Les conséquences de la grippe aviaire dans les Deux-Sèvres
Si, pour l’instant, aucun cas de grippe aviaire n’a été recensé dans le département,
ce n’est pas pour autant que les acteurs locaux de la filière avicole ne sont pas touchés.
C’est l’entreprise Orvia, située la commune du Pin, mais aussi Grimaud, basé à Roussay dans le Maine et Loire, qui sont les plus touchés par l’arrêt programmé des mises en place de canards dans les élevages du sud-ouest, région qui produit près de 70 % du foie gras français. Les livraisons de canetons d’un jour sont ainsi stoppées pour plusieurs semaines et il n’y a guère de solutions de replis pour écouler ailleurs des dizaines de milliers de canetons habituellement commercialisés auprès des pré-gaveurs et des gaveurs de cette région.
Chômage technique
Cette situation se traduit par une forte réduction d’activité au sein des couvoirs mais aussi des éleveurs de canes de reproduction qui les approvisionnent en œufs fécondés. Des réformes anticipées de lots sont ainsi programmées afin de réduire les pertes économiques. Des équipes d’insémination vont également se retrouver au chômage technique car il est inutile de continuer à inséminer des canes s’il n’y a plus de débouchés pour les canetons. Il va cependant être nécessaire de poursuivre l’élevage des canes de reproduction afin d’assurer la reprise des mises en place de canetons qui sont prévues à partir de début juin. D’ici là, il faudra nourrir les animaux, assurer le suivi sanitaire des lots et pailler les bâtiments sans attendre de rentrée d’argent.
Toutefois, le côté positif est que certaines entreprises du sud-ouest sont à la recherche de pré-gaveurs dans notre région. Ces éleveurs seraient capables de leur préparer des lots de PAG qu’ils pourraient ensuite transférer chez eux. Ceci permettrait de réduire le temps de reprise de la production, sachant qu’il faut entre treize et quinze semaines pour produire un PAG. Il faut cependant veiller à bien respecter les règles sanitaires car la rotation trop rapide des lots dans les poussinières, sans réel vide sanitaire, est un facteur à risque aggravant.
Débouché arabe
La fermeture des frontières de certains pays à l’importation des volailles françaises, foie gras compris, a des répercussions sur la production. Le groupe Doux estime le manque de production à dix millions de poulets, ce qui va se traduire par une baisse d’activité de près de 30 % pour le site de Chantonnay en Vendée avec l’arrêt de la troisième équipe sur les chaînes de l’abattoir et un passage à trois semaines de vide sanitaire au lieu de dix jours habituellement. L’épée de Damoclès pèse sur cette filière poulet export car en cas de découverte d’un cas de grippe aviaire dans notre région ou en Bretagne, cela entraînerait la fermeture de son principal débouché, l’Arabie saoudite. Pour l’instant, ce pays n’interdit que les importations provenant du sud-ouest, région où la production de poulet export est inexistante.
Une centaine d’éleveurs sont actuellement concernés dans les Deux-Sèvres, sans compter le personnel des couvoirs, des abattoirs et des transporteurs. Le département est pour l’instant épargné par cette épidémie mais la vigilance reste cependant de mise, notamment dans le domaine sanitaire. Il convient de renforcer les mesures préventives (sas sanitaire, pédiluve, tenue spécifique à chaque bâtiment, accès interdit aux personnes étrangères à l’élevage…) pour éviter la propagation de cette maladie.