Aviculture
L’envolée des marges avicoles stimule les rénovations des bâtiments
En volailles de chair, les marges brutes des élevages avicoles ont à nouveau progressé grâce à une rotation soutenue, de meilleures performances techniques et une stabilité des charges variables.
L’anniversaire des 30 ans de l’enquête avicole aura été marqué par des marges en hausse pour toutes les productions majeures de volailles de chair. Même si la marge de progrès est moins élevée que l’an dernier, la tendance à la consolidation des marges brutes annuelles constatée depuis cinq ans, s’est poursuivie sur la période de juillet 2010 à juin 2011 : +6% de marge brute en poulet standard, + 3% en dinde, +0,4% en poulet export (souches classiques), +17% en poulet lourd ou+5% en canard. Seule la pintaderégresse de 7% (en standard), pénalisée par une flambée des charges et une baisse de la rotation.L’enquête, réalisée par les chambres d’agriculture de 19 départements du Grand Ouest et du nord de la France, recueille les résultats de 570 éleveurs, représentant près d’un million de mètres carrés de poulaillers. « Ce bol d’air pour les producteurs s’explique par une bonne tenue des marchés qui tire la production avec une amélioration de la rotation, notamment en poulet. Parallèlement, les performances techniques et la productivité ont continué à croître », souligne Didier Goubil, président du pôle aviculture des chambres d’agriculture de Bretagne.
Durées de vie plus courtesSi l’on s’intéresse plus spécifiquement à chaque production, la marge poussin aliment (MPA) a atteint 7,72 euros/m2/lot en poulet standard (souches classiques) et la marge brute s’établit à 32,62 euros/m2/an, soit une progression de 32% en cinq ans. « Cela s’explique par une amélioration des performances techniques (surtout l’indice de consommation) et par une meilleure rotation », détaille Elodie Dezat, conseillère avicole.L’augmentation de ce facteur de productivité est encore plus marquante en poulet export où le nombre de lots par an est passé de 7,51 à 8,15 (cas des bâtiments spécialisés). La marge brute s’établit à 38,2 euros/m2/an. En poulet « lourd », les marges brutes restent supérieures dans les productions sexées(36,85 euros/m2/an) que non sexées (33,44 euros). En dinde, la MPA a progressé grâce à de meilleures performances techniques et une baisse de la mortalité (20 euros/m2/lot). La rotation augmente peu. De fait, la marge brute progresse dans une moindre mesure (32,3 euros/m2/an).
Effet rénovationEn poulet comme en dinde, les charges variables sont quasimentstables. Le poste principal du chauffage progresse peu, comparé à l’envolée du prix du gaz. La tonne a atteint 810 euros en moyenne au deuxième trimestre, dépassant largement le pic de fin 2008. « Cette stabilité s’explique probablement par l’impact des rénovations visantà mieux maîtriser les consommations d’énergie (effets du Plan de performance énergétique)», remarque Elodie Dezat. « Pour la première fois, ce sont les postes liés à l’ambiance des bâtiments qui ont été les plus rénovés (chauffage, échangeurs de chaleur, régulation, ventilation et isolation).» Le montant moyen de l’investissement s’élève à 11520 euros par bâtiment.
Des marges de progrèsCette année encore, l’enquête souligne les écarts de résultats entre le premier et le dernier quart des élevages, avec des marges brutes passant du simple au double. La productivité (densité, rotation) est un facteur important pour expliquer ces différences, mais ce n’est pas le seul. En poulet, l’origine desécarts s’explique pour 38% par les performances techniques, preuve qu’il reste des marges de progrès.Le document compare également les performances par organisation de production. Sur les dix entreprises qui atteignent une représentativité suffisante pour être comparées en poulet (standard, export et lourd), l’écart entre les extrêmesatteint 9 euros/m2 de marge brute (moyenne sur six ans), soit 9000 euros pour un bâtiment de 1000 m2. « Il faut bien choisir avec qui l’on travaille. »
Un frémissement des constructionsLe solde disponible (*) en pouletet dinde remonte à 13,2 euros/ m2/an, alors qu’il était descenduà 6 euros en 2005-2006 (crise influenza aviaire). Le poste annuité augmente très légèrement. Cela montre l’effort d’investissement dans les bâtiments : rénovations soutenues et « frémissement » ducôté des constructions neuves.Selon les simulations réalisées par les chambres d’agriculture, s’installer avec un bâtiment d’occasion rénové est bien plus envisageable qu’avec du neuf.Pour un poulailler neuf en poulet-dinde standard, le solde disponible est de 3,8 euros/m2/an en moyenne et de 9,92 euros pour les 50% meilleurs. Dans le cas d’une reprise, le solde atteint 8,13 euros en moyenne et 16,02 euros pour les 50% meilleurs. Des chiffres qui netiennent pas compte des éventuelles aides des entreprises partenaires de l’éleveur.
(*) L’excédent brut d’exploitationmoins les annuités et lesinvestissements autofinancés.