Irrigation
Les contraintes d’irrigation font déborder le vase
Les irrigants plient sous le poids des contraintes administratives et environnementales. Aussi, pour se faire entendre, ils se sont invités à la réunion de la commission locale de l’eau, mardi dernier, à la préfecture.
La FDSEA, les JA et l’Association des irrigants des Deux-Sèvres (AIDS) se sont invités à la réunion de la commission locale de l’eau (CLE) du SAGE de la Sèvre niortaise-Marais poitevin qui se réunissait, mardi matin à la préfecture.
Face à une crise sans précédent de l’agriculture, les syndicalistes estiment que l’administration et les environnementalistes ne cessent d’en rajouter. Après la diminution des volumes d’irrigation, de nombreuses contraintes environnementales apparaissent. Las de toutes ces contraintes, 130 irrigants charentais, vendéens et deux-sévriens se sont réunis dès 9 h devant les grilles de la préfecture de Niort.
Face aux arguments avancés par Pierre Trouvat, responsable de l’irrigation à la FDSEA, la réunion qui devait se tenir à huis clos a finalement été suspendue par le président de la commission, Serge Morin, afin de recevoir l’ensemble des agriculteurs présents.
Le souhait de chacun était de faire reconnaître, devant la commission, les efforts faits par la profession quant à la gestion volumétrique depuis plusieurs années déjà. « En 1998, les volumes prélevables étaient de 2,6 millions de mètres cubes. En 2009, ils ont été abaissés à un million de mètres cubes et l’arrêt d’irrigation a été mis en place un mois plus tôt, nous n’irons pas au-delà de ces efforts », a martelé Philippe Charles, président de l’AIDS. Antoine Priouzeau , de Vendée, a quant à lui insisté sur la nécessité de mettre en place des outils pour un meilleur fonctionnement : « L’objectif pour 2010 est de diminuer de 50% les volumes de prélèvement, cette baisse est inacceptable sans substitution ». Et de poursuivre : « Cette manifestation est un avertissement ! ». « Les compléments de cette baisse doivent se traduire par la création de réserve mais pas sans l’assurance de leur mise en place souligne », a ajouté le président de la FDSEA de Charente-Maritime, François Avrard.
Les JA du département ont ensuite pris la parole. Thierry Boudeau a précisé qu’il n’y a pas d’opposition entre les enjeux économiques et environnementaux et que les exploitations agricoles sont des structures pérennes, créatrices de valeur ajoutée et d’emploi. « La décroissance des agriculteurs ne répondra pas aux problèmes environnementaux », a-t-il ajouté.
Ainsi et ce jusqu’à midi, les témoignages se sont succédé afin d’affirmer l’opposition de la profession à une quelconque diminution des volumes prélevables pour l’irrigation.
La notion de réduction du taux de nitrates dans l’eau potable a également été dénoncée. Alors que la directive-cadre européenne demande un taux maximal de 50mg/l, le SAGE impose une baisse encore plus contraignante avec un taux de 25mg/l. « Arrêtons de focaliser sur l’agriculture ! », ont dénoncé les syndicalistes.
La profession faiblement représentée au sein du SDAGE
Face aux idées opposées de Sebastien Dugleux, membre de la CLE et conseiller général de Mauzé-sur-le-Migon, expliquant que « 90% des eaux sont dégradées » et jugeant ce « rapport de force inutile », les agriculteurs ont réagi vivement et ont dénoncé la faible représentativité de la profession dans la mise en place du SAGE et du SDAGE (moins de dix agriculteurs pour 160 participants).
Enfin, l’intervention de Pierre Trouvat a clôturé cette rencontre en rappelant que la profession ne s’oppose pas à la mise en place de ce SAGE, « l’objectif est d’acter le SAGE de sorte qu’il soit acceptable et que l’on puisse l’appliquer ».
Ce dernier a donc demandé un ajournement de la CLE afin de travailler rapidement et ensemble sur les points agricoles du dossier, puis une délégation représentant les JA, la FDSEA et l’AIDS a été reçue par la préfète. Laquelle se dit prête a travailler avec la profession.
Dans la région
Quatre cents irrigants et agriculteurs se sont rassemblés, lundi, devant la DDTM, à La Rochelle, pour dire leur ras-le-bol de n’être pas écoutés, de voir leurs volumes rognés d’années en années et de ne pas voir aboutir les projets de réserves de substitution. Dans la Vienne, ce sont 200 irrigants qui ont investi la DDT pour protester contre les nouvelles baisses d’autorisations de prélèvement.