La vidéoprotection contre les petits et gros délits
Pour lutter contre les délits - larcins à répétition dans les communes rurales ou délinquance plus importante dans les villes urbaines - certains maires ont choisi la vidéosurveillance. Tour d’horizon de ce dispositif parfois controversé.
Dans les communes, l’installation de caméras de vidéosurveillance – on dira vidéoprotection depuis la loi du 14 mars 2011 dite LOPPSI 2 – commence à se démocratiser. Qu’elles soient petites et rurales avec moins de 700 habitants comme Lessac et Brillac, ou plus grandes comme Barbezieux, et urbaines comme Soyaux et Angoulême, les villes voient la vidéosurveillance d’abord comme un moyen dissuasif pour préserver la tranquillité de leur commune rurale face à de petits larcins répétitifs (dégradations, vols) ou pour lutter contre la délinquance (trafic de stupéfiants, par exemple).
À Brillac, commune rurale de 670 habitants, « on s’est inspiré de l’exemple de Lessac. La question a été posée au conseil municipal car nous constations beaucoup d’incivilités. À la mairie, nous avions subi une tentative d’effraction et des cambriolages avaient eu lieu dans la ville », confie le maire Jacky Martineau.
Ces problèmes étaient centrés autour de la mairie et du multiple rural. Une étude a été faite avec les services de la gendarmerie qui « nous ont conseillé de mettre un système de caméras ». Après l’autorisation de la préfecture, huit caméras ont été mises en place au premier trimestre 2017 aux ateliers communaux, à la mairie et au multiple rural pour un coût d’environ 5 000 €.
« S’il y avait la nécessité d’en installer ailleurs, on le ferait. Nous sommes en réflexion concernant le village vacances. Quand, tous les jours, il y a de l’incivilité, c’est pesant pour le maire, son équipe et pour la gendarmerie. Personnellement, pour la paix de mes concitoyens ce dispositif ne me gêne pas outre mesure. »
Un système qui se démocratise
Pour d’autres, le pas n’a pas été facile à franchir. C’est le cas de Jean-François Dauré, maire de La Couronne. « J’ai rompu ce tabou en tant que maire de gauche. » Dans cette commune de 8 200 habitants, des dégradations à la piscine municipale ont motivé le choix du maire : « Il y a un certain degré d’acceptation de voir des équipements neufs être dégradés. Et cela a un coût : entre 10 000 et 15 000 € par an. Puis, il y a la question essentielle de la sécurité même de ces individus. Ma responsabilité était en jeu », témoigne Jean-François Dauré.
En 2010, une caméra a été installée pour couvrir le domaine privé communal à 360° (piscine, stade, tribune, gymnase, entrée du collège) pour un montant de 6 800 €. « Nous avons bénéficié d’une subvention de l’Agence nationale de la cohésion sociale et de l’accès à l’égalité des chances pour un tiers de l’investissement. Le dispositif a fonctionné puisque les individus en question ont été pris. »
À l’époque, le maire a essuyé les plâtres : « J’ai été très critiqué. Des amis de gauche me disaient qu’il fallait privilégier l’humain. D’autres y voyaient une infraction sur les libertés. Aujourd’hui, le discours n’est plus le même et ce système est accepté par la plupart des maires. » À Soyaux, Brillac et Barbezieux, plusieurs communes voisines les sollicitent aujourd’hui pour avoir des informations sur les prix et la démarche à suivre.
Ce constat, Pascal Petit, de la société ADTI basée à Brie et spécialisée dans la téléphonie, les alarmes, la domotique, le voit au quotidien : « La vidéoprotection est en train d’exploser grâce à une meilleure qualité de l’image en full HD et à des prix en baisse. » Elle représente 50 % de son chiffre d’affaires et de plus en plus de particuliers le sollicitent pour équiper leur maison secondaire ou protéger des biens de valeur. « Depuis quatre ans, j’en ai fait une dizaine alors qu’avant, je n’en avais jamais fait. »
Un dispositif encadré par la loi
A Barbezieux, « l’investissement est pratiquement récupéré après la première année. Ce dispositif a coûté 20 000 € mais l’agression sur les personnes, ça n’a pas de prix ». Car c’est le vol d’une bijouterie qui a convaincu le maire d’installer des caméras sur la voie publique et sur des bâtiments de cette commune de 5 000 habitants.
« Quelques personnes ont eu des interrogations : quelle exploitation des images, peur d’être fliqué. Mais dans l’ensemble, l’accueil par la population a été plutôt positif. » Dans tous les cas, l’usage des images est soumis à une réglementation.
Les images sont conservées entre quinze jours et un mois et seules des personnes habilitées peuvent les consulter : le maire, un adjoint, la gendarmerie. Elles ne sont visionnées que dans le cadre d’un événement et sur demande de la gendarmerie. À la fin du délai, elles s’effacent automatiquement.
Depuis l’installation des premières caméras, certaines communes ont complété...
...Lire notre dossier en pages 10 et 11 de La Vie Charentaise du 24 août.