« Le bien-être animal est subjectif »
À Taillebourg, à la ferme de Liberneuil, Alexis Barbé est un fervent du bien-être animal pour sa centaine de chèvres poitevines. L’observation, la formation, les échanges lui permettent de progresser dans ses pratiques, sans omettre son bien-être.
Installé depuis 2017, à Taillebourg, Alexis Barbé élève en bio une centaine de chèvres Poitevines. Il a le bien-être animal chevillé au corps. À peine arrivée à la ferme de Liberneuil, on perçoit tout de suite la quiétude. Seuls quelques bêlements viennent perturber le silence. Son bâtiment en bois de 550 m2 est sorti de terre en 2018. « Le choix de ce matériau était une évidence. Pour l’ambiance, c’est plus sain, plus tempéré », précise l’éleveur. Dans sa fromagerie, il produit, avec l’aide de sa femme, des fromages, des yaourts, du fromage blanc et depuis peu de la tomme, le tout vendu en vente directe.
Juste à côté du bâtiment, l’éleveur montre les enclos. « Nous pratiquons le pâturage. Mon objectif est de passer, le plus tôt possible, de 4 mois à 7-8 mois par an. » Il a mis en place le pâturage tournant, une technique qu’il a connu lorsqu’il était ouvrier agricole. Il a aussi intégré le programme Herby lors de son installation. « Je redivise nos parcelles en paddock tous les jours. Les chèvres sont ainsi toujours sur des parcelles propres. En termes de parasite , elles sont peu impactées. » Le couple s’appuie aussi sur les conseils de Théophane Soulard, le technicien caprin de Seenovia. « Son appui, ses préconisations ont leurs importances », souligne-t-il. Dans un avenir proche, il souhaite mettre ses chèvres au pâturage « dans une garrigue » située à une centaine de mètres du bâtiment. « On y trouve des chênes. J’aimerai voir quels impacts peut avoir ce lieu sur mes chèvres, quel goût aura le lait. Je pense qu’il y a une vraie valeur ajoutée. »
Sifflements et musique
L’observation des animaux est l’un des éléments clés. Alexis Barbé le sait bien. « Nos animaux ont de l’espace. La norme est de 1,5 m2 par animal. Moi je suis à 2,30 m2. L’année dernière j’ai réalisé un essai avec 115 animaux pour 120 places. » Il a rapidement observé que l’état des chèvres était moins bon, que certaines mises bas se sont moins bien déroulées. « Avoir plus d’animaux demande plus de vigilance, plus de suivi. De plus, comme elles sont cornues, elles prennent plus de place à l’auge. C’est en observant que j’ai pu pointer ce problème. » Depuis, il est revenu à plus d’espace dans le bâtiment pour les chèvres.Parmi les multiples pratiques mises en place, l’éleveur prévient de sa venue dans le bâtiment. « Je siffle. Il y a deux angles morts et certains animaux ne me voient pas. Je préfère les prévenir, pour leur éviter tout stress. » Au moment de la traite, de la musique accompagne les chèvres. C’est un moment où l’on est plus proche, l’espace est plus restreint. Les conflits peuvent intervenir dans le couloir. « Le style de musique dépend des envies de l’éleveur et des chèvres », concède-t-il en souriant. Il a ainsi remarqué que lors des périodes de pleine lune ou de fortes chaleurs, c’est compliqué. Il met une musique douce. L’éleveur s’interroge : « est-ce que cela a un impact sur l’éleveur et par ricochet sur les chèvres ? » Par contre, pas de musique dans le bâtiment : « on estime qu’elles ont envie d’être tranquilles. »
Il fait aussi appel à un ostéopathe une fois par an. Alexis Barbé manipule ses animaux le moins possible. Il explique le faire « à bon escient », notamment pour le parage des onglons. « C’est l’un des moments critiques. Je le fais trois fois par an. Je prends le temps de le faire. »