Cultures
Les céréales dans l’attente de nouveautés et de marchés plus sûrs
Animée par les ingénieurs d’Arvalis, la journée technique régionale pour les techniciens de la région a abordé des sujets techniques tels que les changements en fertilisation de fond, la mosaïque, la campagne du maïs, les protéagineux mais aussi le marché des céréales et leur coût de production.
La journée technique régionale d’Arvalis a rassemblé 150 techniciens du Poitou-Charentes le 9 novembre à La Crèche et ce, avant la journée destinée aux agriculteurs qui se tiendra le 14 décembre prochain au même endroit.
Si la campagne 2009-2010 en céréales n’a pas vu poindre les maladies, les ingénieurs d’Arvalis s’inquiètent de la montée en puissance à l’échelle nationale de la résistance de souches de septoriose aux fongicides. « Les strobilurines seules ne fonctionnent plus sur 100 % du territoire et l’efficacité sera meilleure en association », a noté Céline Drillaud-Marteau. Laquelle préconise tout d’abord de ne pas cultiver la septoriose en évitant les variétés très sensibles et en ne semant pas trop tôt. Il faut aussi associer et varier les matières actives. Plusieurs produits et mélanges proposés par les sociétés ont été testés avec des confirmations et des spécialités d’un bon rapport qualité-prix.
Michel Moquet a, quant à lui, fait le point sur la culture du pois qui en 2010 a vu ses surfaces progresser comme la féverole mais les rendements peu favorables risquent de couper cet élan pour 2011 dans un contexte de prix de vente bas. « Toutefois, les variétés progressent en tenue de tige et nous recommandons pour la région l’utilisation d’Enduro ou de Lucy ainsi que d’Isard », a-t-il indiqué. Et d’ajouter sur le risque d’aphanomyces : « Dans les parcelles très infestées, il ne faut pas cultiver de pois mais de la féverole ou choisir une autre tête de rotation et dans les parcelles moins infestées on préférera le pois d’hiver ».
Des fumures recalées et des insectes à surveiller
Les changements liés aux nouvelles grilles de calcul de doses des fumures de fond du Comifer en 2009 ont été présentés par Alain Bouthier. « La réactualisation du comportement des cultures vis-à-vis de PK entraîne de nouvelles valeurs souvent plus faibles, surtout en phosphore, liées à de moindres exportations et à la prise en compte des réisdus de cultures. »
La mosaïque des blés était également à l’ordre du jour avec une montée en puissance de ce parasite qui aime bien les années froides. « On commence à en trouver dans notre région sur blé dur en terrains argilo-calcaires et le seul moyen de lutte est l’utilisation de variétés résistantes », a précisé Jean-Louis Moynier.
Concernant le maïs, Arvalis a mis l’accent sur les attaques de taupins ( autour du 20 mai cette année) et les protections très limitées ou en évaluation. « Nous avons également noté une année fortement marquée par les pyrales notamment dans la Vienne et en Charente, ce qui nécessite une vigilance lors de la prochaine campagne », a prévenu Sylvie Renac.
Dans la surveillance des insectes, un point sur la cécidomyie orange des fleurs de blé a été effectué. Si elle était bien présente en 2010, elle a fait peu de dégâts. Arvalis a réalisé des tests de piégeage avec des phéromones qui fonctionnent un peu trop bien et conseille de conserver la cuvette jaune au niveau de la base des épis comme indicateur de vol et de traitement lorsque l’on trouve dix cécidomyies en 24 heures.
Le coût de production, essentiel face aux prix de vente volatiles et aux aides incertaines
Lors de cette journée technique, Jean-Yves Longchamp a présenté un bilan économique de cette campagne. « Concernant le marché, la situation des stocks est différente en Europe par rapport à la situation mondiale, en baisse pour les blés et plus élevée pour les maïs. La qualité des blés allemands est bonne et correcte pour les blés français et le blocage des exportations de Russie maintient les prix élevés pour le blé depuis juillet 2010. Début octobre le maïs a pris le relais et cette situation devrait perdurer. » Mais pour Jean-Yves Longchamp c’est d’abord leur coût de production que les céréaliers doivent bien apprécier avant de se lancer sur le marché. Avec un rendement correct cette année, des prix d’intrants qui ont un peu baissé notamment en engrais (-7 %) après une hausse importante, le coût de production moyen calculé par Arvalis en exploitation céréalière atteint 194 euros/t, comprenant la rémunération du capital et de la main-d'œuvre. « Si aujourd’hui en 2010 on calcule le revenu disponible moyen en exploitations céréalières à 30 000 euros par actif pour vivre, réinvestir et payer les impôts, les prix élevés ont masqué la baisse des aides de 20 %. Les charges doivent être maîtrisées mais les hypothèses d’évolution de la PAC et du marché sont multiples et incertaines », a-t-il indiqué en présentant des simulations en attente de précisions sur les orientations de la PAC.