Bovins
Les éleveurs demandent 40 centimes par kilo en plus
Redonner du souffle aux éleveurs de bovins. Voilà ce que la FNB, en plein tour de France des régions, attend des pouvoirs publics. Depuis la mi-août, les réunions dans les grandes zones de production s’enchaînent.
Vendredi, la FNB est venue à la rencontre des éleveurs de la région au Gaec de la Chênaie, à Saint-Laurent- des-Autels, dans le Maine-et-Loire. Le constat est le même aux quatre coins de France : la sécheresse est un nouveau coup dur pour les éleveurs déjà au bord de l’asphyxie. Pour la 5e année, la filière enregistre le revenu le plus faible de l’ensemble des productions agricoles. « On est à un point de rupture économique accentué par la sécheresse qui génère des charges importantes d’alimentation », souligne Pierre Chevalier, président de la FNB. Les collectes de fourrage au printemps ont enregistré des pertes de rendement de 50 à 70 %. Le surcoût alimentaire pour les éleveurs se situe entre 10 000 et 50 000 euros selon les exploitations. Maigre consolation pour les éleveurs : les épisodes de pluie depuis juillet ont permis de ne pas trop entamer les stocks.
Report des annuités d’emprunt
Pris dans un étau, les éleveurs demandent aux pouvoirs publics de reporter les annuités d’emprunt de l’année 2011 en fin de tableau. « La FNB, avec le bureau de la FNSEA, réclame ce report pour donner de la trésorerie aux éleveurs afin qu’ils puissent supporter financièrement l’acquisition de fourrage », explique Pierre Chevalier. Sans quoi, estime le président de la FNB, on s’oriente vers une décapitalisation massive des animaux, « une destruction de l’outil de travail qui mettrait en cause la pérennité de la production ». Un scénario que la FNB rejette, d’autant plus que les marchés devraient connaître une embellie dans les semaines à venir. « Portés par une diminution de la production mondiale, les cours devraient s’orienter vers la hausse », précise Pierre Chevalier. La question de la rémunération reste au cœur des préoccupations des éleveurs. « Aujourd’hui, il manque 40 centimes pour que les frais de production soient couverts », note Guy Hermouet, vice-président de la FNB. Pour casser le système de monopole actuel qui régit les marchés, la FNB défend le principe de la contractualisation. « En contractualisant les jeunes bovins à hauteur de 30 %, on tirera les prix de toute la filière, en sécurisant les revenus », précise Pierre Chevalier. Un point de vue partagé par Christiane Lambert, vice-présidente de la Fnsea : « Les éleveurs ont besoin de lisibilité, la contractualisation est de nature à l’apporter ». Si pour l’heure les discussions avec les opérateurs n’ont pas abouti, la FNB voit dans les frémissements du marché extérieur un levier supplémentaire pour une issue favorable.
Antony Vaillant, membre de la section bovine : « Il y a urgence »
Que pensez-vous de la proposition d’un GIE export ?
La proposition d’un GIE export est une bonne idée. Mais elle reste à concrétiser et il ne faut pas traîner. Je vois que certains dans la filière n’y sont pas favorables, c’est sans doute parce que si un marché se dégage, il y aura moins de marchandises pour le marché intérieur français et les cours augmenteront. Ce qui ne fera sans doute pas l’affaire des transformateurs et des GMS !
Autre piste de travail : la contractualisation. Que faut-il en attendre ?
Il faut absolument une meilleure rémunération des éleveurs. L’embellie actuelle sur les femelles et les JB fait suite aux ventes anticipées du printemps à cause de la sécheresse. S’il faut que ça passe par la contractualisation, pourquoi pas ? Parce que de toute façon on n’y arrive pas. Il y a des situations dramatiques. Même des éleveurs qui ont de bons résultats techniques ne peuvent pas joindre les deux bouts, entre des cours très bas d’un côté et des charges de l’autre. Si l’on veut garder des éleveurs, il faut augmenter les prix à la production !
Recueillis par G. du Repaire