Tabac
La production régionale de tabac est suspendue à une aide directe
En 2010, les producteurs de tabac ont perdu l’aide européenne. La revalorisation par les industriels d’un euro par kilo est loin de permettre le maintien de la production locale.
«Il faut que l’Etat se prononce rapidement. » Pour Guénaël Debordes, président de la fédération régionale Poitou-Tabac, il y a urgence. Avec la fin des 2,50 euros d’aide européenne, les exploitations ne peuvent boucler leur budget.
« Les industriels ont fait un effort avec un euro supplémentaire, mais il manque toujours 1,50 euro. »
Pour les 121 exploitations de la région, « l’abandon » par Bruxelles ne passe pas. « Or beaucoup d’entre nous ont investi », poursuit le producteur de Saint-Laurs. « Si seulement on pouvait obtenir 1 euro, on pourrait s’adapter, compte tenu de nos perspectives de ventes du virginie sur l’Italie, jusqu’en 2013. »
La crainte en effet, comme dans toute situation comparable, c’est l’abandon pur et simple de la production, en particulier par les producteurs qui ont amorti leurs installations. D’autant que les exigences de production se sont sérieusement renforcées.
« Nous savons faire de la qualité », fait-il remarquer. Ce qui veut dire moins de nicotine et de pesticides. De son côté, le goutte à goutte permet non seulement d’économiser de l’eau, mais aussi de réduire les doses de traitement.
Les efforts des producteurs ne sont donc pas compensés par le maintien du prix. « Nous demandons un retour sur la fiscalisation », explique encore Guénaël Debordes. Sur les 30 centimes d’augmentation du prix du paquet de cigarette décrété en novembre, pas un centime d’euro n’est revenu au producteur. « Nous demandons 5 centimes par paquet », rappelle-t-il.
Il y a urgence parce que les mois de décembre et janvier sont ceux où se prennent les décisions de planter. Une aide à l’hectare, comme elle a été obtenue en Espagne et en Italie permettrait de connaître rapidement les intentions des producteurs.
En Poitou-Charentes, le soutien à la production permettrait de conserver les 1000 équivalents temps plein générés par cette activité. Les 121 exploitations mettent en valeur 927 hectares de virginie sur les 1 008 hectares cultivés qui représentent 14,5% de la surface nationale, avec en moyenne 8,33 hectares par producteur. La production régionale s’élève à 2 800 tonnes sur les 18 000 tonnes produites en France par 2 100 producteurs.
En 2010, les surfaces en virginie ont augmenté de 30% malgré la disparition de la prime, principalement du fait de la mécanisation totale de la récolte.