« Le travail de la terre n’est pas socialement valorisant au Togo »
L’urgence à valoriser socialement et économiquement la production agricole s’accroît avec l’arrivée sur les terres africaines d’investisseurs chinois.
«L’idée que le continent africain ne disposerait pas des richesses nécessaires pour nourrir ses populations est fausse. Les sols sont riches. L’eau y est dans certaines régions aussi importante qu’en Europe. C’est l’organisation, la structuration de lieux collectifs de réflexions et de mobilisation de moyens qui manquent. » Ce constat, rappelé ici par Michel Guionnet, président d’Afdi 79, est le socle sur lequel depuis de nombreuses années déjà, paysans du Sud et paysans du Nord développent des partenariats. L’UARP, Union des agriculteurs de la région des plateaux au Togo, est un outil coopératif. La mutualisation de moyens permet la mise en œuvre de conseils techniques mais également de gestion.
« Le développement des organisations paysannes et leur reconnaissance par les politiques pourraient donner naissance à un vent d’espoir pour la jeunesse. Aujourd’hui, le travail de la terre n’est pas socialement valorisant au Togo. Equipés de smartphone, les jeunes regardent l’Occident avec envie et tournent le dos aux richesses qui in situ pourraient pourtant leur offrir un avenir. »
Mercredi 20 mai, les membres d’Afdi 79, réunis en assemblée générale à la chambre d’agriculture de Parthenay, faisaient le point sur les avancées suscitées par le partenariat développé avec les agriculteurs du Togo. La création de collectifs a donné à ceux qui voulaient bien travailler la terre un peu plus de moyens. La technique, le partage du matériel, le microcrédit sont autant de concepts qui progressivement amènent les travailleurs de la terre à une professionnalisation. Les besoins de la famille assurés, ils vendent les excédents. Alors l’agriculture devient source de revenus.
« Les Togolais, les jeunes Togolais ignorent que leur terre est source de richesses alors que les investisseurs chinois la convoitent. Le risque est de voir les populations se faire déposséder de cette ressource », commente Michel Guionnet. Une crainte qui rend plus cruciale encore la question de la reconnaissance sociale du métier d’agriculteur en terre africaine.