Fumiers et lisiers
La teneur en éléments fertilisants détermine la valeur des effluents
Les effluents d’élevage sont des engrais organiques qui ont donc une valeur fertilisante, leur vente ou échange avec de la paille doit tenir compte de cette valeur.
Les fumiers et lisiers contiennent des éléments minéraux (N, P2O5, K2O, CaO, MgO, SO3) qui présentent un intérêt pour la nutrition minérale des plantes et des apports de matières organiques au sol. Il est donc possible de calculer une valeur engrais de ces effluents, en fonction de leurs teneurs en éléments fertilisants.
Ces valeurs correspondent à des déjections fraîches, sorties bâtiment. Ces valeurs engrais sont à modérer compte tenu des disponibilités des éléments pour les plantes. Suivant les déjections et les périodes d'apport, l'azote est mobilisable de 30 à 80 % l'année de l'apport. La potasse est disponible à 100 % pour les plantes (pour toutes les déjections), le phosphore est assimilable entre 60 et 100 % suivant les déjections.
Les fumiers compostés (fumiers de bovin, ovin, caprins, canards) ont une valeur fertilisante supérieure à 30 % par rapport aux déjections brutes. Une plus value est à compter en plus (3 € / t de compost).
L'analyse des effluents
Cette analyse permet de connaître la valeur fertilisante des fumiers et des lisiers. Elle doit comprendre au minimum : la matière sèche, la matière organique, le pH, l'azote total, l'azote ammoniacal, le phosphore, la potasse, la chaux, la magnésie et le soufre.
Des kits de prélèvement et des fiches de renseignements pour l'analyse sont disponibles auprès de la chambre d'agriculture. Le coût de ces analyses est d'environ 50 € HT (résultats sous 15 - 20 jours). Cette analyse est la plus fiable pour donner une valeur engrais à un lisier ou à un fumier. Elles sont à réaliser au plus près des épandages pour mieux connaître les produits épandus et intégrer l'évolution de la qualité des déjections (compostage, stockage au champ, pertes d'azote ammoniacal, dilution…).
La production de fumier sur une exploitation
Cette estimation est nécessaire pour toute transaction. Le plus juste est d'avoir des pesées de bennes ou d'épandeurs de fumier pour connaître le tonnage produit pour un atelier. Le diagnostic d’exploitation mise aux normes) permet d'avoir aussi des estimations des tonnages de fumier produit et de paille consommée (kg de paille / jour / animal). Pour un fumier de volailles de chair la production est estimée de 150 à 200 kg/m2/an (dindes, poulets, pintades), une tonne par chèvre ou brebis par an en bâtiment, 15 tonnes par UGB bovins et par an en bâtiment.
Vente ou échange des effluents
La valeur de vente du fumier est à moduler selon la proximité du repreneur : un éleveur pourra vendre plus facilement son fumier à un tiers si celui-ci est proche de son exploitation (faibles coûts de transport permettant d'approcher une valeur de vente proche de la valeur engrais) ou que la valeur ajoutée réalisée par le repreneur est élevée (certaines cultures spécialisées dégagent des marges plus élevées comme le maraîchage, les intrants organiques ont une place importante pour ces cultures). Les lisiers (porcs, canards, veaux, bovin) sont en général repris gratuitement au départ de l'élevage, une valeur engrais peut être négociée pour des lisiers de porcs en engraissement, sans eaux parasites (lisiers concentrés en fosses couvertes).
Les fumiers de chèvres, porcs, mouton et bovin peuvent être échangés contre de la paille. Cet échange peut se faire sur la base des besoins de l'éleveur (ex : 1 t de paille contre 3 t de fumier de chèvre, 1 t de paille contre 4 – 5 t de fumier de volaille).
Les fumiers de volailles (labels ou industriels) et les fientes sèches sont les fumiers qui se transportent le plus facilement de part leur valeur intrinsèque et leur intérêt agronomique, la vente est préférable à l'échange de part le transport et des besoins spécifiques des volailles (paille broyée, copeaux…). Au-delà de la valeur engrais, peuvent être intégrés les frais de transport (paille et fumier), de pressage de paille, de stockage, d'épandage, de mise à disposition de matériel…
L'exportation de déjections réglementée
Au-delà des transactions réalisées entre l'éleveur et le céréalier, il est important d'avoir une situation réglementaire à jour. Pour l'éleveur, il faut se garantir d’un plan d'épandage à jour avec les repreneurs (si l'élevage est soumis à déclaration ou autorisation suivant ses effectifs). Une convention d'épandage doit être cosignée par les deux parties, et l’éleveur doit produire des bordereaux d'exportation de déjections à jour. Ces bordereaux comprennent l'identification du producteur de l'effluent et le destinataire, la nature du produit exporté et sa teneur en azote, les tonnages livrés, la quantité totale d'azote reprise, les dates de livraison et les parcelles réceptrices (n° d'îlots).
Pour le céréalier (repreneur), il doit détenir un double de la convention d'épandage et des bordereaux cosignés (ces documents sont disponibles à la chambre d'agriculture).