient à Lezay le week-end dernier. L’ensemble des acteurs de la filière laitière étaient réunis avec pour ambition de conjurer le sort.
Au cœur du ring de présentation, les éleveurs s’appliquent. Chemise blanche, pantalon noir, les passionnés mènent leurs animaux avec distinction. Ce vendredi 11 juin, les exploitants ont décidé de faire abstraction des difficultés auxquelles ils ont à faire face ces derniers mois dans leur entreprise. La tête haute, ils présentent dans ce concours national de la race prim’holstein, leur préférée. Leurs ambitions sont réelles pour ces championnes objets de toutes les attentions depuis deux mois. A Lezay, un peu plus peut-être qu’à l’habitude, à chaque verdict la tension est palpable. Au cœur de la crise laitière, une consécration nationale a sans nul doute un goût particulier. Le verdict tombe. Le cri de joie de l’éleveur déclenche une généreuse ovation. La douceur d’un titre contraste avec l’amertume qui se dégage d’une filière laitière malmenée par la conjoncture. Les 11, 12 et 13 juin, le bonheur des uns était partagé par les autres. Banque, fabricants d’aliments, centre de comptabilité, assureurs, concessionnaires, centre d’insémination étaient présents à Lezay pour soutenir les éleveurs. « La passion de l’élevage s’exprime ici. Les concurrents sont des passionnés de la race. Leur détermination à aller de l’avant, à sortir des animaux qui collent aux critères de la race est entraînante », affirme François Rabier, vice-président de Génoé.
Des animaux plus grands et plus productifs
Trente-deux ans après l’édition niortaise du précédent national prim’holstein organisé en Deux-Sèvres, de nombreuses choses ont changé dans l’élevage laitier. « En 1978, les premiers animaux issus le croisement entre la holstein et la frisonne annonçait une révolution dans l’élevage laitier », retraçait Patrick Rouleau, président du comité d’organisation de l’événement lezéen lors de son inauguration. Les animaux alors d’une taille de 1,25 mètre atteignent aujourd’hui 1,50 mètre. La production moyenne par vache a plus que doublé passant de 4000 kilos à 10 000 kilos. « Une seule chose, regrette l’exploitant, n’a pas évolué : notre rémunération. Malgré tous les efforts réalisés pour satisfaire les besoins des consommateurs, notre revenu horaire est inférieur au smic. Ces deux dernières années, plus que jamais, c’est la passion qui nous tient. »
Le président régional du syndicat prim’holstein compte sur la coopération laitière. « En Poitou-Charentes, elle est encore très présente sur le territoire. C’est une chance. » « De ces outils de transformation et de leur capacité à proposer des produits attractifs, dépend la valorisation du travail des agriculteurs », poursuivait-il rappelant ainsi l’intérêt que portent les exploitants à l’avenir des entreprises. Un avenir au cœur de nombreux échanges le week-end dernier à Lezay. La menace de fermeture qui pèse sur l’usine locale du Glac ternissait la fête. Alors que les éleveurs essayaient d’échapper à la morosité ambiante, alors que Joseph Joubert, maire de Lezay, se réjouissait des conséquences positives de la manifestation sur l’économie locale, tous avaient une pensée pour les salariés de l’outil.
« Nous sommes partagés, assurait l’élu local. Ce concours national, c’est en quelque sorte la fête du lait. Mais, comment profiter totalement de l’événement quand 50 emplois risquent de disparaître ? La coïncidence est malheureuse ».