Négociations commerciales
Les JA mettent en scène la comédie amère des prix agricoles
Répondant à un appel national à manifester, les JA et la Fnsea 79 ont organisé une remise des prix décalée à l’intention des GMS. A Bressuire et à Niort, ils ont interpellé des directeurs d’enseignes sur la nécessaire application des Egalim.
Répondant à un appel national à manifester, les JA et la Fnsea 79 ont organisé une remise des prix décalée à l’intention des GMS. A Bressuire et à Niort, ils ont interpellé des directeurs d’enseignes sur la nécessaire application des Egalim.
14 heures, mercredi 20 janvier, c’est l’effervescence à l’entrée principale de la galerie du Géant Casino de Chauray. A cause des soldes ? La présence de tracteurs et d’une plateforme attelée mettent sur une autre piste : les Jeunes agriculteurs des Deux-Sèvres ont imaginé une action culottée pour se faire entendre en cette période de négociations commerciales. Il s’agit ni plus ni moins d’une cérémonie de remise de prix, « les Ega Pipot Awards », par laquelle ils souhaitent souligner l’hypocrisie des grandes enseignes de distribution envers les producteurs.
Noa Renaud est ici avec son frère et son père. Il a 18 ans et prévoit de s’installer prochainement dans l’activité céréalière familiale :
« Nous entendons à longueur de journée des spots à la radio et à la télé évoquant une provenance plus locale des aliments, une meilleure rémunération des agriculteurs. C’est un nouvel argument de vente qui permet de monter les prix, mais la marge ne revient toujours pas vers nous. Vendre à d’autres qu’aux GMS, c’est difficile en céréales, il y a nécessité de transformer ».
Une vingtaine d’autres jeunes, venus de différents cantons, soutiennent les mêmes idées autour de lui. Quelques responsables Fnsea sont également présents pour représenter la profession.
Remonter les demandes agricoles aux acteurs nationaux
Derrière son pupitre siglé « Ega Pipot Awards », le président des JA79 Thomas Gaillard commence un discours mi-solennel, mi-ironique : « Avec la Covid-19, la seule pièce de théâtre qui continue à être jouée est celle des grandes surfaces. Les pubs valorisent le « manger français » mais les négociations commerciales en cours laissent déjà entrevoir des déflations de prix. Des travaux sont certes faits dans le sens du local mais ça ne suit pas en centrales d’achat. Une partie de la distribution ne suit pas. »
« On demande seulement que les outils que le médiateur auprès du ministère de l’agriculture, Serge Papin, a créé dans le cadre de la loi Egalim soient mis en œuvre. Autrement, la situation n’est pas tenable pour les exploitations. Et se profile la retraite de 50% d’agriculteurs d’ici cinq ans… »
A l’issue de son allocution, les JA ont remis un pneu d’or symbolique à Franck Berthet, directeur de l’hypermarché Géant, en lui redemandant de faire remonter ces enjeux évoqués aux instances nationales de l’enseigne.
Les JA ont reproduit leur opération, avec des prix toujours plus créatifs - dans les intitulés et les trophées, une botte de paille ayant été remise à un directeur -, au Leader Price et Leclerc de Mendès-France, ainsi qu’aux Leclerc et Lidl de Bressuire. Avec trois objectifs tenaces en ligne de mire : une construction des prix à partir des coûts de production (en « marche avant »), l’appui des structures nationales (notamment de la fédération du commerce et de la distribution) et l’arrêt des promotions.