Portrait
L’éleveur devenu producteur de légumes à grande échelle
Avec sa conjointe et ses deux fils, Jean-Maurice Foucher, éleveur de chèvres, est devenu chef d’une entreprise de 21 ETP qui produit céréales, oléagineux mais aussi légumes de plein champ conditionnés en 4è et 5è gamme par sa coopérative.
Le semi-remorque chargé d’emballages de légumes manœuvre entre les bureaux et les locaux du personnel, d’une part, les serres d’autre part. De sa fenêtre, Jean-Maurice Foucher a accès à ces va-et-vient. Sans ces aménagements réalisés en 2004, à quelques centaines de mètres du siège initial, l’entreprise n’aurait pas pu prendre son envol.Jean-Maurice est un des quatre associés de deux entreprises familiales, à Saint-Martin-de-Sanzay. D’une part la Scea Foucher avec ses 154 hectares de céréales et oléagineux. D’autre part la Scea Bioleg. Deux sociétés « parce qu’une seule ne peut pas produire des légumes bio et des non bio ». Développé sur 7 hectares, le bio qui représente 8 % à 10 % de l’activité de l’exploitation consolidée « ne se développe pas beaucoup ». « Il y a un problème de coût de main-d’œuvre », estime Jean-Maurice. Ce n’est pas facile. Et puis la crise a freiné le développement que nous espérions ».
Il faut produire parfait, même en bio
Les légumes, en conventionnel, sont produits à une tout autre échelle : 27 hectares de poireaux, 20 hectares de carottes, 30 hectares de salades, 5 hectares de céleri-rave, 3 hectares de betteraves rouges… le tout livré à la Coopérative des producteurs légumiers, à Doué-la-Fontaine. Du plein champ donc, mais aussi des serres avec leurs 6 millions de plants de poireaux qui en cette fin mai, vont être mis en terre prochainement.« Quand on a une entreprise, se développer me semble naturel », confie Jean-Maurice. Les deux exploitations qu’il dirige avec son épouse Régine et ses deux fils Mickaël et Nicolas, qui sont venus le rejoindre, en 2001 et en 2009, n’ont rien de commun avec les 70 hectares qu’il cultivait au moment de son installation avec son père en 1979. À la retraite de celui-ci, il décide d’abandonner les chèvres et se lance pour quelques années, dans la production de tabac. « Je n’ai jamais été un éleveur passionné », dit-il. Puis en 2000, il investit dans les légumes, avec dès la première année un hectare de choux-fleurs : « super, comme jamais après », se souvient-il.
Je voulais essayer autre chose
Le tabac ne marchait pas trop mal. Mais je voulais essayer autre chose ». Aujourd’hui, la famille Foucher approvisionne la moitié des poireaux de la coopérative. « Chez nous le but premier est de faire vivre les producteurs ». Et pour cela un seul mot d’ordre : « la rigueur ».Cette orientation est signée du président de la coopérative qu’il est devenu en 2005. La production des 45 adhérents, dont trois en Deux-Sèvres, est valorisée sous vide, du 4è et du 5è gamme. Le tout est estampillé Rosée des champs. Non sans contraintes : traçabilité, chartes, audits… Jean-Maurice semble avoir pris son parti de toutes ces formalités. Tout en relevant cette contradiction « le client veut toujours moins de traitement, et un produit toujours aussi irréprochable. ».Grâce au poireau récolté jusqu’en hiver, les 8 salariés permanents ont du travail toute l’année. Avec les temporaires, le nombre d’ETP s’élève à 21. D’éleveur qu’il était, lors de son entrée dans la vie active, Jean-Maurice est devenu chef d’entreprise. « Ca s’est fait naturellement ». Pour passer à la vitesse supérieure, il a fallu embaucher. « Je pensais alors me libérer, mais en réalité, on ne se libère pas. Je ne fais plus de manutention. Avec les contraintes environnementales, de traçabilité, il faut être au bureau. Mais être secondé, permet aussi de prendre du recul ».Pour Jean-Maurice, il y a plusieurs façons de prendre du recul. Une fois par an, il s’inscrit à un voyage de découverte et d’étude. « Pour avancer, il faut aller voir ce qui se passe ailleurs », assure-t-il, de retour de Chine avec un de ses fournisseurs. Seul producteur de plants de poireaux en mini mottes dans la région, c’est en discutant avec des maraîchers comme lui, en Bretagne, qu’un de ses fils a trouvé la solution à un problème technique propre à cette culture en pots.Être à la pointe de la technique ne suffit pas. « Il faut contenir les coûts de production par tous les moyens. La mécanisation est notre porte de sortie », assure-t-il. Pour sécuriser l’exploitation, le drainage est en projet. Et « pour être moins dépendant des arrêtés préfectoraux », « moins fragilisé », il envisage de créer des réserves. « L’eau, il faut que ce soit durable, sur nos exploitations ».D’autres projets lui tiennent à cœur, comme l’embauche d’un chauffeur qui sera chargé de faire les traitements « au moment précis quand les conditions sont réunies ». Ceux qui connaissent Jean-Maurice n’ont pas été surpris de le voir adhérer au projet de méthanisation de Thouars et de suivre de très près celui de la coopérative, qui traitera 8 500 tonnes de déchets de légumes par an. Le développement passe aussi par là. Guy du Repaire