Commerce rural
Le comptoir Au point nommé ressuscite la vie locale à La Jarrie-Audoin
À La Jarrie-Audouin, il n’y avait plus de commerce depuis cinquante ans. Le comptoir Au point nommé vient de nouveau animer le centre-bourg. L’ambition est de le dupliquer dans le département, offrant ainsi un outil aux producteurs locaux.
À La Jarrie-Audouin, il n’y avait plus de commerce depuis cinquante ans. Le comptoir Au point nommé vient de nouveau animer le centre-bourg. L’ambition est de le dupliquer dans le département, offrant ainsi un outil aux producteurs locaux.
Tous les jeudis et dimanches matin, Monique, Nicole et leurs voisins se retrouvent au comptoir Au point nommé, dans le centre-bourg de La Jarrie-Audouin. Un pot est mis à disposition à l’entrée pour accueillir le « troupeau de cannes » des personnes les plus âgées, comme le nomme avec affection Guillaume Étourneau, l’un des co-fondateurs du lieu. Les dames font leurs emplettes, prennent un café et bavardent. « Elles se racontent des coquineries », sourit Guillaume, qui leur met du Elvis Presley à ce moment-là et monte le son de la grande enceinte colorée. Monique, 89 ans, s’enthousiasme à esquisser quelques pas de danse. « Je pense ouvrir le lieu une heure par semaine, juste pour que les dames puissent danser », imagine-t-il.
Le comptoir a été une épicerie dans les années 1920, un bar, le premier cinéma du village, la salle des fêtes où des mariages ont été célébrés."
Après cinquante ans sans commerce, La Jarrie-Audouin, village de 300 âmes, revit avec ce lieu inspiré de l’histoire de la commune. « Le comptoir a été une épicerie dans les années 1920, un bar, le premier cinéma du village, la salle des fêtes où des mariages ont été célébrés », relate le commerçant. Ouvert depuis six mois, Au point nommé est une association qui propose à la fois des produits locaux de qualité et un espace de rencontre. Il répond ainsi à un besoin de la population vieillissante. « Le Covid a abimé. Beaucoup de gens ont eu besoin de se confier ici. »
Jeanne Blandin, assistante de vie aux familles, confirme l’importance du lieu pour la dame dont elle s’occupe : « Madame Nicole apprécie de venir là. Elle fait ses courses et retrouve ses voisins. Elle aime prendre des nouvelles des uns et des autres. Elle m’a dit que les produits sont sains et les prix abordables. »
« Faire fonctionner la loi Égalim »
À l’origine du projet, Guillaume est accompagné par Karine Naze, entrepreneuse, et Aurélien Méchain, architecte. « Le déclic est venu pendant l’épidémie de Covid. J’en ai parlé avec le maire Jacky Raud et on a mûri le projet pendant deux ans. » Pour le maire de La Jarrie-Audouin, ce projet rentre parfaitement « dans la profession de foi » de la commune. « Nous avons financé une partie des éléments. Nous allons entreprendre des travaux pour végétaliser la place en face du comptoir », annonce Jacky Raud.
Nous créons notre modèle économique, en développant une autre vision du commerce, véritablement équitable."
Ni épicerie fine, ni magasin de producteur, ce comptoir atypique ne concurrence pas les commerces des villages alentour. « Nous créons notre modèle économique, en développant une autre vision du commerce, véritablement équitable, insiste Guillaume. Notre ambition est de faire fonctionner la loi Égalim. On veut donner un outil aux producteurs du territoire pour commercialiser leurs produits. » Il ambitionne de dupliquer ce modèle dans d’autres coins du département.
Boucher charcutier traiteur de formation, Guillaume Étourneau était dernièrement responsable de la restauration au sein d’une grande collectivité. Le commerce de produits alimentaires ne lui est donc pas étranger : « On vend de l’entrecôte de vache à viande, ce n’est pas de la Prim’Holstein de réforme, et du lait de Jersiaise, 46 % de matière grasse, à seulement 1 centime de plus au litre qu’en grande surface. » L’objectif affiché est clair : « Nous nous faisons une petite marge bénéficiaire pour vivre de notre travail. Le but n’est pas de s’enrichir avec cette activité. Nous voulons que tout le monde vive de son travail, les producteurs aussi », assure-t-il.
Sur les étals, les bocaux de canard saintongeais et autres conserves ne descendent pas en-dessous de 5 €. Les fruits et légumes sont à des prix abordables, comme le kilo de kiwis à quarante-cinq centimes. La boite de six œufs se vend 2,50 €. « Ce sont des produits de qualité, que nous achetons au prix juste aux agriculteurs. Ils viennent à 92 % de Charente-Maritime, les plus éloignés sont de Vendée. » Le comptoir se porte bien depuis son ouverture, si bien que l’association compte embaucher deux salariés dans les prochains mois.
Horaires d’ouverture : tous les jours de 9h à 13h et de 16h30 à 19h30, sauf le jeudi et le dimanche : 9h à 13h.