Les céréaliers s’engagent avec la « Diplômée »
Depuis le 6 décembre, le centre Leclerc de Surgères commercialise une nouvelle baguette, la « Diplômée », conçue en collaboration avec les élèves de l’ENSMIC et des céréaliers qui bénéficient d’un prix garanti pour leur blé.
Les partenariats locaux, à Surgères, ça ne date pas d’hier. Le centre Leclerc travaille depuis plusieurs années avec des éleveurs bovins dans le cadre du partenariat Éleveur & Engagé via la FNSEA 17. Mais ils n’étaient pas les seuls, ce vendredi 6 décembre, à mener une animation dans les rayons du magasin ; quelques mètres plus loin, un petit groupe de céréaliers et d’élèves de l’ENSMIC présentaient leur création commune, une baguette rémunérant au prix juste ses fournisseurs.
Trois exploitations sont impliquées sur ce nouveau projet : celles de James Guionnet (St-Christophe), de Simon et Jean-Baptiste Fouladoux (Ballon) et de François-Xavier Coussot (Virson), tous motivés à l’idée de « valoriser une partie de notre production en circuit court ». Jean-Jacques Gaucher, dont François-Xavier Coussot a repris l’exploitation, a également participé activement au lancement de ce partenariat. « Nous voulions développer le projet, et Leclerc était intéressé », révèle-t-il. Le fonctionnement retenu s’inspire de celui d’Éleveur & Engagé. « On a reproduit les mêmes méthodes que pour la viande, mais pour le stockage et l’approvisionnement c’est un peu plus facile à gérer… » Sur cette campagne, les trois céréaliers ont réservé 50 t de blé tendre conventionnel, cultivé selon les principes de l’agriculture raisonnée (HVE 2), pouvant être utilisé pour cette nouvelle baguette. Le triage a été effectué par la coopérative Terre Atlantique. « On n’est pas anti-tout, on cherche juste à faire une production locale. »
Côté rémunération, la baguette semi-complète est vendue 90 cts, contre 79 cts pour une baguette traditionnelle du même rayon. Entre le magasin et les agriculteurs, un accord de rémunération a été passé. « C’est un contrat de confiance, où on a un prix garanti », indique Jean-Jacques Gaucher. Le montant de 200 €/t retenu ne peut pas baisser, juste augmenter – à un taux évidemment raisonnable.
Quatre variétés de blé retenues
Pour la transformation du blé en farine, les agriculteurs disposent d’un atout : la présence à Surgères de l’ENILIA-ENSMIC et de son moulin-pilote (voir encadré). La prise de contact a été assez simple, puisque Jean-Jacques Gaucher est vice-président du conseil d’administration de l’établissement. Les étudiants de 2ème année de BTS Science et Technique des Aliments option Produits Céréaliers de l’école ont travaillé sur la conception de ce nouveau produit, sans additifs ni conservateurs. Deux d’entre eux, Rémi et Naima, étaient présents ce vendredi matin avec des élèves de 1ère année au rayon boulangerie. Ils invitent les clients à goûter la « Diplômée » - un nom choisi par les étudiants de l’ENSMIC. Ils sont ravis de l’expérience. « Ça nous a permis d’en savoir plus sur le milieu professionnel… et d’utiliser le moulin-pilote », confie Rémi. Ils ont travaillé avec le chef-meunier de l’école, François Brionnet, sur le mélange à concevoir à partir des variétés livrées par les céréaliers, à savoir APACHE, LG ABSALON, FRUCTIDOR et FORCALI. La première variété, pour la couleur, entre à hauteur de 20 % dans la composition de la farine, tandis que la dernière, un blé de force, s’élève à 30 % du total. Les deux autres variétés représentent chacun un quart du mélange final.
Côté ventes, la promotion effectuée par les élèves en ce jour de lancement attire l’attention des clients, qui s’arrêtent pour déguster ce nouveau produit et repartent souvent avec une baguette… Voire davantage, à l’image de Corinne. « Je viens de la goûter, elle est bonne », dit-elle en en mettant plusieurs dans son chariot. « J’en ai pris huit pour la semaine, j’en mettrai au congélateur. » Au total, sur cette seule journée de vendredi, 259 baguettes ont été vendues, soit la totalité du lot préparé. Et ce n’est sans doute qu’un début, à en croire Frédéric Grous, directeur du magasin qui compare cette expérience à celle d’Éleveur et Engagé. « Ce qu’on veut, c’est un partenariat qui dure dans le temps », avance-t-il. En viande, la coopération a débuté au 2ème trimestre 2012, avec à l’époque 1 à 1,5 vache par mois. Sept ans plus tard, ce chiffre a plus que quadruplé, avec 85 vaches pour 2019. Souhaitons aux céréaliers le même succès qu’à leurs confrères éleveurs.