L’Earl Noël Vert produit des sapins de Noël
A l’approche des fêtes de fin d’année, sur l’exploitation de Samuel Drault, producteur de sapins, le marathon a déjà commencé : de la coupe des arbres à leur expédition, il ne faut pas perdre de temps pour garder un sapin frais et de qualité à présenter aux clients.
Dans quelques semaines, dans un coin de notre salon trônera fièrement le sapin de Noël, tout illuminé, paré de boules multicolores et habillé de guirlandes scintillantes. Cet arbre, emblématique des fêtes de fin d’année, aura peut-être grandi sur l’exploitation de Samuel Drault, producteur de sapins à Frozes. Non, nous ne sommes pas dans le Morvan, première région productrice de sapins en France (le quart de la production nationale), mais bien dans la Vienne, où il est le seul producteur spécialisé. À l’échelle de la région, le nombre de ses collègues se compte sur les doigts d’une main.
Pour l’heure, c’est l’effervescence à l’Earl Noël Vert. Depuis la mi-novembre et jusqu’à la mi-décembre, six saisonniers s’activent pour préparer les sapins et leur expédition. Depuis quelques jours la coupe d’arbre s’est accélérée. Une fois coupé, le pied du sapin est passé dans un gros « taille-crayon » mécanisé. Le but est de lui donner une forme régulière pour qu’il soit installé facilement dans la bûchette qui lui servira de support une fois arrivé dans les foyers. Vient ensuite l’étape de l’emballage, toujours sur place, au milieu des sapins : les arbres, en passant dans des goulottes (de dimensions différentes selon la taille des arbres), sont recouverts d'un filet. Chargés dans une remorque, ils n'ont plus qu'à être acheminés dans les bâtiments où ils seront triés par qualité et par taille, puis mis en palettes pour les livraisons. D'ici Noël, autour de 10 000 sapins sortiront de l’Earl.
« Quand les sapins arrivent ici pour l'implantation, ils ont déjà 4 ans », explique Samuel Drault, dont le fournisseur de plants, les pépinières Jacobin, se trouve dans la Creuse. « Tout au long de sa vie, le sapin est taillé. Ça commence dès la 2e année, pour le former progressivement. On veille aussi à l'émondage des branches de la première couronne, celles les plus proches du sol. Ça évite que des maladies, qui proviendraient du sol, se propagent. »
Selon la variété et la taille souhaitée, la récolte se fait entre la 6e et la 10e année, pour le Nordmann, et entre la 4e et la 8e année pour l'épicéa, les deux principales variétés présentes sur l'exploitation, à côté du Grandis et du Pungens. Des années de culture, d'entretien, qui se jouent au final en quelques semaines. Pas question de se louper. L'agriculteur n'est pas franchement ravi quand « les lièvres coupent la tête des jeunes sapins en se faisant les dents », ou lorsque « des oiseaux se posent sur les têtes des sapins au risque de les casser ». Et comme toute production végétale qui se respecte, le sapin a son lot de ravageurs, pucerons et autre gale, qu'il faut surveiller.
Vingt hectares
L'implantation des premiers sapins sur l'exploitation s'est faite au milieu des années 90. Le père de Samuel Drault a remplacé la culture de la vigne par cette production. L'Earl totalise aujourd’hui 20 ha de sapin, représentant à peu près la moitié de son chiffre d'affaires, les grandes cultures assurant l'autre moitié. Ses débouchés principaux sont les supermarchés et les hypermarchés, les jardineries, les collectivités et un peu la vente directe (*). « On a un site Internet avec une boutique en ligne (www.noel-vert.com). On livre en 24 h, partout en France. On a capté une clientèle majoritairement parisienne avec cette vente en ligne. Nous avons des clients partout en France, à Bordeaux, à Marseille », et le comble, également en Haute-Savoie, où les sapins pourtant ne manquent pas. « Nous proposons des sapins de toutes les tailles. Nous avons longtemps livré à la ville de Poitiers son sapin de Noël extérieur. Cette année, Neuville-de-Poitou nous a commandé deux sapins de 12 m. »
Concernant les particuliers, le Nordmann représente actuellement 80 % du marché, signale Samuel Drault. Le consommateur le préfère désormais à l'épicéa, qui a le tort de perdre ses aiguilles. Mais,
« le Nordmann est plus fragile que l’épicéa, il demande plus de soins. C’est plus compliqué. » Ce qui fait dire à Samuel Drault que sa « production de sapins est aujourd’hui rentable, mais elle demande énormément de travail ». « C'est une activité très manuelle, il faut aimer ça. »
(*) Depuis le 26 novembre, les particuliers peuvent se rendre au siège de l’exploitation pour acheter leur sapin. Selon la taille et la variété, le prix du sapin oscille entre environ 20 et 40 €.