L’Agneau du Poitou-Charentes fait de la résistance
Dans un contexte de baisse de la consommation de viande qui entraîne un recul des prix payés aux producteurs, l’ODG veut maintenir les volumes commercialisés sous signes de qualité Poitou-Charentes.
« Avec 126 163 agneaux au compteur en 2015, nous revenons à la performance de 2013. Avec une consommation en net repli, c’est un très bon résultat, surtout sans opération IGP en juin. Nous conservons notre première place française en tant qu’ODG agneau. Notre développement en Label Rouge continue et franchit le cap des 50 000 agneaux à l’année. Notre production sous IGP stagne en volume mais se développe en nombre de points de vente », a expliqué Daniel Gaillard, le président de l’ADPAP, Association pour la défense et la promotion des agneaux certifiés en Poitou-Charentes, dans son rapport moral de l’assemblée générale le 1er juillet à Confolens. Depuis le début de l’année 2016, les ventes en agneaux certifiés (l’Agneau du Poitou-Charentes, Le Label Rouge Le Diamandin, l’Agneau des Bocages) repartent à la hausse « alors que la tendance à la consommation est encore plus mauvaise qu’en 2015 », a dit Boris Labrousse, responsable des points de vente au GIE. Au mois de juin, l’opération Kermené, le groupement d’achats des centres Leclerc, annulée en 2015, a bien eu lieu.
La baisse des prix payés au-dessous du seuil fatidique des 6 € le kilo inquiète les éleveurs. « Il ne faut pas oublier le contexte de haro sur la viande, et l’agneau, plus particulièrement, a dit Patrick Soury, administrateur du GIE ovin du Centre Ouest. Il faut maintenir des prix élevés à la consommation et ne pas passer en-dessous du seuil des 6 € payés aux éleveurs. On ne solde pas l’agneau de qualité mais certaines opérations de mise en avant sont nécessaires ». Les vidéos chocs tournées dans des abattoirs où l’on observe la maltraitance d’animaux confortent les offensives des partisans anti-viandes alors que la consommation continue de baisser. Pour Jean-Louis Vollier, directeur du GIE Ovin : « Les abatteurs ne maintiennent pas les prix à cause de la dévalorisation du cinquième quartier qui se traduit par la nécessité d’augmenter leur marge. Sinon, ils sont mis en difficulté ». Avec toujours, en toile de fond, la problématique du recrutement de nouveaux éleveurs.
Promotion
« Nos démarches de qualité permettent de tenir le marché », a souligné Daniel Gaillard. La qualité pour se différencier et capter la valeur ajoutée, voilà bien un des leitmotivs de l’interprofession. Sans oublier toute l’importance de relier les producteurs et les consommateurs, confirmée par le conseiller régional des Deux-Sèvres de la Nouvelle-Aquitaine, Guy Moreau, lui-même éleveur laitier. Il a tenu à préciser que : « l’agriculture est un des rares budgets sanctuarisés dans la Région ».
La vigilance doit aussi porter sur la communication et la promotion. L’année 2015 a été une année chargée en la matière avec le salon de l’agriculture où les picto-charentais ont remporté beaucoup de succès lors des Ovinpiades ou des trophées de l’élevage, avec une nouvelle mascotte à succès « Pelote » qui a attiré le public sur le stand. Tech-Ovin et le Sirha ont été deux autres temps forts de l’année.
L’assemblée générale s’est achevée par la présentation de l’enquête de Samira Affagnon, stagiaire de l’ESA d’Angers, sur le positionnement commercial des marques commerciales du GIE Ovin du Centre Ouest. Elle a mené 6 mois d’enquêtes en 2016 auprès des bouchers et des consommateurs. Il en ressort des grandes tendances sur le fait que les chefs bouchers en GMS recherchent beaucoup l’implication des éleveurs dans les animations en magasins. Un point déjà abordé par Boris Labrousse qui constate qu’un noyau dur d’éleveur s’essouffle. « On refuse des animations », a-t-il dit. Plus que le prix, qui a aussi son importance, le consommateur recherche avant tout une viande de couleur claire avec peu de gras. « La maturation et la tendreté de la viande sont aussi un vrai problème », a lancé Jean-Louis Vollier qui a évoqué la problématique des caves à viandes. Au final, si les marques collectives sont appréciées des professionnels de la distribution, leur notoriété reste assez faible auprès des consommateurs.