Cuniculture
Le recours à l’administration : l’ultime chance des cuniculteurs face à la crise
Les producteurs de lapins des FDSEA du Grand Ouest (Pays de la Loire, Bretagne et Poitou-Charentes), avec les groupements de producteurs, ont échangé avec les responsables d’abattoirs de la région afin de trouver une solution à la crise qui ébranle la filière.
«Messieurs les abatteurs, les producteurs de lapins sont ceux qui ont le plus faible revenu au sein du milieu agricole. Ils subissent la crise depuis trois ans et attendent de vous une réponse sur le prix payé au producteur. » Le ton est donné ce mercredi 17 mars lors de la rencontre entre producteurs de lapins, groupements de producteurs et responsables d’abattoirs. Joël Limouzin et Philippe Moinard, respectivement présidents des FRSEA Pays de la Loire et Poitou-Charentes, alertent l’assistance. Suivis de l’intervention d’ Yvonnick Rivière, président de la section cunicole régionale : « Les producteurs ont fait des efforts énormes sur la technique, la qualité, l’adaptation au marché, la rénovation des bâtiments. Mais chaque fois qu’ils améliorent quelque chose, le prix baisse, anéantissant le gain de productivité ! Ce n’est plus tenable pour nous ». Les uns après les autres, les producteurs des trois régions donnent leurs chiffres montrant qu’ils ne peuvent plus continuer dans ces conditions-là. Les jeunes agriculteurs prouvent, quant à eux, chiffres à l’appui, qu’ils ne pourront continuer si le prix ne monte pas de façon significative.
Quant aux quatre abatteurs présents, qui représentent plus de 70% de la production nationale, ils font front et ne manient pas la langue de bois : « C’est vrai, vous n’êtes pas rémunérés comme il le faudrait, explique Bertrand Bonnier, PDG de Bretagne lapins et responsable de la Fédération des abattoirs. Mais nous avons un problème dans la filière : la consommation de viande de lapins baisse plus vite que les baisses de production ! En deux ans, la consommation a baissé de 13% ! Nous avons encore 5% de production en trop par rapport à nos débouchés, en particulier en été. Vous êtes dans le rouge, nous le savons, mais nos entreprises aussi ». Les abatteurs ont bien proposé une revalorisation de 1,82% du prix payé aux producteurs mais cela a été jugé très insuffisant par ces derniers.
L’intervention des pouvoirs publics est nécessaire
Comment sortir de cette crise et de ce dialogue de sourds ? Joël Limouzin et Philippe Moinard proposent un plan de sortie de crise : « Nous sommes prêts à dire banco aux abatteurs à propos de la gestion de production ; vous nous apportez des chiffres précis sur les surplus de production par rapport à la consommation des semaines à venir. Nous nous retournerons alors vers l’administration pour demander un plan de dégagement du marché ambitieux, correspondant à ce surplus. Mais la condition non négociable, c’est que les abatteurs proposent dans le même temps une augmentation significative du prix payé au producteur ».
Rendez-vous a alors été pris pour le 6 avril prochain. En attendant, les abatteurs fourniront les chiffres demandés. Les producteurs quant à eux sont proches de l’explosion non maîtrisée. S’ils ont accepté d’attendre cette réunion de la dernière chance, ils ont également été très clairs avec les abatteurs : « Faute de prix à la hausse, nous engagerons des actions syndicales ».
(*) Respectivement président de la section cunicole de la FRSEA des Pays de la Loire, président de la FDSEA des Côtes d’Armor, président de la FRSEA du Poitou-Charentes, président de la FRSEA des Pays de la Loire et JA Vendée.