La Vienne entre en zone d’expansion du loup
Depuis quelques semaines, la Vienne est passée en cercle 3, concernant le loup. Un classement qui fait suite à des suspicions d’attaques et des passages confirmés, et qui permet de débloquer des accompagnements financiers de protection des troupeaux de moutons pour les éleveurs du département.
Depuis quelques semaines, la Vienne est passée en cercle 3, concernant le loup. Un classement qui fait suite à des suspicions d’attaques et des passages confirmés, et qui permet de débloquer des accompagnements financiers de protection des troupeaux de moutons pour les éleveurs du département.
En 2021, deux loups avaient été formellement identifiés dans la Vienne : le premier en mars à Lathus-Saint-Rémy (lire notre article), et un deuxième en novembre à Marçay. Et même si depuis, aucun autre passage ou attaque n’avait été officiellement confirmée par les services de l’État avant cette semaine (NDLR: lire en encadré), l’inquiétude perdurait dans les campagnes, notamment dans l’est du département. «Entre agriculteurs, on en parle souvent... Comme les attaques de la semaine dernière» explique Antoine Laporte-Many. L’éleveur de vaches et de moutons de La Trimouille estime que le retour du loup est inévitable, et pense que la meilleure des réponses est l’anticipation. «L’animal est protégé par la convention de Berne, on ne peut donc pas l’abattre. Il faut se protéger». Depuis 2020, la Préfecture a mis en place un groupe restreint de travail, qui vient de se transformer en cellule de veille loup, suite au classement du département en cercle 3, c’est-à-dire en «zone possible d’expansion». Trois classements existent : cercle 2 (zone de prédation probable), cercle 1( zone de prédation, avérée) et cercle0 (foyer de prédation, comme les Alpes, par exemple). C’est notamment l’évolution de la situation dans la Haute-Vienne, limitrophe, qui a justifié ce changement. Composée de l’OFB, de la gendarmerie, des services de l’État, des syndicats agricoles, de la fédération des chasseurs, des forestiers, de l’Idele et d’associations environnementales, la structure s’est réunie pour la première fois fin janvier, notamment pour expliquer les conséquences de ce classement. «Cela permet d’obtenir des financements pour les clôtures et l’achat et l’entretien de chiens» explique l’éleveur. Des subventions, qui peuvent atteindre 80 à 100% des frais engagés (selon des plafonds définis) qui peuvent être obtenues après dépôt d’un formulaire, avant le 31 juillet pour l’année 2023.
Autant de chiens de protection que de loups
Sur son exploitation qui compte 650 brebis de race Limousine, Antoine Laporte-Many a recours à des chiens de protection depuis une dizaine d’années. En plus de ses 2 Borders Collie, qui lui servent à gérer les moutons et les déplacer, il compte 4 Mâtins Espagnols. «J’en mets 1 ou 2 par lot, et je privilégie ceux où il y a des agnelages, car les brebis sont plus fragiles. Globalement, on estime qu’il faut autant de chiens présents que de loups...». Des animaux de protection surtout actifs la nuit, qui interviennent dès que quelqu’un ou un animal s’approche de la parcelle ou y pénètre. «J’avais pris ces chiens car j’avais beaucoup d’attaques de renards». Le rythme des prédations a depuis largement diminué. «J’ai aussi installé des pièges. Avant ces installations, j’avais pratiquement 20% de disparition de moutons et d’agneaux chaque année. J’en ai désormais entre 2 et 10%» se félicite l’éleveur. Suite à la mise en place de la cellule de veille, une trentaine de «correspondants loups» ont été formés cette semaine par l’OFB et la Préfecture, pour faire remonter les indices de présence, et des formations pour apprendre à éduquer les chiens vont être mises en place par la chambre d’agriculture, l’Idele et l’Adev (1). «Il faut des animaux comme des Patous ou des Mâtins espagnols, nés dans un troupeau. Et puis il faut avoir la fibre chien». Quand aux clôtures électriques, Antoine Laporte-Many estime qu’elles sont peu adaptées au système d’élevage dans la Vienne.
Informations sur le loup sur le site de la préfecture
(1) Renseignements auprès de Patricia Desvignes, à l’agence de la chambre d’agriculture de Montmorillon au 05 49 90 01 15.