Commerce
Le cadran ramène les éleveurs au marché de Parthenay
Le marché au cadran commercialise chaque mardi environ 150 animaux. Le principe des enchères tend à la fixation du juste prix de l’animal, jugent les éleveurs séduits par la formule.
La vente au marché, c’est aussi un plaisir, témoignent de nombreux éleveurs. « On fréquente ces lieux par goût », confie Jean-Yves Faucher, éleveur à Chantecorps quelque peu frustré ces dernières années. Comme lui, les producteurs de viande étaient de plus en plus nombreux à commercer en ferme, loin de l’outil en désuétude que devenait le marché de gré à gré organisé à Parthenay. Seul pour conduire une exploitation de 91 ha, 65 vaches allaitantes et 100 brebis, le chef d’entreprise n’a pas les moyens d’aimer sans compter. La vente doit permettre de financer le temps et les frais engagés pour conduire des animaux au marché. « Le cadran a recréé le dynamisme économique qui manquait ces dernières années », juge l’éleveur.
Effervescence
Ce mardi 8 octobre, à 11 heures, Jean-Yves Faucher décharge sur le quai du foirail l’une de ses bêtes. Depuis deux ans, grâce au nouvel outil, il a repris goût aux allers et retours à Parthenay. “ Je ne viens pas toutes les semaines. Seulement lorsque l’un de mes animaux a une chance d’être bien valorisé.” Ce début d’automne, c’est une femelle charolaise que propose Jean-Yves aux enchères. “C’est avec ces produits que je gagne le plus à venir au marché au cadran, ajoute-t-il. La boucherie est une filière qui n’attend pas. Si un acheteur a une commande pour ce type d’animal, il l’achètera à bon prix. La bête sera mieux valorisée qu’en vente à la ferme.”
En 2011, seuls des animaux maigres étaient ici commercialisés. Très vite, à Parthenay les enchères ont également grimpé pour des animaux gras. “ Ce marché est en pleine effervescence ”, juge Jean-Paul Courtin, responsable de l’outil. L’activité renaît sur les cendres du marché de gré à gré abandonné progressivement faute d’attractivité. “ Le principe du cadran séduit, témoigne Eric Fuseau, éleveur de charolaises à Faye-l’Abbesse, apporteur des premières heures de l’outil. Le paiement comptant, est un argument de taille. “ Partout les trésoreries sont tendues. Le jour de la vente pour les sujets vendus en poids vif, trois jours plus tard pour ceux achetés en poids carcasse, l’éleveur reçoit son dû par virement », explique l’usager. Le marché assure l’interface entre vendeurs et acheteurs. Pour ce service, comme pour l’organisation des rendez-vous devenus hebdomadaires en juillet 2012, la SAS Marché de Parthenay prélève des frais sur chaque transaction. “1,5% du prix de vente hors taxe est à la charge du vendeur et 0,90% à la charge de l’acheteur ”, précise le responsable de l’outil.
Un réel potentiel
Le principe est acquis. Chaque semaine le marché au cadran organise le commerce de 150 animaux en moyenne. Quinze acheteurs s’approvisionnent auprès de 40 à 50 vendeurs, principalement des éleveurs.
“ Nous sommes confiants. Régulièrement de nouveaux utilisateurs nous rejoignent renforçant la rentabilité de l'outil. ” Pour autant, ni le directeur ni le président, Denis Coudreau, n’entendent en rester là. “ Le cadran nous permet à nouveau de nous projeter. Sans ce rendez-vous, nous ne sommes pas sûrs que le marché existerait encore. Pour assurer notre avenir, nous devons être ambitieux. Notre objectif est fixé à 250 animaux par semaine. ”
La barre est haute mais le potentiel est réel, croit Jean-Paul Courtin tout en tenant compte de l’environnement concurrentiel qui s’annonce dans les prochaines années. Les projets aux Hérolles et à Cholet dont on entend parler sont encore à l’état de gestation. Parthenay a une longueur d’avance. “ Et entre éleveurs, on se passe le mot, confie Eric Fuseau. Sur cette place commerciale, seuls l’animal et ses qualités intrinsèques sont jugés. La capacité de négociation de l’éleveur n’entre pas en ligne de compte dans le prix final. On tend, par la concurrence entre acheteurs, à la fixation du juste prix. A la ferme, ce n’est pas toujours le cas.”