La seconde vie des barriques
Jean-Luc Chaillou, ancien tonnelier, recycle les douelles de barriques pour leur offrir une autre vie. Avec ses doigts de fées, de l’imagination, du goût, il réalise de beaux meubles et objets.
Jean-Luc Chaillou, ancien tonnelier, recycle les douelles de barriques pour leur offrir une autre vie. Avec ses doigts de fées, de l’imagination, du goût, il réalise de beaux meubles et objets.
On pourrait l’écouter des heures évoquer les histoires singulières de ses créations. À Saint-Germain-de-Vibrac, Jean-Luc Chaillou appartient à ce monde de passionnés. Lui, c’est le recyclage de douelles de barriques. D’ailleurs sa petite entreprise s’intitule « Barrique à Brac ». Tonnelier de formation, il a notamment exercé à la tonnellerie Bossuet de Saint-Simon-de-Bordes. Au fil des ans, sa trajectoire professionnelle a évolué pour devenir un créateur, depuis plus de 10 ans. « J’avais acheté un lot d’une centaine de barriques. J’ai voulu en faire quelque chose. Au départ, je réalisais des petits objets pour des amis », se remémore-t-il. Sa devise est de prendre du plaisir dans son métier. « C’est un privilège » pour lui, et cela se ressent à travers ses réalisations. « Mon but est de recycler les douelles de barriques. Beaucoup sont brûlées lorsqu’elles ne sont plus utilisées. Or, je connais la valeur du chêne, la valeur du travail du merrandier, du tonnelier. L’alcool n’abîme pas le chêne. Il y a une histoire dans chacune d’elles », précise Jean-luc Chaillou. Dans son garage qui lui sert d’atelier, il a entreposé de nombreuses douelles. « Je préfère travailler avec des barriques à cognac plutôt qu’à vin. Elles n’ont pas de gravelle, sont plus épaisses, avec des hauteurs allant jusqu’à 1,30 m. J’ai donc plus de possibilités pour travailler. C’est plus intéressant. » Ici rien ne se perd, puisque les chutes servent pour d’autres objets.
L’artisan-artiste veut travailler pour tout le monde, sans l’appât du gain en fil rouge. Inconcevable avec sa quête pour faire plaisir et rendre les gens heureux avec ses créations.
Une créativité sans limite
Ses pièces sont atypiques, élégantes, design. Il réalise beaucoup d’assises, de tables, de guéridons, mais aussi des porte -fusils, des porte-bouteilles... « Parfois, je réalise un objet pour une fonction bien particulière. Au final, le client le détourne pour autre chose. Comme par-exemple une panière qui se transforme en vide-poches. » Parmi ses « grosses » réalisations, l’agencement du magasin de la ferme de foie gras Manicot, à Saint-Martial-sur-Né, avec des étagères, des tables, des chaises, un comptoir mais aussi la maison de cognac Maxime Trijol qui lui a commandé une table et des chaises pour leur stand à Vinexpo. La maison de cognac Chollet a fait également appel à son talent. Des clients lui demandent aussi de réaliser des meubles de salle de bain, de cuisine. « Je n’ai pas de limite à ma créativité », reconnaît-il avec une certaine pudeur. Il tient à renouveler ses créations afin de ne pas lasser : « pour mes chaises, j’ai arrêté la forme pleine pour une forme plus espacée ». Certaines de ses réalisations revêtent une émotion particulière, comme lorsqu’un client lui apporte un fauteuil et une barrique ayant appartenu aux grands-parents : « à partir de ces deux éléments, je devais refaire le fauteuil, qui était abîmé ». Un sacré challenge qu’il a relevé avec brio. « Très souvent, j’accepte les demandes un peu particulières. Par la suite, je me pose des questions pour savoir comment je vais m’y prendre », avoue-t-il tout en précisant « il n’y a pas de problème, il y a que des solutions. » Dans ses anecdotes, il relate volontiers celle d’un couple lui demandant de réaliser un Vespa grandeur nature pour leur magasin de produits italiens, à Saintes.
« Si une personne vient avec la photo d’un objet et me demande de faire une réplique, je dis non. Je ne veux pas prendre l’inspiration des autres. » Ici, pour se faire connaître, le bouche-à-oreille est la meilleure des publicités. Quelques salons, quelques brocantes, quelques foires, dans le département, mais aussi en Charente, en Gironde et en Dordogne. À peine ose-t-il dire que certaines de ses créations sont parties en Italie, en Espagne. Avec modestie, il explique qu’il n’est ni ébéniste, ni menuisier, mais « un bricoleur ». Depuis un, il se forme à la soudure pour apporter une touche supplémentaire à ses créations avec des cercles de barriques, des fers de pressoirs. Nul doute que ce sera avec talent et passion.