Prix du lait
Le médiateur demande une hausse de 2,5 centimes par litre dès avril
Suite aux demandes des éleveurs depuis plusieurs mois, le médiateur a tranché : une hausse du prix du lait a été proposée. Producteurs, transformateurs et distributeurs doivent maintenant adhérer au dispositif.
Les éleveurs qui réclamaient une revalorisation du prix du lait de 2 à 3 centimes ont été entendus. Le médiateur des relations commerciales agricoles a estimé le 26 avril qu'il était « souhaitable d'augmenter d'au moins 25 euros les mille litres le prix du lait payé aux producteurs pour la totalité du lait livré en 2013 » et ce, dès le mois d'avril. Il demande donc aux distributeurs et industriels une hausse de 2,5 centimes/litre du prix versé aux producteurs pour rattraper la hausse de leurs charges. « Le prix d'achat du lait de vache aux producteurs est depuis le début de l'année 2013 inférieur au prix du lait constaté sur le marché et ne (leur) permet plus de couvrir leurs charges », indique le médiateur.
Cet accord prévoit également un volet « spécial distribution »: celle-ci devra s'acquitter d'une « hausse technique » de 3 centimes/litre pour le lait de consommation et de 2 centimes pour le lait incorporé dans les produits laitiers. Elle sera versée aux industriels à partir du 1er juin et figurera en pied de facture. Surtout, elle sera « indépendante des négociations commerciales entre chaque enseigne et ses fournisseurs », précise-t-il en ajoutant qu'elle a été « acceptée par la grande distribution ». Le médiateur indique d'ailleurs avoir conduit sa mission « autour des deux principes d'une revalorisation rapide du prix payé au producteur et d'un partage équitable de l'effort financier correspondant entre les transformateurs et la distribution ».
Le médiateur a invité l'ensemble des acteurs de la filière à « confirmer leur adhésion » au dispositif afin que la revalorisation du prix du lait payé aux producteurs soit effective dans les premiers jours de mai. Mais les réactions ne sont pas unanimes, alors que la Fnpl estime « qu'il n'est plus possible de tergiverser ». La Fncl juge les propositions techniques « insuffisantes pour assurer la reconstitution des marges des transformateurs ». Les prix du lait s'enflamment sur le marché mondial, en raison d'une moindre production de la Nouvelle-Zélande donc d'une moindre disponibilité, et la Fncl souhaite une remise à plat complète des relations commerciales avec la distribution. Sur certains produits laitiers, affirme-t-elle, les transformateurs « travaillent à perte » depuis un an.
Carrefour a aussitôt fait savoir que « compte tenu de la situation actuelle des éleveurs laitiers », l'enseigne avait décidé de « s'engager sans délai dans le dispositif proposé ». Le numéro un français de la distribution a appelé également à créer « aussi vite que possible une interprofession réunissant éleveurs laitiers, industriels et distributeurs ». Michel-Edouard Leclerc a indiqué que les centres E.Leclerc « acceptaient le principe du plan proposé par le gouvernement ».
Christophe Limoges : « Enfin ! »
« Enfin une reconnaissance de la nécessité de faire évoluer le prix du lait », s'est exclamé Christophe Limoges. Mais le président de la section laitière de la Fnsea 79 reste prudent : « Il faut une application sonnante et trébuchante de cette annonce dès les livraisons d'avril », prévient-il. Pour les entreprises de la région, cela doit se traduire, selon lui, par un prix du lait compris entre 310 EUR et 320 EUR selon les entreprises. « Nous sommes allés chercher cette valeur ajoutée. Il faut que les entreprises s'engagent. »
S'adressant au gouvernement, il lui demande « de faire fonctionner le marché en corrélation avec la volatilité des prix et des cours des matières premières ». Et de citer le cas de l'Allemagne : « Le prix du lait là-bas a augmenté en janvier. Il augmentera en avril et à l'automne. Il n'y a pas de raison que les éleveurs français ne soient pas logés à la même enseigne ». Sur l'année 2013, le prix moyen doit, toujours selon Christophe Limoges, s'établir entre 340 EUR et 345 EUR.