Éducation à l'environnement
Les questions des enfants à un éleveur de vaches
Les élèves de CM1 de l’école du chêne, à Lezay, ont pu échanger avec un éleveur de vaches salers le temps d’un après-midi. La rencontre était organisée dans le cadre d’un projet de découverte des chemins ruraux.
Les élèves de CM1 de l’école du chêne, à Lezay, ont pu échanger avec un éleveur de vaches salers le temps d’un après-midi. La rencontre était organisée dans le cadre d’un projet de découverte des chemins ruraux.
« Est-ce que les vaches vivent jusqu’à 80 ans ? Est-ce qu’elles font du lait ? Est-ce que tu les tues pour faire du bœuf ? Tu manges toutes tes vaches ? C’est pas dur d’être tout le temps dehors ? ».
Ces questions, sans filtre, ce sont les élèves de CM1 de l’école du chêne, à Lezay, qui les ont posées à Jérémy Bellivier, éleveur de vaches salers sur la commune. La rencontre devait avoir lieu à la ferme, où les enfants seraient allés en vélo, mais le confinement a bousculé les plans. Comme les autres séances de ce projet de découverte de la biodiversité, l’échange s’est tenu sur les chemins ruraux, le 24 novembre dernier. Organisée par leur enseignante et l’animateur nature Antoine Blanché, de la Fédération départementale des chasseurs, elle vise à familiariser les enfants avec leur environnement naturel de proximité.
Expliquer l’élevage
Des vaches blondes dans un pré offrent un bon décor à Jérémy Bellivier pour parler de son élevage, même si les siennes sont plutôt rousses. En Gaec avec son frère depuis six ans, Jérémy a repris la ferme familiale, ainsi que celle d’un voisin, pour élever 300 animaux en tout. « Il y a 150 veaux qui naissent chaque année », soit le nombre d’enfants à l’école multiplié par deux, précise la maîtresse pour donner un ordre de grandeur. « Ces vaches sont des salers, ce n’est pas une race du coin, poursuit l’éleveur. Elles ne mangent que de l’herbe soit au pré, soit sous forme de foin, c’est de l’herbe coupée. On fait aussi de l’enrubannage, c’est comme de l’herbe dans une boite de conserve ».
Les élèves, curieux, se demandent s’il y a autant de taureaux que de vaches. « On a un taureau pour vingt-cinq vaches », répond l’agriculteur, ce qui suscite des sourires. La question de la finalité, manger de la viande, revient souvent dans les interrogations des enfants. « La finalité, c’est de les manger, reconnait-il sans détour. On ne les mange pas toutes, il faut des vaches pour faire des petits. Les autres, on les vend pour que vos parents achètent de la viande ». Après un petit tour des noms d’animaux consommés par l’homme et des bruits de la campagne, l’échange se termine, avec la promesse d’un rendez-vous à la ferme au printemps prochain. Les élèves sont même prêts à camper sur place ! Leur travail a été mis en ligne ici : Sur les chemins de la diversité.
Familiariser les enfants avec leur environnement
« J’avais un projet en tête depuis que nous avons vu le documentaire Bovines*, explique l’institutrice. Les enfants riaient quand les vaches meuglaient. Même s’ils vivent à la campagne, ils ne voient souvent les vaches que depuis le siège de la voiture ». La méconnaissance des espaces naturels et des animaux qu’ils abritent est un constat partagé par Antoine Blanché, qui a animé huit séances avec la classe sur des thèmes variés : paysage, faune sauvage locale, indices de présence, oiseaux migrateurs, chaines alimentaires, rôles des haies. Le 24 novembre, la balade est une occasion pour faire un rappel de ce qui a été vu précédemment en observant le grattis d’un lapin de garenne, l’empreinte d’un chevreuil ou le maïs coupé dans un champ. Un silo à proximité du chemin permet de parler de stockage de céréales.
Cette animation pédagogique s’intègre dans un projet plus large mené par la Fédération des chasseurs des Deux-Sèvres, intitulé « Ekosentia : chemins ruraux, cœurs de biodiversité ». Son objectif est de réhabiliter les chemins ruraux dans le cœur des habitants. Longtemps délaissés, ils ont une image négative de bords de route peu esthétiques. Leurs atouts sont pourtant nombreux : habitats des auxiliaires de cultures, du petit gibier, des insectes, lieu de nidification. Ils garantissent l’accès du public à la nature. Les réhabiliter est un enjeu pour une gestion plus appropriée de ces espaces. Des actions concrètes sont menées conjointement avec des agriculteurs : bandes enherbées, jachères, cultures mellifères. Ce sont aussi de très bons supports pédagogiques, la preuve est faite !
* Bovines : documentaire animalier réalisé par Emmanuel Gras sur la "vraie" vie des vaches.