Ruralité
Le Quart d'Écu, l’aventure humaine d’une grande famille
Du 25 au 28 août, « Le Quart d’Écu raconte Puy du Lac » propose un spectacle son et lumière. Si depuis 15 ans, le succès est grandissant, ce n’est pas un hasard : le collectif, l’humain, la générosité y contribuent.
Du 25 au 28 août, « Le Quart d’Écu raconte Puy du Lac » propose un spectacle son et lumière. Si depuis 15 ans, le succès est grandissant, ce n’est pas un hasard : le collectif, l’humain, la générosité y contribuent.
Rencontrer Alain Noël, le président de l’association organisatrice du spectacle pour évoquer ces quelques jours de festivités, c’est s’offrir un moment où le temps est suspendu. Le spectacle « le Quart d’Écu », il l’a dans le sang et en parle avec une passion débordante. Et pour cause ! C’est lui qui en est l’instigateur : « c’est l’histoire de mes grands-parents, Emma et Antoni ». Pendant
2 h 30, 25 tableaux sont présentés : à chaque saison son lot de moissons, de vendanges, de veillées, mais aussi le mariage, la guerre. Lui, l’amoureux de ce lieu, « Le Quart d’Écu » s’était promis, dès l’âge de 8 ans, de revenir un jour sur ses terres où il venait en vacances. Un lieu chargé de souvenirs, de sentiments. Il a dû suivre ses parents, à la capitale. Devenu médecin, il a exercé pendant une quinzaine d’année en région parisienne. Mais en 1990, l’appel de la campagne a été plus fort que tout. Retour à Puy-du-Lac où il reprend l’exploitation, achète des chevaux camarguais (sa passion), fait une pause dans son métier, ouvre un centre équestre. Un an après, à Bords, Alain Noël reprend un cabinet médical. « Pendant dix ans, le 1er mai, j’ai organisé une fête du cheval. » Le déclic du spectacle, il l’a eu après avoir été au Puy du Fou. Son idée en tête ne le quitte plus. Le foyer rural est partant. Il faut trouver des bénévoles, mobiliser le plus de monde. Et c’est dans son cabinet médical qu’il va recruter. Il propose à ses patients de participer au spectacle. Banco ! Beaucoup acquiescent et le bouche-à-oreille fait le reste. Le projet peut prendre forme.
Émotion et humour
Au fil des ans, la mise en scène a été revue, modernisée. « Patrick Henniquau, un homme de théâtre, s’en occupe dorénavant. » L’émotion, l’humour sont au rendez-vous. L’atelier costumes se trouve à Bords et est animé par des bénévoles. « Au total, ils sont 230, de 6 à 96 ans. Des familles de plusieurs générations participent à cette aventure. Nous avons beaucoup d’agriculteurs dans le spectacle. Ils sont disponibles car les moissons sont terminées », raconte passionnément Alain Noël qui joue son propre rôle. Chaque figurant a plusieurs rôles. Comme Alain Tardy, retraité du monde agricole. « J’ai un rôle d’ouvrier paysan, mais aussi d’un boucher, d’un officier de la Gestapo. » Il œuvre aussi en amont, à la logistique du spectacle estampillé par le Département « Site en Scène » et dont le budget de fonctionnement est de 130 000 €.
Plusieurs mois avant le jour J vient le temps des répétitions. « Nous n’en faisons pas en juillet, ce sont les vacances », indique Alain Noël. Au début du mois d’août, les tribunes ont été montées, le parking aménagé pour les voitures, les cars, les camping-cars, les réglages de dernières minutes ont été résolus afin d’offrir un spectacle inoubliable et le feu d’artifice clôturera la journée. La sécurité pour tous est de mise. Alain Noël explique que les spectateurs deviennent complices des acteurs, des figurants. Certains reviennent deux jours de suite ou l’année d’après. Le bouche-à-oreille joue pleinement, aidé par les médias locaux et les réseaux sociaux.
En parallèle de ce spectacle, un village avec 25 exposants est installé juste à côté. « C’est une mise en bouche », avoue avec un petit sourire Alain Noël. « Ici, pas question de trouver des barbes à papa ou des bijoux fantaisies. Nous sommes en cohérence avec notre spectacle. On trouve des métiers d’autrefois, des artisans, des ateliers, comme les battages à l’ancienne ou encore la fabrication d’huile de noix. » Un repas charentais est également proposé, sur réservation. Le succès est aussi au rendez-vous avec 400 repas préparés chaque jour. « Le pain est cuit sur place. J’ai un ancien four à pain sur la ferme, que l’on rallume pour cette occasion. Trois boulangers à la retraite participent à cette aventure. »
Le spectacle a pris de l’ampleur et le stockage du matériel devenait problématique. « Il fallait aller le chercher à Tonnay-Boutonne. Le président a fait construire, sur ses fonds propres, un bâtiment afin qu’il soit entreposé au plus près », confie Alain Tardy.
Une amitié qui perdure
Après un mois de rangement, « nous sommes fatigués mais heureux », souligne Alain Tardy. Mais l’aventure humaine ne s’arrête pas là. Avec cette envie de partager, d’échanger, de remercier tous les bénévoles, « un repas des retrouvailles » est organisé le 10 novembre. Alain Noël a su créer du lien social bien avant l’heure ! « On fait vivre plus qu’un village. L’une de mes satisfactions, c’est que ces gens qui ne se connaissaient pas auparavant, tissent des liens, s’invitent à des mariages, partent en vacances ensemble », s’émerveille le président qui reconnaît que sans « cette superbe équipe, le spectacle ne serait pas ce qu’il est. »