Le grand oral des candidats aux régionales face à la Fnsea Alpc
Constituée le 16 octobre, la Fnsea Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a invité les candidats aux élections régionales à réagir au programme agricole proposé par le nouvel échelon syndical régional.
Pour l’instant baptisée Fnsea Alpc, la nouvelle structure régionale rassemble officiellement depuis le 16 octobre, les douze Fdsea d’Aquitaine, du Limousin et de Poitou-Charentes. Dans le cadre de la réforme territoriale, elle devient un interlocuteur de premier rang des futures nouvelles instances. Quelques heures à peine après sa création, elle invitait les têtes de liste aux régionales à réagir sur le programme agricole que ses membres ont bâti avec les JA.
L’économie au centre des préoccupations
Daniel Couderc, président de la Fdsea de Corrèze et de la Frsea Limousin a mis l’économie au centre du débat. « Dans la nouvelle région, l’agriculture représente 11 milliards d’euros, 39 milliards si on y rajoute l’agroalimentaire. Cela équivaut à 459 Airbus A320, a-t-il détaillé. Nous avons 155 signes officiels de qualité, le 1er cheptel bovin allaitant de France, 1/3 du cheptel caprin et 1/4 du cheptel ovin. C’est aussi le 1er vignoble français par la valeur et la 4e région céréalière d’Europe. Comment comptez-vous nous accompagner ? » Dès leur entrée en matière, les candidats ont eu à cœur de montrer leur connaissance du sujet avec force chiffres.
Pour Alain Rousset, « garder notre leadership agricole passe par une bonne organisation de la profession, des produits de qualité, l’accompagnement vers l’export, la recherche, l’innovation ». L’actuel président de l’Aquitaine (PS) est favorable à un système assurantiel. Pour sa part, le candidat frontiste, Jacques Colombier est partisan d’un système mixte entre assurantiel et système actuel. Il pointe du doigt la menace que constitue le traité transatlantique qui pourrait « faire crever » l’agriculture française. Jacques Colombier souhaite aussi le développement des produits locaux dans la restauration hors domicile voire une loi « acheter et manger français » et la réouverture du marché russe.
Consommer des produits locaux est également un vœu du représentant d’EELV, Bernard Péré qui remplaçait Françoise Coutant avec le développement des circuits de proximité même si « tout ne peut passer par eux ». Il met l’accent sur le retour à « plus d’agronomie » pour une production de qualité qui permettra aux agriculteurs de vivre de leur métier. Un revenu décent est aussi évoqué par Virginie Calmels. La candidate des Républicains souhaite avant tout réduire les charges et les difficultés administratives qui pèsent sur les agriculteurs et améliorer les outils de production. « Valoriser la qualité, ce n’est pas uniquement valoriser l’agriculture biologique », a-t-elle également rappelé au candidat sortant.
Sujet sensible : l’environnement
Second sujet abordé : l'environnement. Christophe Barrailh, président de la Fdsea des Landes a déploré l’absence de concertation sur les questions de l’eau et du foncier et a rappelé que « l’application aveugle est bien souvent la règle ». Les candidats sont unanimes : la profession agricole doit être consultée, le foncier protégé et l’accès à l’eau est essentiel. Un bémol toutefois pour Bernard Péré (EELV) : « L’irrigation ne peut être qu’un complément. Il faut envisager de nouvelles façons de travailler pour que le sol soit notre meilleur outil de stockage ». Jacques Colombier est quant à lui favorable à une « politique volontariste » en la matière avec un maillage de petites retenues. Il est rejoint sur ce point par Virginie Calmels qui dénonce la « culture du soupçon » pesant sur l’agriculture, pourtant « première garante de l’environnement ». Sur les normes environnementales, le candidat socialiste souligne toutefois qu’elles ne proviennent pas toutes de l’Etat mais sont aussi soutenues par des lobbies.
Emploi et installation aussi sur la sellette
Troisième point développé : l’emploi et la formation. Sylvie Macheteau, vice-présidente de la Fnsea 79, a rappelé le besoin de faire connaître les métiers agricoles et la nécessité d’une meilleure « acceptation sociale ». Si l’ensemble des candidats trouve ce volet important, leurs raisons sont différentes. Bernard Péré voit dans l’enseignement agricole « une nécessité pour relever les défis du développement de l’agroécologie ». Alain Rousset a rappelé pour sa part combien la Région a investi dans ces lycées et leurs exploitations. «Il faut une harmonisation des charges au niveau européen, » a ajouté le candidat socialiste sur l'emploi. Virginie Calmels a souligné pour sa part l’enjeu du renouvellement des générations et la création d’emplois induits. « L’enseignement agricole est de qualité, il faut le promouvoir davantage, » a terminé l’élue bordelaise. Dernier à intervenir, Jonathan Lalondelle, administrateur à JA National, a interpellé les candidats sur l’installation et la fracture numérique. Tous les candidats font de l'installation et de l’accès au haut débit des priorités. Au-delà du numérique, Virginie Calmels souhaite des investissements importants pour accélérer le désenclavement. Sur l’aspect installation, elle évoque la transmission par des baux ruraux à long terme. Jacques Colombier parle quant à lui un « maquis » de structures quand Alain Rousset souligne leur intégration au sein du Comité régional installation transmission. Le représentant de la candidate écologiste veut lui, un plan ambitieux qui va plus loin dans le portage du foncier.
Le mot de la fin des candidats
Virginie Calmels : « L’agriculture de cette région est un pilier de notre économie, un marqueur de notre identité »
Alain Rousset : « Je n’ai pas besoin de faire une déclaration d’amour au monde agricole, j'en suis issu. Demain, il va nous falloir être innovant et pragmatique »
Jacques Colombier : « Défendre l’agriculture c’est défendre nos territoires mais la Région ne pourra pas résoudre tous les problèmes.
Bernard Péré : « Installation et environnement sont les problématiques les plus importantes. Nos pratiques doivent évoluer. »