Le méthane, un débouché prometteur
Un point info sur les avancées techniques de la méthanisation a eu lieu lors de la journée Maïs Tournesol organisée par la GCDA de Marennes Saujon.
La méthanisation, avenir de l’agriculture ? C’est en tout cas, à en croire Thomas Lebargy, un débouché intéressant pour les éleveurs et céréaliers. Lors de la journée maïs/tournesol organisée le 7 septembre à la plateforme d’essais de Berthegille (Sablonceaux), le conseiller énergie de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime a présenté les principes régissant ce secteur en pleine expansion à des exploitants en quête d’informations. «En 2030, les agriculteurs produiront 30 % de l’énergie renouvelable en France1», a indiqué Thomas Lebargy avant d’insister sur l’atout financier que ces investissements pouvaient représenter. Car selon lui, «ce qui fait la rentabilité d’un projet de méthanisation, c’est la vente d’énergie». Ces dernières années, la situation a bien évolué pour les installations de méthanisation, de plus en plus rentables, notamment depuis qu’elles ne produisent plus seulement de l’électricité. Aujourd’hui, la production de gaz, composé à 99 % de méthane pur, et injecté directement dans le réseau du gaz de ville, apparaît comme étant la solution la plus intéressante pour les agriculteurs, à condition qu’ils puissent se raccorder à un réseau proche. Le prix est garanti par GRDF, très intéressé par ces nouvelles pratiques, pour une durée de 15 ans, et les bénéfices dégagés par l’installation malgré ses charges lourdes permettent souvent de la rentabiliser avant.
Revenus et matières fertilisantes
Ce n’est pourtant pas la question du prix qui a intéressé Gaël Goulevant, céréalier installé au Chay. Depuis quatre ans, lui et quatre autres exploitants, partagés entre céréaliers et éleveurs, portent un projet de méthaniseur dans le secteur de Saujon-Royan. À l’origine, c’est surtout la production de matières fertilisantes qui l’a incité à se lancer. «En tant que céréalier, c’est toujours intéressant d’avoir de la matière organique, a-t-il déclaré devant les agriculteurs à qui il relatait son expérience. Sur un territoire où il y a peu d’élevage, ce n’est pas toujours facile... Mais la méthanisation le permet.» Les dossiers sont en cours d’achèvement ; reste à trouver des financements avant de lancer les travaux, qui devraient débuter à l’automne 2019 pour une mise en service un an plus tard. Selon une étude commandée par les agriculteurs structurés en SA simplifiée, le retour sur investissement devrait se faire en huit ans. «Dans les énergies renouvelables, c’est l’activité qui a le retour sur investissement le plus rapide», a-t-il rappelé. À condition de ne pas compter ses efforts. Car le chemin est rude pour parvenir à ce lancement de travaux : analyses sur la faisabilité, sécurisation des intrants (les fournisseurs de matières organiques), quête des financements... La motivation doit être au beau fixe, avant comme après la mise en service des installations. «C’est au moins aussi important qu’un élevage en termes de présence et de suivi», a déclaré Gaël Goulevant. Son groupe a pu bénéficier d’un certain soutien de la part des partenaires locaux, notamment du secteur de Royan où le zoo de la Palmyre et l’hippodrome se montreraient intéressés pour leur livrer du fumier. Mais l’accueil n’a pas été positif partout, comme il l’a lui-même indiqué. «On a proposé à cinq communes des sites d’implantation, mais tout le monde n’a pas répondu favorablement...»Les riverains, principaux obstacles
Cette problématique de l’installation est revenue plusieurs fois lors de la présentation des méthaniseurs. En listant les éventuels obstacles que pouvaient rencontrer les exploitants avec de tels projets, Thomas Lebargy a insisté sur cette acceptation locale parfois difficile à obtenir. Sur l’écran derrière lui, une vérité implacable : la majorité des projets en Charente-Maritime sont ralentis voir bloqués par des riverains, soucieux des dangers d’explosion et surtout du fumet dégagé, «alors que l’odeur est beaucoup moins forte qu’avec le fumier !» Afin de limiter la contestation, mais aussi le trafic pour l’acheminement des matières organiques, il valorise des projets de petite à moyenne échelle, rassemblant un petit groupe d’agriculteurs sur l’échelle d’une commune. Des projets qui, en rassemblant éleveurs et céréaliers dans un cercle de valorisation économique des déchets, limitent le volume de ceux-ci et sont, pour l’environnement, «la clé de voûte de la transformation agricole».1 : selon les projections de l’État.