La profession agricole « avantagée » par le préfet ?
La fédération de la pêche et Charente Nature se plaignent d’un manque d’équité du préfet dans la gestion de l’eau. Les revendications de la profession agricole seraient mieux prises en compte que celles des associations environnementales.
L’observatoire de l’eau, qui s’est réuni le 12 décembre, laisse un goût amer aux associations proches de la nature. Alors que les négociations se sont engagées pour la mise au point du futur arrêté-cadre pour l’irrigation, Charente Nature et la fédération de la pêche ont l’impression de ne pas être écoutés par le préfet. « Cet été, les indicateurs ont montré qu’ils n’étaient plus adaptés au milieu. Le seuil de coupure doit intervenir avant que la rivière ne soit à sec. Conséquence : on s’est retrouvé avec 675 km d’assecs, sur 1 600 km de rivières au total. Charente Eaux a même exprimé une crainte pour l’approvisionnement en eau potable. Sur ce, la préfecture nous laisse entendre lors du dernier observatoire de l’eau, que rien ne va changer et que les indicateurs resteront tels qu’ils sont » dénonce Mathieu Labrousse, président de la fédération de la pêche, particulièrement remonté. La raison « pas très claire » avancée par le DDT adjoint qui a mené les débats de l’observatoire, reviendrait au « préfet de Région ». Un raisonnement qui ne tient pas pour les associations environnementales. « Ce qu’on demande, c’est de revoir les seuils et aux irrigants de faire un effort. Certains l’ont fait, d’autres, non, quand ils ont poussé l’irrigation jusqu’au 15 septembre sur les semis de colza ». Les associations se disent d’autant plus déçues qu’elles-mêmes ont su évoluer sur la question des réserves réclamées à cor et à cri par la profession agricole. « On n’est plus contre, du moment qu’elles soient bien positionnées et remplies l’hiver, pendant la période autorisée », souligne Jacques Brie, de l’association Charente Nature. Et de citer, pour exemple de cette bonne volonté, le projet de territoire engagé sur l’Aume-Couture pour la création de réserves.
Des actions envisagées
« On avait obtenu le 15 septembre un rendez-vous privé avec le préfet qui nous a assuré que son objectif était que l’eau soit partagée par tous. Aujourd’hui, on est déçu car on se rend compte que la profession agricole a clairement plus de poids que nous », reprend Mathieu Labrousse.Pour se faire entendre, les associations environnementales (20 000 adhérents répartis entre 15 000 pour la fédération de pêche et 500 pour Charente Nature) brandissent donc la menace d’action : manifestation ou recours devant les tribunaux, à la sortie de l’arrêté-cadre. Rappelons que celui-ci doit être signé avant la prochaine campagne, au 1er avril 2017.