Journée technique
Les conseils d’un pionnier de l’ACS sur les couverts végétaux
Frédéric Thomas, agronome reconnu à l’international, est intervenu le 11 juin lors d’une plateforme organisée par Aquitabio. Il a présenté les bienfaits des couverts végétaux, en insistant sur le temps long dans lequel ils s’inscrivent.
Frédéric Thomas, agronome reconnu à l’international, est intervenu le 11 juin lors d’une plateforme organisée par Aquitabio. Il a présenté les bienfaits des couverts végétaux, en insistant sur le temps long dans lequel ils s’inscrivent.
Deux thermomètres, l’un planté dans un sol nu, l’autre à moins d’un mètre, sous un couvert de pois chiche, phacélie et autres légumineuses. Le verdict tombe au bout de quelques minutes : il fait 20,4°C sous les plantes et 27°C au soleil. Ce test, c’est Frédéric Thomas, agriculteur et agronome reconnu pour son expertise en conservation des sols et, de fait, en couverts végétaux, qui l’a réalisé lors d’une journée technique organisée par Aquitabio, à Availles-sur-Chizé, le 11 juin dernier. Une centaine de participants ont fait le déplacement pour assister aux différents ateliers. Dans une fosse pédologique, Frédéric Thomas a parlé aux agriculteurs de fertilité, minéralisation et climat.
L’eau et les couverts végétaux
La prise de température dans le sol est une preuve de l’importance d’une couverture végétale maximale sur l’année.
« Entre un sol nu et un sol couvert, il peut y avoir jusqu’à 15°C de différence. C’est variable selon les plantes, leur biomasse », explique l’agronome. Cette pratique conserve ainsi l’humidité dans le sol : « S’il pleut sur une poêle à frire, la moitié de l’eau va s’en échapper… Alors qu’un sol couvert va garder l’eau ».
À plus large échelle, l’agriculteur agit directement sur le climat : « L’été, un sol nu est un point chaud. Les courants d’air ascendants font monter les orages, qui peuvent se décharger en orage ou en grêle, selon leur hauteur, explique-t-il. La plaine finit par devenir un point chaud géant, il ne pleut plus ».
La fertilité et les couverts végétaux
Non, les couverts végétaux ne sont pas des « engrais verts », corrige l’agriculteur, pour qui cette expression est surfaite. Frédéric Thomas préfère parler d’amendements organiques. « Quand on joue avec de l’organique, on est sur du temps long. La croissance de l’activité biologique est lente. Une feuille de luzerne en décomposition fournit de l’azote net. Il faudra sept ans pour retrouver cet azote dans la moitié de la parcelle. C’est terrible » !
Alors que l’engrais fertilise la culture dans l’immédiat, les couverts végétaux forment un stockage. « Leur rôle est d’enrichir le système, progressivement ». Leur action est indirecte sur la culture suivante. Les légumineuses ne nourrissent pas les céréales directement en azote, mais elles font progresser la structure du sol et peuvent avoir d’autres bénéfices (effet barrière contre les adventices et les insectes, biomasse…).
L’agronome rappelle que la première source de fertilité d’une plante se trouve dans la graine. « La taille de la graine fait toute la différence, insiste-t-il. Une graine de colza de 2 g ou de 6 g va décoller différemment. Dans le sol, la graine analyse très vite la disponibilité des minéraux qui vont lui servir. Tout est écrit dès l’hiver ».
Cultures et climat
Quoi qu’il fasse, un céréalier aura toujours de meilleures performances avec des céréales de printemps plutôt que celles d’hiver, assure Frédéric Thomas. « Le blé d’hiver n’est pas une culture adaptée à l’écosystème de cette région. Ici, la nature fait naturellement des arbres. Les plantes sont ainsi décalées par rapport au rythme de la minéralisation. Celle-ci arrive toujours en retard, après le besoin ».
Frédéric Thomas, pionnier des techniques culturales simplifiées (TCS)