Installation
L’épargne citoyenne, pour que les fermes restent en vie
La ferme de Magnantru, à Périgné, est la première en France à bénéficier d’un nouvel acteur de l’installation : FEVE, une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui aide les porteurs de projet dans leur accès au foncier et au bâti.
La ferme de Magnantru, à Périgné, est la première en France à bénéficier d’un nouvel acteur de l’installation : FEVE, une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui aide les porteurs de projet dans leur accès au foncier et au bâti.
Dans cette histoire, tous les acteurs veulent que ça marche. Avec comme facteurs communs la rapidité et la fluidité des démarches. D’un côté il y a Cathy et Jean-Pierre Charles, inscrits au répertoire départ installation (RDI) depuis 2018, qui cherchent à transmettre leur ferme, « mouton à cinq pattes » de leur propre aveu : production de Parthenaises et d’ovins sur 49 ha, chambres d’hôtes, ex laboratoire de transformation de canards servant désormais pour la viande de veau.
De l’autre côté, la société Fermes en vie (FEVE), jeune entreprise de l’ESS bordelaise créée en septembre 2020 avec l’intention d’accélérer la transition agroécologique et alimentaire en passant par l’agriculture : « Après plusieurs mois sur le terrain, nous avons constitué un vivier de près de 1500 candidats à l’installation agricole, essentiellement non issus du milieu, déroule Astrid Tarteret, fille d’éleveurs et cofondatrice de FEVE. Notre volonté est de faire éclore leur projet en mettant en face des fermes à taille humaine à reprendre et d’autres candidats avec qui mutualiser les moyens ».
Car le crédo de FEVE est l’installation collective (de 2 à 7 personnes), « afin que les ateliers s’équilibrent les uns les autres et se rendent service, mais aussi pour plus de souplesse dans l’organisation de travail. Les porteurs de projet actuels veulent souffler sur des weekends et n’envisagent pas faire le même métier toute leur vie. Il faut trouver les moyens de leur redonner envie d’aller vers l’agriculture ».
FEVE achète les terres et le bâti
Pour mettre en œuvre sa feuille de route, FEVE s’appuie sur l’épargne citoyenne pour acheter les terres et le bâti, avant de les louer aux installés agricoles. Particuliers et partenaires peuvent ainsi placer leurs économies de façon utile pour l’agriculture, et participer à dégager des enveloppes de 500 000€ à 2M€ par projet.
Parmi la trentaine de fermes identifiées par FEVE dans son premier périmètre d’action (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Auvergne), c’est un site des Deux-Sèvres qui fait office de pionnier : la ferme du Magnantru, à Périgné dans le Mellois. Fin 2020, la chambre d’agriculture et FEVE la visitent, alors même qu’un acquéreur est déjà positionné sur le site. Mais en janvier, deux anciens salariés de la ferme, Camille et Raphaël Marquet, téléphonent aux cédants : ils sont mûrs pour s’installer et connaissent déjà le site, qui leur convient bien. « Mais l’investissement est trop costaud », relève Raphaël.
FEVE les contacte alors pour leur proposer d’intégrer leur démarche. « On a cherché à comprendre qui ils étaient, où est ce qu’ils gagnaient de l’argent », se souvient Camille. Après plusieurs rencontres et visio, les couples de cédants et porteurs de projet sont convaincus par la proposition :
« Il y a la souplesse de la location, avec une prise en compte du bâti et une option d’achat à la fin qui n’est pas proposée par Terre de Liens, indique Camille Marquet. On n’est pas coincés avec la banque et FEVE gère la gestion administrative du montage financier. »
Le collectif commence à deux
Deux autres conditions de FEVE sont à noter : la signature d’un bail environnemental, avec une série de mesures en faveur de la biodiversité qui correspond finalement bien avec l’identité de la ferme de Magnantru, qui restera en agriculture biologique ; mais aussi le caractère collectif du projet. Une réflexion est en cours pour trouver un candidat en maraîchage pour rejoindre le couple de futurs installés. « Là-dessus, FEVE est à l’écoute et s’adapte plutôt à la réalité de terrain. En tant que couple, nous sommes un collectif, et ils ne nous imposeront pas n’importe qui. Nous sommes ouverts aussi à des projets avec un boulanger ou un apiculteur dans le futur », évoque Camille.
Mais pour l’heure il faut déjà réussir la transmission à très grande vitesse : Jean-Pierre Charles partira à la retraite le 1er mai, le 31 juillet Camille et Raphaël seront aux commandes du navire, avant de commercialiser leur premier veau à partir du 4 août !
Camille et Raphaël Marquet reprennent tout le bâti (pro et perso) et ne modifieront que très légèrement la production (intégration progressive de Bazadaises et d’oies). Ils ont été accompagnés dans leur montage de projet par la chambre d’agriculture 79 et FEVE.
De nouveaux acteurs de l’installation agricole